En A G Extraordinaire : Les chirurgiens-dentistes dénoncent de mauvaises conditions de travail et craignent des départs dans leurs rangs

Dr Myriam Thérèse Arlette Dia Ntab pense que le secteur de la chirurgie-buccodentaire est un parent pauvre du système de santé. Elle plaide pour qu’il y ait plus de visibilité de l’ordre national.

Les spécialistes des dents qui avaient initié, une Assemblée générale extraordinaire dont le thème porte sur «l’exercice illégal de la médecine dentiste et l’édification d’une maison dédiée», ont relevé la nécessité d’une meilleure visibilité du secteur.

«Il serait bon d’avoir une ‘Maison du dentiste’ qui pourrait, à l’occasion, regrouper vraiment toutes les sensibilités, tous les secteurs de l’exercice buccodentaire en un même endroit. Et on estime que ça participerait de la visibilité de l’Ordre de l’exercice dentaire au Sénégal, qui est un secteur un peu oublié, c’est un parent pauvre du système de santé», a dit la présidente de l’Ordre national des chirurgiens-dentistes du Sénégal qui a, en outre, appelé les syndicats à redynamiser l’exercice dentaire.

«En fait, nous sommes une jeune profession. Si on veut être comparé, peut-être aux autres secteurs, que ce soit la médecine, la pharmacie, nous sommes un peu le dernier secteur. Aujourd’hui, nous sommes plus de 600. Et donc les syndicats, on va dire, ne sont pas assez dynamiques. Et, on estime que des syndicats dynamiques peuvent un peu faire changer les choses, il faut des syndicats forts», a-t-elle ajouté, non sans déplorer : «Aujourd’hui, on voit que ce manque encore nous porte un peu préjudice, parce qu’on n’appréhende pas les problématiques de l’exercice dentaire et les prestataires de la chirurgie-dentaire».

«Des étrangers exerçant illégalement le métier»

«Nous avons beau demander des audiences, que ça soit le Chef de l’État ou ailleurs. Nous avons pu être reçus par le ministère de la Santé, mais vous avez des lourdeurs administratives. Nous n’avons aucune visibilité, nous n’avons pas de direction. Donc, nous allons nous battre pour cela. Parce que sans cela, on se rend compte que nos problématiques ne sont pas prises en charge».

En ce qui concerne l’exercice illégal de la profession, Mme Ntab, a déploré cette pratique. «Nous avons même des étrangers dans ce pays qui sont installés, qui ont pignon sur rue, qui font de la réclame publicitaire dans les médias. Et nous, nous n’avons pas le droit de le faire. Et pourtant, je pèse bien mes mots, ce n’est pas faute d’avoir signalé ou d’avoir porté plainte, mais ils sont là, ça perdure. Alors, si ce n’est pas des syndicats, qu’est-ce qu’il faut faire pour que ce soit réglé ?»

«Si les chirurgiens dentistes s’en vont, ce serait triste, et ce serait vraiment dommageable pour les populations»

«Les médecins dentistes sont découragés, ils sont frustrés. Et, là, on a un grand boulevard qui est devant nous, parce que d’autres pays nous appellent. Ici, on nous amène au tribunal, on nous enferme pour des professions très élitistes», déplore-t-elle.

Alors qu’elle estime que «pour aller dans cette faculté que ça soit le chirurgien-dentiste, le médecin ou le pharmacien, c’est sur concours avec des critères assez exigeants.

Alors vous avez des études très longues et difficiles, vous sortez, l’État ne peut pas vous rendre ce que vous donnez aux populations et, je dis que ce soit dans le secteur public ou le secteur privé. Si en plus, maintenant, on vous enferme, on ne vous donne pas en fait la reconnaissance que vous devez avoir… je suis désolée, si les gens s’en vont, ce serait triste et vraiment dommageable pour les populations, parce que l’Ordre est là pour l’intérêt des populations. Mais, ce serait un peu compréhensible qu’on prête un peu l’oreille aux prestataires de santé en l’occurrence aux chirurgiens-dentistes. La chirurgie-dentaire va mal dans ce pays».

Face à leur situation précaire, l’Ordre des chirurgiens-den­tistes réclame des concertations avec les autorités étatiques. «Franchement, je crois qu’il serait salutaire qu’on soit reçu au niveau central. Que ça soit par le Président de la République, par une instance pour nous écouter. Et qu’on leur dise sincèrement ce qu’il en est. Comme je l’ai dit. C’est vrai, nous n’avons pas des syndicats forts, mais, il ne faudrait pas qu’on pense que tout va bien, juste parce qu’on n’entend pas les chirurgiens-den­tistes», a-t-elle indiqué.

Vox populi

Mamadou Nancy Fall
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