Coup d’État au Niger : la France suspend son aide au développement et son appui budgétaire

Le ministère des Affaires étrangères a fait cette annonce samedi alors que le président nigérien Bazoum est toujours détenu par les militaires putschistes.

La France suspend «toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire» au Niger après le coup d’État militaire contre le président élu Mohamed Bazoum, a annoncé samedi le ministère français des Affaires étrangères. Paris «demande le retour sans délai à l’ordre constitutionnel nigérien, autour du président Bazoum, élu par les Nigériens», réaffirme le ministère dans un communiqué.

Le président français Emmanuel Macron, en déplacement en Papouasie-Nouvelle-Guinée, avait condamné vendredi «avec la plus grande fermeté le coup d’État militaire» au Niger, «dangereux» pour la région, et a appelé «à la libération» du président Bazoum. Dans ce pays parmi les plus pauvres du monde, l’Agence française de développement (AFD) a engagé 97 millions d’euros en 2021, selon les chiffres disponibles sur le site internet de l’AFD.

Le Niger était l’un des derniers alliés de la France au Sahel, une région minée par l’instabilité, la précarité et les attaques jihadistes. La France, qui a mis fin à l’opération antiterroriste Barkhane et s’est retirée du Mali sous la pression de la junte de Bamako, compte actuellement 1500 militaires déployés au Niger qui opéraient jusqu’ici conjointement avec l’armée nigérienne.

Ultimatum de l’Union africaine

De son côté, l’Union africaine (UA) a fixé un ultimatum de quinze jours aux militaires pour rétablir «l’autorité constitutionnelle», a annoncé son Conseil de paix et de sécurité après une réunion vendredi. L’Union européenne (UE) avait déclaré auparavant qu’elle «ne reconnaît pas» non plus les «autorités» issues du putsch et annoncé la suspension de «toutes ses actions de coopération dans le domaine sécuritaire».

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré M. Bazoum de «l’indéfectible soutien» de Washington. Et l’ambassade des États-Unis à Niamey a fait savoir que «les putschistes mettent en péril notre profond partenariat en matière de développement et de sécurité». Environ 1100 soldats américains sont présents au Niger.

À quelques jours de la fête de l’indépendance, le 3 août, un calme relatif régnait samedi dans les rues de Niamey après les manifestations pro-putschistes, désormais interdites. Les habitants ont repris leurs activités mais la présence des Forces de défense et de sécurité (FDS) a été renforcée dans les rues, a constaté un journaliste de l’AFP.

Le mouvement M62, qui avait déjà protesté contre l’opération Barkhane menée au Sahel et au Sahara par l’armée française contre les groupes armés jihadistes, a lancé un appel à manifester dimanche malgré l’interdiction de rassemblement. Le M62 entend «mettre en garde la Cédéao et la France contre toute intervention militaire au Niger» et «exiger le départ immédiat des troupes françaises et celui de l’ambassadeur de France».

Jeudi, l’ONU avait annoncé que ses opérations humanitaires au Niger étaient elles aussi «suspendues» en raison du coup d’État, et ce alors que le pays fait déjà face à une situation humanitaire «complexe». Situé en plein cœur du Sahel, le Niger est un vaste territoire désertique doté d’une population de quelque 20 millions d’habitants, avec une croissance démographique parmi les plus élevées au monde. Selon le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), le nombre de personnes ayant besoin d’une assistance humanitaire dans le pays est passé de 1,9 million à 4,3 millions en 2023, et le nombre de personnes victimes d’insécurité alimentaire sévère devrait atteindre 3 millions lors de la saison de soudure (juin à août) avant la prochaine récolte.

lefigarofr

Mamadou Nancy Fall
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