Criminalisation De L’homosexualité, doctrine sociale des loges de la franc-maçonnerie : Pr Malick Ndiaye sans filtre, ni détour

Selon le Professeur Malick Ndiaye c’est la doctrine sociale des loges de la franc-maçonnerie qui tient le Sénégal en otage, en dissociant les élites des «fondamentaux de leur civilisation». Le sociologue faisait allusion au rejet, le 05 janvier, par l’assemblée nationale, de la proposition de loi sur la criminalisation de l’homosexualité portée par le collectif «And samm jikko yi». Le Professeur de sociologie à l’Université Cheikh Anta Diop répondait aux questions du quotidien «Le Mandat» dans une interview accordée le 13 janvier dernier.

Le rejet par l’assemblée nationale, de la proposition de loi sur la criminalisation de l’homosexualité portée par le collectif «And samm jikko yi» le mercredi 05 janvier 2021, ne finit pas de défrayer la chronique. A ce propos, le Professeur Malick Ndiaye a déclaré que « la démarche essentielle dans ce pays, c’est qu’il y a la doctrine sociale des loges de la francmaçonnerie qui essaie de s’appliquer. C’est elle qui a créé toute cette situation dans nos pays où les élites sont dissociées des fondamentaux de leur civilisation». Selon lui, «c’est la première fois dans l’histoire que la francmaçonnerie a été piégée par la société civile organique avec la proposition de loi sur la criminalisation de l’homosexualité». Le Professeur de sociologie à l’Université Cheikh Anta Diop de poursuivre : «il y a une confrérie non déclarée et cachée au Sénégal, pour ne pas dire la franc-maçonnerie. Si elle est cachée, ça veut dire qu’elle peut être à la tête de certains partis politiques, enrôler des avocats, des professeurs d’Université, des patrons de presse, des journalistes, etc. Lorsque la francmaçonnerie est dissimulée, elle empêche la communication».

En outre, Pr Ndiaye s’est penché sur la particularité de la francmaçonnerie. « Au Sénégal est-ce que nous avons affaire à une crise politique ou bien à une guerre des loges ?», s’est-il interrogé dans la foulée. «S’il y a guerre des loges, c’est-à-dire des Franc maçons dans le camp du pouvoir et de celui l’opposition qui sont camouflés, contrairement à ce qui se passe en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Gabon où les Franc maçons se dévoilent au grand jour », a-t-il expliqué face à la rédaction du «Mandat». « En rejetant le projet de loi certifié aussi bien par l’église, les confréries islamiques que les autorités traditionnelles du bois sacré, ces députés ont demandé en réalité à notre peuple de refonder les institutions» a-t-il estimé.

« Maintenant, nous savons que ce qui est à l’ordre du jour y compris dans les élections locales, ce n’est pas la question du développement, mais plutôt le fait que le pays est détourné par les applications de la doctrine sociale des loges depuis les 4 communes», a dit le membre de« And samm jikko yi ». Se prononçant sur les élections, le sociologue a invité les Sénégalais à lire les élections locales et législatives dans le prisme des valeurs culturelles ancestrales, comme les principes de bonne gouvernance professés dans la culture sérère dit « Maad a sinig» ou encore les textes sur la bonne gouvernance rédigés par Thierno Souleymane Baal.

Il a ainsi estimé que pour réhabiliter les valeurs fondamentales du pays entachées par la franc-maçonnerie, il va falloir miser sur une «pédagogie de la réformation» (comme la pétition de «And samm jikko yi») et une «didactique de la réformation» (enseigner aux gens comment opérer la refondation, en utilisant par exemple la méthode de résistance de Cheikh Ahmadou Bamba, appelée «Djihad naf’s», c’est-à-dire la résistance pacifique).

Quant aux velléités politiques prêtées au collectif« And samm jikko yi», le Professeur a souligné que le problème de «And samm jikko yi», ce n’est ni islamique, ni société civile (au sens occidental du terme), mais c’est un phénomène qui défend des éléments précis de nos fondamentaux de civilisation, quoique l’association renferme en son sein des musulmans comme des chrétiens ». Il ajoute : «lorsque les hommes de l’église, les khalifes généraux et les tenants du bois sacré,… disent « Non à l’homosexualité», ce n’est pas une action de l’opposition. En revanche, il y a aussi des députés de la majorité qui ont signé la proposition de loi». Il reconnaît par ailleurs qu’il y a des membres de l’opposition qui surfe sur les acquis de la société civile organique à des fins stratégiques. Mais toujours est-il que «And samm jikko yi», composé de plusieurs entités, ne travaille ni pour l’opposition, encore moins pour le pouvoir.

«La société civile organique dit, doit dire et continuera de dire à partir du moment où un projet de loi conforme à nos valeurs n’est pas accepté. Eh bien, c’est le moment de la refondation. Donc, ce qui caractérise le Sénégal c’est la refondation des institutions qui a commencé formellement le mercredi 22 décembre 2021 avec la déposition des documents à l’hémicycle», a assuré le Professeur Malick Ndiaye.

«Il s’agit d’une remobilisation de la société civile organique à partir de nos valeurs et non à partir des applications doctrinales, de formules, qui ignorent le fait qu’avant l’arrivée des caravanes, c’est-à-dire les Arabomusulmans et Arabo-berbères, mais aussi des caravelles, c’està-dire des Européens, il y avait une civilisation forte chez nous. C’est cette civilisation forte là, qui est aujourd’hui en mouvement», a-t-il annoncé. «Contrairement à la campagne de diabolisation des Arabo-musulmans à l’encontre de nos ancêtres qu’ils traitaient faussement d’animistes, nous connaissions le Dieu unique avant des Arabes. Il en est de même pour les révélations. D’ailleurs, il existe des noms pour désigner l’Être suprême dans nos langues maternelles : Emitay Chez les Diolas, Rog chez les Sérères, Guéno chez les Peuls, etc. Donc, nous avons connu le monothéisme qu’on appelle de l’inspiration avant les révélations », a expliqué l’Universitaire

Faut-il préciser par ailleurs que le sociologue distingue la société civile organique des autres formes de société civile d’inspiration occidentale ou arabo-musulmane ou arabo-berbère. Pr Ndiaye a également fait savoir que son combat ne date pas d’aujourd’hui. Il a notamment été l’un des membres actifs du Collectif pour dire non à l’homosexualité créé en 2016, avec Bamba Ndiaye et Sidi Lamine Niasse. Concernant les violences électorales, il a indiqué qu’ «il faut que les politiques, la société civile,… sachent que pour changer un pays de façon stricte, régulière, rigoureuse, il faut opter pour le ‘’Djihad naf’s’’, qui signifie résistance et non violence». Interpelé sur le système électoral, M. Ndiaye a souligné que les «tailleurs constitutionnels» du régime, comme l’exministre de la Justice, Ismaila Madior Fall, ont mis sur pied un code électoral qui favorise à la mouvance présidentielle de ravager la plupart des sièges, même minoritaire. Et ce, grâce au scrutin majoritaire ou «raw gaddu». Poursuivant son argumentaire, Pr Malick Ndiaye a insisté sur la réforme des institutions. A la question de savoir son point de vue quant aux sanctions de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre le Mali, le membre du comité d’initiative des intellectuels pense « qu’il faut dénoncer la décision de l’organisation régionale, qui n’a pas respecté la volonté du peuple malien issue des assises nationales de la refondation et a prévu de repousser les élections. « Nous n’avons pas à juger le peuple malien, mais nous avons à dénoncer les sanctions imposées au Mali et qui vont avoir des conséquences négatives sur tous les partenaires de la sousrégion ». Il poursuit : « le premier partenaire économique du Sénégal dans la zone Union économique et monétaire ouestafricaine (UEMOA) reste le Mali, avec plus de 400 milliards de francs CFA par an».

Le sociologue a aussi estimé qu’il se peut que des puissances étrangères soient derrière cette histoire. Il a rappelé les liens historiques étroits qui lient le Sénégal et le Mali, notamment la Fédération du Mali. «Invitons nos frères et sœurs africains à se mobiliser partout sur la planète afin de résister à l’impérialisme occidental, mais aussi aux bureaucraties russes et occidentales», a-t-il plaidé dans une interview. «J’attends du président de la transition malienne, Assimi Goita, tout comme les parties prenantes des assises nationales de la refondation, d’avoir le courage de résister et de mettre immédiatement sur le tapis, la Charte de « Kurugan Fuga » ou la Charte du Mandé. A partir de ce moment-là, chaque africain saura que ce n’est pas à un étranger dont il est question, mais à lui-même», a-t-il confié au «Mandat». Le Professeur Malick Ndiaye n’a pas oublié d’interpeller la plus haute autorité du Sénégal et prochain président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall. «Je demande également au président Macky Sall de revenir immédiatement sur ses pas, ainsi que l’ancienne première ministre, Aminata Touré, Abdou Mbow,etc.». Pr Ndiaye a terminé l’entretien en invitant les autorités sénégalaises à octroyer une «prime de coronavirus aux forces de l’ordre exposées en permanence».

Le Mandat

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