C’est l’invasion des chenilles dans la zone nord du pays. La quasi totalité des communes est envahie par ces insectes qui ont ravagé les cultures de niébé, de pastèque et d’arachide. Les victimes qui se sont confiés à Alerte Quotidien racontent leurs misères avant de demander aux autorités de leur venir en aide puisqu’elles se sentent impuissantes face à cette situation qu’elles vivent depuis l’année dernière.

Les habitants des localités situés dans le département de Kébémer ne savent plus à quel saint se vouer. Ces derniers qui se tournent les pouces depuis un certain temps se disent impuissants face aux chenilles qui ont pris d’assaut leurs cultures avant de les ravager.

Bara Kane, la soixantaine révolue est un habitant de Santhiou Kanene situé dans l’arrondissement de Sa­gatta. Une hilaire à la main, il est debout au milieu de ce qui reste de son champ de niébé et de pastèque dévasté par les chenilles : « je ne comptais que sur mes cultures et voilà que j’ai tout perdu à cause des chenilles et je ne suis pas le seul dans la commune rurale à vivre cette situation », a‑t‑il fait savoir.

« Déjà les semences que nous recevons des autorités ne nous suffisent pas et voilà que nous faisons face à ce phénomène qui nous dépasse. C’est grâce à notre culture que nous payons nos factures de courant et d’électricité sans compter les autres charges et voilà que cela nous tombe dessus », a‑t‑il dit avec une voix étreinte par l’émotion.

Même son de cloche chez son camarade de Touba Darou Diapatt dans le département de Kébémer qui rappelle que les chenilles les empêchent de dormir. « C’est ce que nous craignons le plus à l’approche de l’hivernage. L’agriculture est notre principale source de revenue et nous devons être assistés par l’État. Les jeunes sont vraiment découragés et ne veulent plus investir dans le secteur », a‑t‑il déploré.

Mamadou Sylla quant à lui a semé 120 kg de graines d’arachides et dit avoir tout perdu puisque les chenilles ont tout ravagé sur leur passage : « vous voyez les chenilles ont tout dévoré c’est vraiment une grosse perte pour nous qui avons tout investi dans cette culture. Nous n’avons vu aucune autorité et je ne sais pas si elles sont au courant ou pas mais nous avons vraiment besoin d’aide. Nous n’avons aucune possibilité de sortir de cette situation et nous nous résignons à la volonté divine », a‑t‑il in­diqué rappelant qu’il a quitté l’Espagne pour venir investir dans la terre.

Selon nos interlocuteurs, les communes de Sagatta, Kanéne Ndiob, Thiolom Fall, et Mbedienne sont les plus touchées, les autorités étatiques sont abonnées absents et les dégâts sont visibles à plusieurs centaines de kilomètres. Mor Kane renseigne que tous les champs de ces localités sont condamnés à une mort certaine et leurs propriétaires obligés d’aller scruter d’autres horizons pour pouvoir nourrir leurs familles faute d’avoir une solution à cette situation.

« Les gens sont découragés par ici. Il y en a qui sont partis essayer la maçonnerie parce qu’ils n’en peuvent plus d’attendre », a‑t‑il expliqué. Ce dernier indique que ceux qui ont les moyens essaient tant bien que mal de lutter contre ces insectes avec des insecticides dont la petite bouteille leur revient à 7000 FCFA mais cela ne sert à rien puisque leurs champs sont à nouveau infectés : « c’est évident parce que les chenilles se trouvant dans les champs de ceux qui n’ont pas de quoi acheter le produit se déplacent et vont contaminer les autres », a‑t‑il expliqué.

Face à cette situation calamiteuse, ces derniers sollicitent l’aide des autorités qui, selon eux, tardent à réagir. « Ils ont vraiment besoin d’aide et les autorités se font désirer et continuent à les négliger. Nous avons appelé le service d’hygiène et toujours rien », a‑t‑il déploré avant de lancer un appel à l’endroit des nouveaux députés de la localité.

 » Ils ne sont pas encore installés mais nous avons espoir. J’ai interpellé Ousmane Thiam (député de la coalition Wallu Sénégal) à qui j’ai demandé de porter les doléances de la population à l’Assemblée nationale « , a‑t‑il indiqué précisant que les députés constituent leur seul espoir pour que la situation qu’ils vivent soit un mauvais souvenir.

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