De Jules Diop à Assane Diouf et Cie : coup de projecteur sur les insulteurs de la République

Présenté comme un responsable de l’Apr de Dalifort exilé à Paris, Kaliphone Sall a fait trembler la République au lendemain de l’éclatement de l’affaire présumée de viols répétitifs opposant la sulfureuse masseuse Adji Sarr au leader du Pastef Ousmane Sonko.  Le Témoin

 

C’est cet homme du même acabit que Adamo et Cie, insulteur du couple présidentiel, des forces de sécurité et de défense et autres institutions de la République, que le premier magistrat du pays, Macky Sall, chef suprême des Armées, a reçu et à qui il a accordé, cerise sur le gâteau, une interview lors de son dernier séjour à Paname. Coup de projecteur sur les insulteurs de la République.

Sous le magistère du président Léopold Sédar Senghor, malgré l’intensité de la rivalité entre le pouvoir et l’opposition clandestine puis légale d’alors, il était impensable de voir sur la place publique des hommes ou acteurs politiques échanger des injures ou autres insanités. Le débat d’idées primait sur tout.

L’élégance et le raffinement du langage le disputaient à la pertinence des idées. Les arguments volaient très haut et les adversaires des deux camps étaient des puristes de la langue de Molière. Et quand le verbe dérapait et cédait la place à la violence, comme ce fut le cas le 3 février 1963 avec l’assassinat du député-maire de Mbour et le 22 mars 1967 avec la tentative d’assassinat du chef de l’Etat d’alors, des crimes perpétrés respectivement par Abdou Ndaffa Faye et Moustapha Lo, le président-poète sortait la guillotine, restait sourd à toutes les médiations et demandes de clémence pour que jamais de tels faits ne se reproduisent

Serigne Moustapha Sy, pourfendeur du Président Diouf

Son successeur, Abdou Diouf, s’est inscrit dans cette même dynamique en consolidant les institutions et en élargissant la démocratie. L’élégance et le raffinement étaient toujours de mise dans le débat politique même si, de temps à autres, des piques acerbes étaient décochées de part et d’autre en direction des adversaires. En fait, sous le magistère du président Abdou Diouf, le plus grand pourfendeur du régime, outre son éternel opposant, Me Abdoulaye Wade, n’était autre que Serigne Moustapha Sy, le guide moral des Mourstarchidine wal Moustarchidate.

D’abord alliés alors que le Président Diouf flirtait avec son regretté père, Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum, les deux hommes ont fini par prendre chacun leurs distances l’un de l’autre. Serigne Moustapha Sy accusera ainsi le chef de l’Etat d’adultère avec la veuve d’un milliardaire sénégalais avant de reprocher aux proches collaborateurs du Président Diouf d’avoir exécuté, de sang-froid, la dame dans une clinique dakaroise parce que le Vatican ne voulait pas d’une seconde femme musulmane au palais de la République

L’autre dérapage marquant sous le régime du président Diouf et qui avait heurté l’orthodoxie républicaine, c’était la gifle infligée en septembre 1984 par son alors ministre des Affaires étrangères, un certain Moustapha Niasse aujourd’hui président de l’Assemblée nationale, en pleine réunion du Bureau politique du Parti socialiste à son collègue Djibo Leity Kâ, qui lui reprochait un certain absentéisme. Comme son prédécesseur Senghor, le Président Abdou Diouf avait sanctionné cet écart en limogeant son fidèle collaborateur à la tête de la diplomatie sénégalaise. Un collaborateur qui est toujours aux affaires soit dit en passant !

Souleymane Jules Diop ouvre le bal

D’abord directeur de la communication du Premier ministre Idrissa Seck sous le régime du président Abdoulaye Wade, notre ami et confrère Souleymane Jules Diop se radicalise après son limogeage et son exil au Canada.

A travers une émission radio par la magie de la tectonique des plaques, «Deug  Deug» du reste très courue tous les mercredi par les internautes, Souleymane Jules Diop laissait libre court à ses diatribes. Si le président Abdoulaye Wade était sa tête de turc privilégiée, Macky Sall, qui avait pris la place de Idrissa Seck à la Primature, n’échappait pas non plus aux flèches assassines de Souleymane Jules Diop. « Abdoulaye Wade est incompréhensible. Il prend  quelqu’un  qui  ne  mérite  même  pas d’être chef de service à Petrosen, qui ne peut pas être chef de  section  pour en faire  un ministre de la République, jusqu’à en faire un Premier ministre.  Comment, dans notre pays, Macky Sall peut-il penser une seule fraction de seconde  qu’il peut devenir président ?» s’interrogeait alors Souleymane Jules Diop qui a trouvé la réponse à sa propre question en émargeant sous le régime du même homme. Qui l’a nommé ambassadeur à l’Unesco après en avoir fait son directeur de la Communication avec rang de conseiller spécial.

Outre les politiques, l’auteur de « Wade, L’avocat et le diable» distribuait aussi ses injures et invectives dans le landerneau maraboutique. Beaucoup de dignitaires religieux ont été ainsi copieusement injuriés ou moqués par l’ancien secrétaire d’État du président Macky Sall auprès du Premier ministre chargé du suivi du Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC).

Le Président Wade se laisse aller

Le Président Wade se laisse aller Sous le magistère du président Macky Sall, qui avait posé un acte fort en rappelant à ses côtés l’alors insulteur public N°1, Souleymane Jules Diop, c’est son prédécesseur, Abdoulaye Wade, qui, affecté par le procès de son fils Karim Wade devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), ouvre les hostilités, en fin février 2015, en insultant outrageusement celui qu’il considère comme le bourreau de son rejeton. Extraits : « Macky Sall c’est un descendant (…) Ses parents étaient (… ) Je le dis et je l’assume parce qu’on ne peut pas toujours cacher les vérités. (…) Jamais mon fils Karim n’acceptera qque Macky Sall soit au-dessus de lui. (…) »

Moustapha Cissé Lo exclu de l’Apr pour injures

Le 05 juillet 2020, l’ancien président du Parlement de la CEDEAO, Moustapha Cissé Lo, est exclu définitivement des rangs du parti présidentiel par la commission de discipline de l’Alliance pour la République dont il est pourtant membre fondateur en 2008. Il est reproché à Moustapha Cissé Lo d’avoir diffusé sur les réseaux sociaux, trois jours auparavant, un enregistrement audio dans lequel il profère des injures et des accusations de détournements de deniers publics contre le Président et deux de ses proches collaborateurs, Farba Ngom et Yakhaam Mbaye. Le communiqué de l’Apr parle de «propos empreints d’une indécence que récusent la morale et la bienséance sociale, (qui) ont fini de heurter la conscience des populations».

Amy Collé Dieng, agneau du sacrifice

Le 03 août 2017, la chanteuse Amy Collé Dieng est arrêtée pour avoir tenu des propos critiques (Saï -saï qui a volé les élections : Ndlr) envers le chef de l’État, Macky Sall, dans un groupe fermé… WhatsApp. Elle est inculpée le mardi 8 août, après cinq jours de garde-àvue, pour « offense au chef de l’État » et «diffusion de fausses nouvelles » puis placée sous mandat de dépôt. L’administrateur du groupe est également placé en détention provisoire.

Houlèye Mané et le photomontage du PR

En juin 2017, la journaliste Houlèye Mané et trois de ses complices, C. T. Sarr, M. Diouf et F. B. Ndiaye, ont été arrêtés pour avoir partagé sur les réseaux sociaux un photomontage obscène du président de la République. Le magistrat instructeur écarte l’offense au chef de l’Etat et place les mis en cause sous mandat de dépôt pour « association de malfaiteurs  en  vue  de  commettre  des  infractions relatives  aux  TIC,  d’images  contraires  aux bonnes mœurs, publication d’images sans le consentement  de  l’intéressé  ». Après deux mois de détention, la journaliste Houlèye Mané du groupe WhatsApp «Xaley Beug Lou Bakh» a bénéficié d’une liberté provisoire octroyée par la chambre d’accusation de la Cour d’appel qui a infirmé l’ordonnance de refus du défunt juge Samba Sall.

Penda Bâ ou la règle de l’impunité

Décidément très riche en émotions, ce mois d’août 2017 voit encore une autre langue pendue, Penda Bâ pour ne pas la nommer, militante de l’Apr, insulter copieusement à travers une vidéo virale sur les réseaux sociaux, toute la communauté wolof qu’elle se permet même de menacer de mort. Arrêtée, elle sera finalement relâchée en même temps que la malheureuse Amy Collé Dieng et exilée par les soins du régime hors du territoire national.

Assane Diouf, l’insulteur public N°1

Depuis les Etats-Unis où il se trouvait, Assane Diouf était devenu le roi du réseau social YouTube où il animait sa propre chaine. Il se distingue alors par ses insultes et injures contre le chef de l’Etat et son entourage. Maitre incontesté du « xoroom », il est proclamé insulteur public numéro 1. Détenu par les services de l’immigration américains pour défaut de pièces justificatives de sa présence sur le sol des États-Unis, il est rapatrié au Sénégal le 30 août 2017 avec 20 autres compatriotes. Arrêté à l’aéroport après son débarquement, il végétera longtemps en prison avant d’avoir droit à un procès à l’issue duquel il sera condamné le mardi 8 janvier 2018, à 2 ans de prison dont 9 mois ferme pour injures.

Kaliphone, l’insulteur adoubé par le chef de l’Etat

Présenté comme un responsable de l’Apr de Dalifort exilé à Paris, Kaliphone Sall a fait trembler la République au lendemain de l’éclatement de l’affaire présumée de viols répétitifs opposant la sulfureuse masseuse Adji Sarr au leader du Pastef Ousmane Sonko. En soutien au chef des « Patriotes», il menace de divulguer des vidéos compromettantes de plusieurs responsables du régime de Macky Sall en train de s’encanailler. « Je détiens beaucoup d’informations sur plusieurs responsables du régime. On arrête Sonko, je publie toutes les photos et vidéos de certaines autorités de Benno Book Yaakaar », avait-il menacé avant que certains responsables de la mouvance présidentielle le supplient de ne rien faire ou publier. C’est cet homme du même acabit que Adamo et Cie, insulteur du couple présidentiel, des forces de sécurité et de défense et autres institutions de la République, que le premier magistrat du pays, Macky Sall, chef suprême des Armées, a reçu et à qui il a accordé, cerise sur le gâteau, une interview lors de son dernier séjour à Paname. Un insulteur qui pourrait encadrer en stage le député Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly qui ne lui arrive pas, en termes d’injures et d’insanités, à la cheville.

Le Témoin

Oumou Khaïry NDIAYE
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