Le commerçant El hadji Mamadou Sène dit Lèye Sène encourt 5 ans d’emprisonnement pour faux et usage de faux en écritures privées et escroquerie portant sur la somme de 10,5 millions de F CFA sur un terrain sis à Ouakam Montagne, au préjudice d’Abdoulaye Coulibaly. Le tribunal des flagrants délits de Dakar va rendre sa décision mardi prochain.
‘’Chasser le naturel, il revient au galop’’, dit-on à propos de ceux qui ont un penchant mauvais dont ils peinent à se défaire. Pour El hadji Mamadou Sène dit Lèye Sène, c’est encore pire.
L’homme au ‘’long passé pénal’’ vient d’être jugé à nouveau devant le tribunal des flagrants délits pour faux et usage de faux en écritures privées et escroquerie portant sur la somme de 10,5 millions de F CFA au préjudice d’Abdoulaye Coulibaly.
Ce dernier, qui est à deux mois de sa retraite, a mis toutes ses économies entre les mains du sieur Sène pour l’acquisition d’une parcelle à Ouakam Montagne. C’est le courtier Cheikh Ahmed Tidiane Guèye qui a présenté le plaignant à Lèye Sène comme le propriétaire et vendeur du terrain lot n°90 de 150 m2. C’était en juillet 2006.
Lors d’une deuxième visite du site, le sieur Coulibaly avait remarqué que la parcelle qu’on lui a vendue portait le n°109. Le numéro était bien visible sur un des murs bordant le terrain. Alors que, sur les documents qu’on lui a remis, il est mentionné le n°90.
Sans perdre de temps, il joint au téléphone El Hadji Mamadou Sène qui lui a répondu que Cheikh Ahmed Tidiane Guèye a dû confondre la parcelle avec une autre. Le prévenu lui a alors demandé de rester sur place, le temps qu’il le rejoigne sur le site pour l’identification du terrain. Il n’est jamais venu. Le courtier, aussi, n’a jamais plus donné signe de vie. ‘’C’est là que j’ai réalisé que je venais d’être victime d’une arnaque’’, a confié le plaignant.
Entendu à la gendarmerie, l’huissier Mamadou Moustapha Mbengue a indiqué, qu’en août 2016, le prévenu, détenteur d’un permis d’occuper délivré par la collectivité lébou, en compagnie de quatre personnes dont Abdoulaye Coulibaly, est venu au cabinet pour se faire constater l’acte de cession.
‘’Je lui ai fait comprendre que le procureur de la République avait ordonné aux huissiers de justice de ne plus faire instrumenter ces genres d’affaires. Finalement, je leur ai fait un acte de cession sous seing privé devant témoins. Mais je n’arrive plus à rencontrer Mamadou Sène, depuis que Coulibaly a découvert son jeu.’’
Un escroc prépare la sortie de son livre… « Itinéraire d’un escroc »
Mamadou Ndoye a témoigné que le site fait l’objet du titre foncier 6869 dont la collectivité Lebou de Ouakam est propriétaire. Que pour céder une parcelle sur l’ensemble du site à une quelconque personne, un bon devait lui être attribué avec un cachet et signature du président des ‘’freys’’, feu El Hadji Momar Ndoye dit Ndiogou, plus un compte ouvert dans une institution bancaire partenaire, entre autres paperasses. Le témoin note que seules deux parcelles dont celle portant n°90 constituent la réserve pour la communauté. Egalement, Daouda Wane a soutenu que le lot 109 lui a été attribué depuis 2006, grâce à l’autorisation d’occuper délivrée par le conseil des notables des quartiers.
‘’Ce n’est pas la première fois qu’El hadji Mamadou Sène tente de vendre ma parcelle à des particuliers’’, a avancé Wane. D’autres témoins appelés ont déclaré qu’ils ne sont pas au courant d’un quelconque terrain appartenant à Lèye Sène.
Devant le tribunal, Lèye Sène a nié l’évidence. Mieux, il a fait rire plus d’un de par son comportement et ses déclarations faites à la barre. Il a déclaré que ‘’tous ses témoins sont décédés’’. Pourtant à l’enquête, il a renseigné que Coulibaly lui avait demandé de lui laisser le temps nécessaire pour faire les démarches requises afin de vérifier la légalité de son terrain. ‘’Je ne comprends pas pourquoi il me réclame son argent, alors que la parcelle m’appartient. J’ai reçu de feu Momar Ndoye une autorisation d’occuper du lot 90 de 150 mètres carrés, depuis 2006. Ce, après avoir versé à la banque la somme réclamée, le 2 avril de la même année’’, s’est-il défendu.
Sur ces entrefaites, les avocats de la partie civile, Mes Youssou Camara et Aboubacry Barro, ont rappelé à Lèye Sène qu’un crime n’est jamais parfait. Ils ont relevé que la date indiquée par le prévenu tombait sur un dimanche et qu’une institution bancaire ne travaille pas ce jour. De plus, ‘’il simule des crises d’asthme devant le prétoire’’. Pour eux, le faux est manifeste.
Soufflant que le sieur Sène prépare la sortie de son livre intitulé : ‘’Itinéraire d’un escroc’’, Me Barro a poursuivi que la parution ne sera pas pour bientôt. En effet, le prévenu a déjà écopé d’une peine d’un an ferme pour escroquerie au visa. Habitué à user de manœuvres frauduleuses pour soutirer de l’argent à ses victimes, il se faisait parfois passer pour le commissaire Sène ou le gendarme Sène à la présidence de la République, tantôt comme un employé du tribunal. ‘’J’espère que le tribunal va le condamner à une peine très sévère’’, a souhaité l’avocat. En sus, les conseils ont réclamé 25 millions de F CFA en guise de dommages et intérêts, même si, soulignent-ils, ‘’il n’est pas dans les dispositions de rembourser’’.
Convaincu que les documents du prévenu sont des faux, qu’il ne s’est jamais présenté à la banque pour payer une somme en vue de l’obtention d’une quittance, le Parquet a requis 5 ans de prison. A leur tour, Mes Théophile Kayossi et Cie ont plaidé à titre principal la relaxe et à titre subsidiaire la relaxe au bénéfice du doute. Le dernier mot revient au tribunal. Qui va rendre son délibéré le 14 mars prochain.
Source enqueteplus.com