Cour des comptes, Discours à la nation : Ces échanges de propos entre Abdoulaye Seydou Sow et Boubacar Camara à l’origine de la citation directe

Sur le plateau de la Tfm, à l’occasion d’une édition spéciale intitulée «Décryptage du message à la nation du président de la République», s’est passé des échanges de propos entre le ministre Ab­doulaye Seydou Sow et Bou­bacar Camara, leader du Parti de la construction et de la solidarité qui pourraient aboutir à un procès. Des échanges dont Vox Populi nous propose la teneur.

«(…) Quand le président a pris un décret en septembre 2021, pour dissoudre ce fonds Covid, lors d’une émission sur la Tfm, j’avais alerté contre cet acte posé par le président pour dire que nous tendions vers la 3e vague de cette pandémie, j’avais invité les journalistes pour qu’ils enquêtent sur cette décision. A l’époque, il se trouvait que la Cour des comptes avait pris une ordonnance, en juin, pour mener une mission. Il se trouve qu’en ce temps-là elle avait entamé sa mission, le 19 juillet.

Le président a une responsabilité, avec le ministère des Finances, extrêmement grave sur cette question. Quand la Covid a pris de l’ampleur, il a lancé un appel. C’est moi qui ai écrit 33 mesures, le 21 mars. J’ai proposé les 1 000 milliards et leur source. Il ne devait pas comporter un franc de dette. Quand il a reçu ma note, c’est quelques jours après qu’il a sorti un décret pour faire une dérogation du Code des marchés. En plus de cela, il a produit, une semaine après, une autre dérogation au règlement général de la comptabilité.

On a mis en place le fonds Covid, avant le démarrage des activités dudit fonds, on a commencé à attribuer les marchés. C’est un système organisé pour racketter les bailleurs de fonds et combler les déficits budgétaires et se partager le reste. C’est ce qu’ils ont fait. C’est un carnage ! J’ai fait un article intitulé ‘les passagers clandestins ont tiré sur l’ambulance’ où j’ai écrit dans les détails tout ce qu’ils ont fait. Donc, moi on ne me leurre pas avec une phrase du genre ‘suit son cours’», a dit Boubacar Camara.

Celui-ci à peine a-t-il fini sa phrase que le ministre de l’Urbanisme a pris la parole. Abdoulaye Seydou Sow réagit et charge M. Camara. «Je pense que, quelle que soit la posture, on doit garder un minimum d’honnêteté à l’appréciation des choses. Nous savons tous pourquoi il y a eu ces dérogations. Il y avait des mesures d’urgence qu’il fallait prendre».

Revenant sur le rapport de la Cour des comptes, il tente de s’expliquer et l’indexe : «lui il sait ce qu’est un rapport. Un rapport ne veut pas dire forcément que c’est la vérité. Vous avez été épinglé dans un rapport. Vous le savez et vous le contestez toujours. Cela aussi est de l’histoire. Je ne veux pas revenir dans les détails sur cette affaire».

  1. Camara, comme s’il prenait la balle au rebond, conteste et dément : «Je n’ai jamais été épinglé dans un rapport. Je n’ai jamais été mis en prison, jamais de la vie. J’ai été à la douane. Ils ont organisé une cabale contre moi. Ils ont fait toute une procédure.

Cela s’est terminé par un non-lieu qui a été effacé et ils m’ont ramené. Et j’ai été nommé secrétaire général d’un ministère. Attendez, cela c’est des attaques personnelles. Moi, je ne suis pas dans le (domaine du) foncier. Je ne suis pas le courtier dans le foncier qui demande 500 millions F Cfa. Je ne me fâche pas. Il faut faire très attention quand vous parlez avec moi», a-t-il répondu au ministre Sow qui lui a relevé son état de colère.

«On vous a épinglé et vous avez dit que c’est une cabale. Ceux qui sont épinglés aujourd’hui peuvent avoir le même argumentaire que vous en disant que c’est une cabale», lui rétorque le ministre de l’Urbanisme.

Camara revient à la charge et l’invite à arrêter ce débat, en lui signifiant sa volonté de ne «pas entrer dans les attaques personnelles. Il faut dire la vérité aux Sénégalais. (…). Vous avez tous suivi cette affaire-là. Je l’ai mené de bout en bout. Et moi, je suis blanc comme neige. Je n’ai pas demandé 500 millions. Et vous vous l’avez fait», a-t-il dit le doigt pointé vers son interlocuteur. Surpris, M. Sow s’écrit «Eh !». Camara rajoute : «On vous a donné une avance de 100 millions pour des terrains. J’ai tout le dossier avec moi pour des terrains».

Suffisant pour que le ministre Abdoulaye S. Sow reprend la parole. «Il vient de dire des choses très graves. Et je lui demande et publiquement, si vous ne le dites pas, vous aurez une sommation, dès demain (1er janvier 2023). Sommation que Boubacar Camara dit attendre. «J’attends la sommation».

Le ministre de l’habitat revient, une nouvelle fois, à la charge et tente de le démentir. «Sur cette histoire, je le dis et devant tous les Sénégalais, il raconte des histoires». M. Camara persiste et signe : «Vous avez commis une grosse erreur. Ils vous ont induit en erreur». M. Sow continue de démentir : «Il a dit des choses extrêmement graves. Si c’est un juriste chevronné, j’en doute, je le défie. S’il est un homme politique aguerri, un homme de vérité, s’il est blanc comme neige, Je le défie d’apporter la moindre preuve et publiquement, dans cette télévision, de mon implication dans toute affaire foncière. Si vraiment il garde une petite once de dignité, il va apporter les preuves, sinon il répondra devant la justice»

Vox Populi

Momar Diack SECK
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