Arrêt Corridor Dakar-Bamako ; quand la CEDEAO mène le Sénégal vers l’impasse

L’embargo du Mali par la CEDEAO est une décision impopulaire dénoncée par les peuples africains qui indexent Ouattara Alassane qui est resté au pouvoir grâce à un putsch constitutionnel et le Président Macky Sall, de tirer les ficelles du jeu. L’objectif d’une telle décision était d’étouffer le Mali et pousser les populations à la révolte contre le Conseil national de la Transition (CNT) dirigé par le Colonel Assimi Goïta et le Premier Ministre, Choguel Kokala Maïga. « 24 Heures »

Avec l’application de cette décision extrême, c’est le Sénégal qui est lié par l’histoire et la géographie au Mali, qui va payer le plus lourd tribut. Grâce au corridor Dakar Bamako, le Sénégal gagne au moins 476 milliards par année sans tenir compte de toute l’économie qui se développe dans les villes et communes traversées par le corridor. D’ailleurs, certains économistes soutiennent qu’au moins grâce au corridor, les activités économiques peuvent générer mille milliards

Sur la voie reliant Dakar à Kidira vers la frontière entre le Mali et le Sénégal, une économie dépendant du corridor s’est développée. Les femmes ont érigé des gargotes, des restaurants pour vendre de la nourriture dans les aires de stationnement à Mbao, Sindia, Sandiara, Kaolack et Kidira. En plus de ces femmes, il y a des vendeurs et vendeuses de sachets d’eau, des bananes, bref de fruits qui développent un petit commerce pour subvenir à leurs besoins, sans tenir compte des stations d’essence qui jalonnent le trajet.

En somme, c’est toute une économie qui est née grâce au corridor Dakar-Bamako. Avec l’arrêt systématique de ce trajet, les populations sont entrain de traverser le désert. Pour preuve, dès son installation à la commune de Belel, dans le Kidira, le maire a lancé un appel de détresse au Gouvernement du Sénégal et à la CEDEAO pour l’ouverture de la frontière, car les populations de sa collectivité locale sont directement affectées par la crise liée à l’arrêt du corridor.

Au-delà des activités économiques, la viande a connu une hausse vertigineuse, idem pour le prix des chevaux. En effet, c’est du Mali que les Tefankés importaient des chevaux et les revendaient dans le marché au Sénégal. Ces animaux appelés Wac ou Wathie étaient vendus à des prix moins chers. Aujourd’hui, le coût moyen du cheval est passé de 250 mille à 300 mille francs CFA. Pour ce qui est du cheptel bovin, le prix du kilogramme de viande est passé de 3 500 à 4000 F CFA

Le Futur Port De Ndayane Hypothéqué

Avec l’arrêt du corridor Dakar Bamako, ce n’est pas seulement des pertes de centaines milliards pour notre économie, les investissements pour la construction de grands projets comme le futur port de Ndayane vont également en pâtir

Ce projet, dont la pose de la première pierre a eu lieu le lundi 03 janvier 2022, doit être financé à hauteur de 474 milliards de nos francs. Le projet de Ndayane s’étend sur une superficie de 1200 ha. Il est articulé en trois phases, pour un investissement massif tournant autour de 3000 milliards FCFA. Un minimum de 25.000 emplois sera créé sur cette zone dans un premier temps. Sur les trois phases, il est envisagé la création entre 100 à 250.000 emplois à long terme. Les travaux de la 1ère partie sur le 1er trimestre de 2022 vont s’étendre sur 300 ha. Cette superficie prend en charge la partie Terminal à conteneurs qui est co-contractualisée avec la société DP World Dakar Sa qui a comme maison mère DP Word Sa. Les études sont bouclées, notamment les travaux en zone maritime y compris tout ce qui est études géotechniques pour le tracé des routes et qui est de la responsabilité du Port Autonome de Dakar

Les responsables techniques du projet soulignent que du fait de sa position, situé sur la petite côte à 35 Km par la mer et à 70 km par la route au Sud de Dakar, le futur port multifonction permettra de décongestionner significativement le port autonome de Dakar qui capte actuellement 95% des échanges commerciaux du Sénégal, mais aussi 80% des hydrocarbures et 65% des autres trafics du Mali. Le Sénégal reste le premier fournisseur du Mali devant la Chine et la Côte d’Ivoire qui est de 10%. Perdre un tel partenariat va enfoncer la crise du Sénégal qui est le pays membre de la CEDEAO qui tire plus profit de ses relations avec le Mali. Même si pour permettre au Sénégal de combler ce gap, l’UEMOA a accordé un crédit de 304 milliards avec un taux de remboursement de 34%, la compensation sera dérisoire par rapport au bénéfice généré par ces relations économiques.

La Guinée, Le Futur Bénéficiaire

La Guinée qui elle aussi dirigée par des militaires avec le Colonel Doumbia Mamady en tête, est l’alternative crédible pour pallier la fermeture des frontières entre le Sénégal et le Mali. Entre le Mali et la Guinée, un nouveau corridor est en train de se développer. Avant-hier, plus de 200 camions ont quitté le port de Conakry pour se rendre au Mali. Quand, le développement de cet axe Conakry-Bamako, prendra forme, les investissements pour la construction du port de Ndayane seront mis en jeu car les 20% des exportations nécessiteront plus une construction d’un port de cette envergure. La CEDEAO est accusée d’avoir violé le traité de 1985 de l’ONU qui rappelle qu’on ne peut interdire l’accès à la mer aux pays qui n’ont pas une façade maritime, a rappelé le Premier ministre malien, Choguel Kokala Maïga. Pourtant, la CEDEAO a fait fi de tout cela en violant ces règles pour atteindre ses objectifs. Malheureusement, le Sénégal reste le grand perdant et il souffrira autant que le Mali car les maliens injectent des centaines de milliards dans son économie, plus que ce met l’aide au développement dans les caisses de son Trésor. Si jamais le Sénégal perd le trafic du corridor, le Port de Dakar sera en difficulté comme on le constate déjà. Jadis très gaie, l’ambiance y est aujourd’hui très pâle à cause de la hausse du prix de dédouanement et la crise qui fait que les importations ont connu une baisse mais aussi l’arrêt des exportations des produits vers le Mali.

Le combat par procuration entre la France et le Mali que les chefs d’Etat de la CEDEAO sont accusés de porter au profit de l’ancienne puissance coloniale va empirer la situation économique au niveau de la sousrégion. La réalité est que le Mali du colonel Assimi Goïta est en train de changer de partenaire et se tourne vers la Russie et la Chine avec qui il veut expérimenter un nouveau partenariat gagnant-gagnant au détriment de la France qui est l’ancienne puissance coloniale. Au vu de ce sentiment anti français qui se développe dans la sous-région, le président Emmanuel Macron veut sauver les meubles et continuer à forcer la main au pays d’Afrique subsaharienne qui sont ses anciennes colonies. Le Putsch pour dénigrer le gouvernement du Mali n’est qu’un prétexte surtout que la France a béni le coup d’Etat militaire du Tchad fomenté par Mahamat Idriss Deby et le coup d’Etat constitutionnel en Côte d’Ivoire commis par Alassane Dramane Ouattara et en Guinée par Alpha Condé qui a été déchu.

Momar Diack SECK
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