Infos hebdomadaires de Transparency International : « Donner un carton rouge à la sextorsion ! »

La Coupe du Monde Féminine de la FIFA bat son plein. C’est l’occasion d’encourager votre équipe préférée et de réfléchir aux défis auxquels de nombreuses femmes et filles sont confrontées pour jouer au football. La FIFA est une machine de plusieurs milliards de dollars, mais les joueuses ne profitent pas pleinement de ses avantages. De plus, les joueuses sont également exposées à des risques élevés d’exploitation.

Pour les femmes du monde entier, l’écart de rémunération entre les sexes est un problème trop familier et, malheureusement, l’industrie du sport ne fait pas exception. En fait, selon ONU Femmes, le sport présente l’un des plus grands écarts de rémunération entre les sexes et de nombreuses joueuses professionnelles ne peuvent pas vivre de leurs revenus, ce qui les rend vulnérables aux abus.

Avant la Coupe du monde de cette année, les inégalités salariales persistantes ont incité 150 joueurs à signer une lettre exigeant l’égalité de rémunération et les conditions d’attribution des prix. L’équipe féminine nigériane, par exemple, a menacé de boycotter le premier match du tournoi en raison d’un vol de salaire.

Devoir se battre pour l’égalité des droits ne les a pas ralentis. Hier, l’équipe féminine nigériane a surpris les hôtes australiens avec une victoire surprise et mène désormais son groupe. Cela les rapproche un peu plus du prix en argent de cette année, évalué à 110 millions de dollars américains – ce qui est encore un chiffre dérisoire par rapport aux 440 millions de dollars américains reçus l’année dernière. Ce qui est encore plus alarmant à propos de cet écart salarial, c’est qu’il peut rendre les femmes plus vulnérables à la coercition et au harcèlement.

Mais l’inégalité salariale n’est pas la seule préoccupation des athlètes féminines. Les hommes occupent principalement des postes influents dans les organisations sportives, créant un déséquilibre de pouvoir qui rend les filles et les femmes vulnérables aux abus. Le statut d’expert des officiels et des entraîneurs est rarement remis en question, et le manque de supervision et les frontières floues entre les joueurs et les entraîneurs peuvent créer un environnement où les mauvais traitements sont tolérés. Malheureusement, ces déséquilibres de pouvoir augmentent également le risque de sextorsion – l’abus de pouvoir pour obtenir un avantage sexuel.

En octobre 2021, un responsable de la FIFA a confirmé que l’organisation avait découvert des cas d’abus sexuels dans le monde. Et l’an dernier, le Guardian avait fait état de plus de 40 cas d’abus et de harcèlement sexuels en lien avec la fédération. Le nombre réel de cas est difficile à déterminer car ils ne sont souvent pas signalés en raison de la stigmatisation, de la honte et de la culpabilité.

Bien que tous ces cas ne soient pas classés comme sextorsion, les plus graves impliquent généralement des personnes qui abusent de leur pouvoir, comme des entraîneurs et des agents. En fait, les résultats d’enquêtes approfondies sur les abus sexuels dans le secteur du sport suggèrent qu’il s’agit d’un problème répandu qui touche tous les sports dans toutes les régions du monde.

Les mesures existantes pour lutter contre la sextorsion dans le sport dépendent presque exclusivement de mécanismes de signalement et de sanctions pour dissuader les abus. Cependant, lorsque des canaux de signalement sont en place, ils ont tendance à manquer d’indépendance et à ne pas fournir aux survivants des voies sûres et fiables pour faire valoir leurs droits. Les organisations sportives manquent également souvent de capacité pour détecter et enquêter correctement sur les signalements d’abus. Tous ces facteurs créent un environnement de silence et d’impunité, perpétuant davantage les déséquilibres de pouvoir.

Ces dernières années, la FIFA a commencé à en prendre conscience et à s’attaquer à ces problèmes. Lors de la Coupe du monde masculine 2022, la fédération a piloté un programme de protection pour protéger les joueurs contre le harcèlement et les abus. Et cette année, ils ont mis en place de nouveaux programmes, notamment un mécanisme de réclamation et une boîte à outils pour former et soutenir la mise en œuvre de mesures de protection des groupes vulnérables. Le déploiement de ces nouvelles ressources devrait s’accompagner d’efforts plus larges pour faire évoluer une culture qui permet la sextorsion et d’autres formes d’abus.

La prévention est la forme de défense la plus puissante, c’est pourquoi la création de cadres de prévention plus solides devrait être la première priorité des organisations sportives comme la FIFA. Mais lorsque la prévention échoue et que des abus se produisent, la sécurité et la dignité des joueurs doivent passer avant la réputation de l’organisation et le gain financier, et les malfaiteurs doivent être tenus responsables.

Plus besoin de regarder de côté pendant que la corruption a lieu.

Mamadou Nancy Fall
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