Dr. Babacar Diop et Yewwi : Le Prix De L’ingratitude ?

Le comportement de Babacar Diop qui avait gelé ses activités au sein de la coalition Yewwi Askan Wi depuis les investitures des élections législatives est une pilule amère qui passe difficilement à travers la gorge de certains militants et sympathisants de l’opposition. Des militants veulent pousser le maire de Thiès, accusé de trahison, à la sortie surtout avec l’acte qu’il a commis à Thiès lors du passage de la caravane des leaders de la coalition de Yewwi en violant le protocole du cortège.

Babacar Diop est-il devenu le cheveu noir dans la soupe de Yewwi comme le fut Bougane Guéye Dani au moment du lancement de la coalition ? Le maire de Thiès est accusé de trahison par les militants de l’opposition qui veulent à tout prix qu’il quitte la coalition. Ce comportement de l’actuel maire Thiès a fini par indisposer plusieurs militants qui veulent sa tête. La goutte d’eau de trop a été relevée lors du passage de leaders de Yewwi Askan Wi dans la capitale du rail ce Samedi. Babacar Diop a été à l’origine d’un boucan ayant entrainé un rififi entre certains de ses militants et la garde rapprochée du président du parti, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF). Pour cause, à l’entrée de la ville où les militants et responsables locaux attendaient le cortège des leaders, Babacar Diop et ses compagnons ont voulu être à la tête et diriger le cortège.

Avec un comportement exigeant, l’actuel maire de Thiès ne reculera pas malgré l’intervention du chef de protocole de Ousmane Sonko Djiby Guéye Ndiaye qui a voulu rappeler à la raison le premier magistrat de la ville du rail. Ayant bloqué la progression du cortège, Ousmane Sonko était obligé de descendre de son véhicule et faire presque 10 mn de marche pour éviter un brouhaha. Mais puisque Babacar Diop s’obstinait en refusant de céder le passage, un des éléments supposés appartenir à la garde rapprochée de Sonko a donné un coup sur le pare-brise du véhicule de Diop qui s’est brisé, une manière de retarder Babacar Diop le maire de Thiès et de permettre au véhicule d’avancer. Le maire de Thiès contraint de s’immobiliser, le cortège a contourné son véhicule pour continuer son itinéraire. Sachant que la foule était immense et qu’une tentative de sabotage pourrait leur être fatale, ses partisans se sont finalement repliés vers le Commissariat pour éviter la marée humaine qui avait suivi le cortège des leaders de Yewwi.

Dans la capitale du rail, la volonté de Babacar Diop de diriger le cortège alors qu’au sein de Yewwi il est convenu que la voiture de Sonko dans laquelle prend place la tête de liste départementale doit suivre la voiture de presse pour permettre aux journalistes d’avoir de bonnes images. Malheureusement, Babacar Diop s’est interposé entre le véhicule de presse et celle de Sonko empêchant aux journalistes de prendre des images. Babacar Diop avait voulu chambouler le protocole qui permet au véhicule du leader de passer devant suivi des voitures de Déthié Fall, de Khalifa Sall, de Cheikh Ahmet Tidiane Youm et les autres candidats qui sont répartis sur les véhicules de ses leaders. A Tivaouane avant le démarrage de la caravane, la voiture du leader du PASTEF était au milieu de la file des véhicules, mais Khalifa Sall, président de la conférence avait exigé que le véhicule de Sonko passe devant.

A Thiès, il a fallu attendre le démarrage de la campagne pour qu’il s’affiche de nouveau et confirme son appartenance à Yewwi. Sachant qu’il avait gelé ses activités ainsi que les autres frustrés à l’image de Cheikh Bamba Diéye et Aminata Lô Dieng, Serigne Mansour Sy Diamil, les leaders étaient contraints de continuer le chemin sans eux. Alors que les frustrés croyaient que Khalifa Sall allaient jouer les bons offices puisqu’il ne fallait rien attendre de Sonko considéré comme un radical qui ne négocie pas sur certains principes, ils ont été zappés malheureusement par le leader de Tawawu Sénégal. Même si la composante des titulaires de la liste nationale a été invalidée, cela ne constitue point un frein pour l’engagement des leaders à battre campagne au côté des investis. Une telle attitude réduit au néant le comportement fractionniste des frustrés qui avaient gelé leurs activités. Le lendemain, Babacar Diop a soutenu avoir déposé une plainte à la Police contre des éléments de la garde rapprochée de Ousmane Sonko. «J’ai été victime hier à Thiès d’une attaque alors que j’étais dans la caravane de Yewwi Askan Wi. Ma voiture a été caillassée, les pneus troués y compris la roue de secours, des gaz asphyxiants ont été aussi utilisés. Je suis en route pour l’hôpital pour des analyses après des douleurs inhérentes à ces actes d’un autre âge. J’ai porté plainte contre ces agresseurs qui ont été clairement identifiés» a écrit le premier magistrat de la ville de Thiès sur sa page Facebook. Après cette publication, les militants de l’opposition ont assiégé son mur pour lui demander de clarifier sa position ou de quitter la coalition

En réalité, le non-dit de cette tentative de forcing du maire de Thiès qui ressemblerait à un sabotage est le fait que depuis les investitures, Babacar Diop rumine sa colère pour n’avoir pas été choisi. Après avoir été accusé de geler ses activités, il avait disparu des activités politiques de l’opposition. Ainsi au mois de juin, il a opté pour la politique de l’omerta malgré l’insistance des militants qui lui demandaient de revenir à de meilleurs sentiments.

Le Prix De L’ingratitude ?

Le choix porté sur Babacar Diop pour diriger la liste de Yewwi Askan Wi à la ville de Thiès lors des élections locales a failli diviser la coalition. La ville de Thiès a été l’une des localités qui ont été la source d’une vive tension au sein de la coalition Yewwi Askan Wi. Le nom de Babacar Diop n’était sur les lèvres ni de ceux des militants ni de certains responsables. A PASTEF, le choix s’était porté sur Biram Souley Diop (le second de Ousmane Sonko), par contre les Khalifistes et Taxawu Sénégal avaient misé sur Moussa Tine. Ousmane Sonko et Khalifa avaient donc jugé de couper la poire en deux, malgré le fait que les deux candidats avaient des appareils politiques solides. Ils ont préféré choisir Babacar Diop comme candidat à la ville de Thiès. Du côté de PASTEF comme de Taxawu, les militants étaient très remontés contre ce choix qui était assimilé à une trahison. Depuis lors, Biram Souléye avait une dent contre Ousmane Sonko et Cie alors que Moussa Tine qui ne pouvait supporter une telle humiliation a présenté une liste parallèle.

Mais, pour faire vaciller le pouvoir en lui infligeant une défaite psychologique dont le perte de la ville de Thiès qui est un symbole de Idrissa allait être un signal fort de la décadence du régime et de la montée en puissance de Yewwi, les leaders ont tenu deux rencontres dans la capitale du rail pour apporter leur soutien à Babacar Diop. Un meeting sera tenu et Ousmane Sonko va y passer une demi-journée pour faire une caravane. D’ailleurs cette dernière manifestation avait entrainé une gronde de beaucoup de candidats du Pastef qui avaient sollicité le renfort de leur leader dans leur localité sans avoir gain de cause

En revisitant le parcours de Babacar Diop, une telle position ne devrait pas surprendre. Il reste un stratège politique qui sait passer entre les mailles des filets des adversaires et amis pour atteindre son but. Fervent militant du Parti Socialiste, il a été au front pour défendre Khalifa avant de rejoindre Idrissa Seck. Après sa séparation avec Ndamal Kadior après que ce dernier ait rejoint le Macky, il va s’approcher d’Ousmane Sonko avec qui il a noué une amitié politique tout en créant un parti les DDS/Geuelwar. D’ailleurs c’est ce qui avait facilité son choix à la ville de Thiès. Mais depuis son élection grâce à la machine électorale de Yewwi, le maire a changé de paradigme, rappelant par moment le comportement de Talla Sylla qui avait soudoyé Idrissa Seck pour obtenir la ville avant de transhumer vers BBY. A cause de ce comportement, certains militants de Yewwi préfèrent la démission de Babacar Diop afin qu’ils continuent le chemin avec les responsables dont les positions sont assumées.

Le pari risqué des frustrés

C’est un risque énorme que courent de nombreux hommes politiques durant cette période de campagne électorale qui semble être un tournant décisif et direct menant vers la présidentielle de 2024. Au rythme où vont les choses, ceux qui ne prendront pas le train en marche seront abandonnés à la gare. Pour ne pas connaître un triste sort, le Geum sa Bop est entré en action et Bougane a promis de faire «sa campagne contre un troisième mandat». Ceci est une stratégie pour éviter de se faire oublier et espérer récolter les dividendes d’ici 2024. Pour la bande à Cheikh Bamba Diéye qui avait gelé les activités au sein de la coalition Yewwi, elle risque de tomber aux oubliettes. Le leader du FSDBJ, Babacar Diop et leurs compagnons d’infortune n’ont plus le choix. Soit ils reviennent à de meilleurs sentiments et battent campagne, soit ils vont transhumer à défaut ils signent leur morts politiques.

Le Mandat

Saphiétou Mbengue
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