Diplomatie : Mission de Solidarité de la CEDEAO en Sierra Leone alors que 3 états membres forment une nouvelle alliance

Par Paul Ejime- Une mission de solidarité et d’établissement des faits de la CEDEAO a rencontré dimanche à Freetown le président Julius Maada Bio au sujet de l’apparente tentative de coup d’État militaire en Sierra Leone, tandis que trois des quatre États membres suspendus sous régime militaire, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont annoncé la formation. d’une organisation distincte.

La délégation, composée du président de la Commission de la CEDEAO, Omar Alieu Touré, du conseiller à la sécurité nationale du Nigeria, Nuhu Ribadu, du chef d’état-major de la défense, le général Christopher Musa et du chef du renseignement de la défense, le général Emmanuel Udiandeye, a eu des entretiens lundi à la State House avec le président. Bio, accompagné de quelques responsables de son gouvernement.

Des sources diplomatiques ont indiqué que la délégation a transmis un message de bonne volonté du président de l’Autorité de la CEDEAO et président nigérian Bola Tinubu au président Bio ainsi qu’au gouvernement et au peuple de Sierra Leone, suite à l’attaque des assaillants contre la caserne Wilberforce, près de la loge présidentielle.

Le président Bio et le ministre de l’Information et de l’Éducation civique de la Sierra Leone, Hernor Bah, ont déclaré que certains des assaillants avaient été arrêtés, tandis que les forces de sécurité conjointes étaient à la recherche des évadés.

Aucun chiffre officiel des victimes n’a été fourni, mais des sources indépendantes ont indiqué qu’il y avait eu « plusieurs morts » suite à l’échange de coups de feu, qui a duré plusieurs heures, tandis que certains prisonniers ont été libérés de la prison centrale de Pademba, dans la capitale de l’État, Freetown.

Le président sortant de la Sierra Leone, Ernest Bai Koroma, a également déclaré dans un communiqué qu’un de ses gardes de sécurité officiels avait été tué par balle et qu’un autre avait été enlevé par des hommes armés inconnus.

Le gouvernement Bio a désormais levé le couvre-feu national imposé à la suite de la fusillade, la deuxième dans le pays en trois mois après les élections présidentielles controversées de juin.

Dans sa déclaration initiale de dimanche, la CEDEAO avait exprimé sa profonde préoccupation et condamné les dernières attaques armées.

Le président Bio aurait exprimé sa gratitude à la CEDEAO et au Nigeria pour leur visite de solidarité, réitérant son engagement en faveur de la démocratie en Sierra Leone, qui se remet encore d’une guerre civile dévastatrice de 11 ans qui a pris fin en 2002.

La Commission électorale de Sierra Leone (ECSL) a déclaré le président Bio du Parti populaire de Sierra Leone (SLPP) au pouvoir, réélu avec 56,17 % des voix lors des élections de juin.

Mais le principal parti d’opposition, le Congrès du peuple (APC), dont le candidat Samura Kamara a été déclaré deuxième, a rejeté les résultats de l’ECSL, affirmant que le vote était entaché d’irrégularités.

Certaines organisations de la société civile ainsi que des missions d’observation électorale locales et internationales ont également déclaré que le processus électoral, en particulier la gestion des résultats, manquait de transparence.

La désaffection post-électorale s’est combinée aux difficultés socio-économiques pour accroître les tensions politiques dans un contexte de crainte que la Sierra Leone ne replonge dans le conflit à moins que des mesures correctives urgentes ne soient prises.

Pendant ce temps, trois États membres suspendus de la CEDEAO, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont annoncé la formation d’un pacte de défense mutuelle contre « d’éventuelles menaces de rébellion armée ou d’agression extérieure ».

Les dirigeants militaires des trois pays ont paraphé l’accord de l’Alliance des États du Sahel, qui oblige les signataires à s’entraider en cas d’attaque contre l’un d’entre eux.

Dans la déclaration commune, la troïka n’a pas annoncé sa dissociation de la CEDEAO, qui lui a imposé des sanctions sévères.

Le bloc économique régional lutte pour restaurer l’ordre constitutionnel dans les trois pays et en Guinée, où les militaires ont pris le pouvoir.

Le Parlement de la CEDEAO a demandé la levée des sanctions contre le Niger en raison de leurs graves conséquences sur le pays, notamment la coupure de l’approvisionnement en électricité au Nigeria.

La junte nigérienne a quant à elle annoncé la fin d’un accord de coopération entre Niamey et l’Union européenne visant à freiner l’immigration clandestine du pays vers l’Europe.

Les analystes estiment que ces développements doivent être troublants pour la CEDEAO, qui n’a jusqu’à présent pas réussi à mettre à exécution sa menace d’intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger après le coup d’État militaire du 26 juillet dans ce pays.

Par Paul Ejime-

Momar Diack SECK
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