Dilemmes sans fin pour la CEDEAO : quand la conférence nationale du Mali recommande une transition politique de 5 ans…

Par Paul Ejime : Une conférence nationale organisée par le gouvernement de transition à dominance militaire du Mali s’est terminée à Bamako en recommandant un report de six mois à cinq ans le programme de transition politique chancelant du pays.

Le gouvernement de transition dirigé par le colonel Assimi Goita avait convenu d’un calendrier de 18 mois avec des élections fixées pour février 2022 à la suite du coup d’État militaire d’août 2020.

Le Mali a été suspendu de la CEDEAO, qui a également imposé des sanctions aux dirigeants militaires après un deuxième coup d’État en mai dernier, avec la menace d’exercer davantage de pression à moins que le gouvernement de Bamako ne propose un calendrier de transition pour les élections prévues en février 2022 d’ici le 31 décembre 2021.

Mais le gouvernement du colonel Goita dit maintenant qu’il ne dévoilera un nouveau calendrier que d’ici janvier 2022 sur la base des recommandations de la Conférence nationale.

Selon des sources diplomatiques, le gouvernement de Bamako devrait transmettre le rapport de la conférence nationale de 46 pages avec les recommandations au président de l’Autorité de la CEDEAO et au président du Ghana Nana Akufo-Addo.

Bien que la suggestion d’une transition de cinq ans puisse être considérée comme une position extrême, les élections de février 2022 ne sont pas non plus réalisables.

La CEDEAO pourrait donc devoir se contenter d’un report du programme de transition politique au Mali de l’ordre de 12 mois.

Il y a aussi l’insécurité qui couve au Mali, en particulier dans les régions du centre et du nord, qui font partie de l’ensemble du Sahel, d’où la France tire actuellement sur son opération militaire Barkhane.

La région agitée du Sahel est devenue l’épicentre des insurrections terroristes et djihadistes liées à Al-Qaïda et à l’Etat islamique, Boko Haram faisant des ravages depuis le Nigeria, rendant ainsi l’Afrique de l’Ouest et le Sahel peu sûrs.

Pendant ce temps, le gouvernement dirigé par Goita a accusé la France d' »abandonner » le Mali, ce qui a incité le gouvernement à se tourner vers la Russie pour obtenir un soutien militaire afin de contenir les insurrections.

Cette décision s’est heurtée à l’opposition de la France et d’autres puissances occidentales, mais des conseillers militaires russes sont sur place au Mali.

Il y a aussi une affaire inachevée pour la CEDEAO en Guinée où l’armée, qui a pris le pouvoir, n’a pas encore rendu public un calendrier de transition, ignorant la demande de la CEDEAO pour une période de transition de six mois.

Pour compliquer les choses, les dirigeants de la CEDEAO lors de leur dernier sommet au début du mois ont pris une décision controversée de prolonger de quatre mois le mandat de gestion des institutions de la CEDEAO à un moment où l’allongement du mandat provoque des coups d’État militaires et une instabilité politique dans la région.

En plus de représenter une contradiction dans les termes, l’extension a d’énormes implications financières, dans le prolongement de la structure à 15 commissaires au sommet, après que les dirigeants régionaux aient convenu de réduire la structure à sept commissaires d’ici le 1er mars 2022.

L’objectif était de réduire les coûts et de rendre la CEDEAO plus efficace et efficiente, en particulier compte tenu du ralentissement économique mondial et de la dévastation de Covid-19.

Ceci et d’autres attentes non satisfaites sur l’intégration régionale ainsi que la régression perçue de la démocratie dans la région mettraient certainement les dirigeants régionaux en désaccord avec les quelque 400 millions de citoyens de la communauté qui souffrent depuis longtemps.

 

Par Paul Ejime

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