Etude partagée par FAO : les systèmes alimentaires représentent plus du tiers des émissions de gaz à effet de serre

Les systèmes alimentaires du monde sont à l’origine de plus d’un tiers des émissions globales de gaz à effet de serre imputables aux activités humaines, d’après une étude pionnière récemment publiée dans Nature Food.
Les émissions de gaz à effet de serre ayant leur origine dans une large gamme d’activités, qui va du changement d’affectation des terres et de la production agricole au conditionnement des produits et à la gestion des déchets, ont été estimées à 18 milliards de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone en 2015.
Principales conclusions

Selon le communiqué de la FAO, un tiers environ des émissions des systèmes alimentaires du monde provient du secteur des terres émergées, qui comprend l’agriculture, l’utilisation des terres et les changements d’affectation des terres.

Ce chiffre est plus élevé pour les pays en développement, mais montre toutefois une régression sensible qui correspond au ralentissement de la déforestation et à l’intensification des activités menées en aval de la filière que sont la transformation et la réfrigération des aliments.

D’après le document, le poids des filières alimentaires des pays industrialisés dans les émissions anthropiques de GES demeure largement stable à 24 pour cent, tandis que dans les pays en développement, cette part montre une régression notable (qui s’explique en partie par la très forte augmentation des émissions étrangères à ces filières), atteignant 39 pour cent en 2015, contre 68 pour cent en 1990. Les pays aux plus forts volumes d’émission par ordre décroissant sont les suivants: la Chine, l’Indonésie, les États-Unis d’Amérique, le Brésil, l’Union européenne et l’Inde.
Les stades des filières de production situés en amont de la ferme, notamment l’application des intrants que sont les engrais, sont désormais les premiers postes d’émission, représentant 39 pour cent de leur total. L’utilisation des terres et les facteurs d’émission connexes représentent 38 pour cent des émissions, tandis que 29 pour cent sont imputables à la distribution, une part qui augmente et qui devrait continuer de croître.

Les émissions de méthane (CH4), qui proviennent principalement de l’élevage et de la riziculture, occupent 35 pour cent environ des émissions de GES du système alimentaire, cette proportion étant sensiblement la même dans les pays développés que dans les pays en développement. Les travaux de recherche mettent en évidence le caractère de plus en plus énergivore des systèmes alimentaires du monde, sous l’effet d’une tendance qui s’affirme dans le commerce de détail, le conditionnement des produits, leur transport et leur transformation, dont les émissions augmentent rapidement dans certains pays en développement.

Et selon l’étude, les pays industrialisés, quant à eux, ont augmenté leurs émissions de GES fluorés, qui produisent un effet turbocompresseur sur le réchauffement climatique, ces gaz étant utilisés dans la réfrigération et d’autres applications industrielles. La réfrigération est responsable de près de la moitié de la consommation d’énergie du secteur du commerce de détail et des supermarchés, dont les émissions ont plus que quadruplé en Europe depuis 1990.

Les activités de la «chaîne du froid» représentent 5 pour cent environ des émissions mondiales du système alimentaire, un chiffre appelé à augmenter. La recherche a aussi révélé que le conditionnement des produits compte désormais pour 5,4 pour cent des émissions mondiales du système alimentaire, soit davantage que d’autres éléments de la filière qui sont facteurs d’émissions, dont le transport.
Toutefois, l’intensité des émissions varie considérablement selon les produits: le vin et la bière représentent une part importante des émissions du conditionnement, tandis que les filières de la banane et du sucre de betterave produisent davantage d’émissions par le transport.

En moyenne, les émissions annuelles mondiales par habitant imputables à l’alimentation ont diminué d’environ un tiers, pour s’établir autour de 2 tonnes d’équivalent CO2. Ce chiffre ne doit pas être assimilé à «l’empreinte du consommateur», car celle-ci varie en fonction de régimes alimentaires spécifiques, mais il peut servir à calibrer les efforts nationaux d’atténuation qui visent à réduire les émissions de GES du système alimentaire dans son ensemble.

Momar Diack SECK
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