Chauffeur de son état, Ch. Diaw était employé par le richissime opérateur économique D. Aïdara. Pour ses services, il percevait 50 000 FCFA le mois. Un salaire que le chauffeur Ch. Diaw trouvait misérable, surtout qu’il voyait quasi quotidiennement son patron manipuler des millions de FCfa. Ayant en perspective un projet de création de son propre business, il va murir l’idée de braquer son employeur.
C’est en cela qu’il va planifier et murir une stratégie dans laquelle, il prévoit d’inclure trois de ses amis chauffeurs. Il s’agit des nommés I. Kane, M. Sow et S. Baldé. Après avoir convenu avec eux du mode opératoire pour signer ledit braquage, Ch. Diaw passe à la phase simulation.
Au volant du véhicule de service, il rejoint discrètement ses acolytes. Puis, loin des regards indiscrets, il leur explique comment déverrouiller de l’extérieur les portes de ‘’sa’’ voiture. Au terme du briefing, Ch. Diaw leur précise le lieu de ce braquage, prévu à hauteur de la commune de Sindia.
En fin tacticien, il conclut son speech en indiquant que ce jour, il doit conduire son patron dans la ville de Nguékhokh (département de Mbour) pour une campagne de recouvrement de fonds. C’est alors qu’il a pris congé de ses acolytes. Comme annoncé, Ch. Diaw va, le jour des faits, prendre place à bord dudit véhicule de service et conduire son patron à Nguékhokh.
C’est sur le chemin du retour que ses acolytes vont entrer en action, en s’attaquant au véhicule en question. Au cours de ce braquage simulé, Ch. Diaw sera violenté par ses acolytes qui cherchaient ainsi à écarter tout soupçon de connivence entre les braqueurs et le chauffeur Diaw. Dans la foulée, les braqueurs vont agresser le patron, faire main basse sur le sac contenant plus de 10 millions de FCfa et disparaître dans la nature.
Tiré d’affaire, la victime D. Aïdara s’est rendue à l’hôpital. Ayant bénéficié d’un certificat médical, l’opérateur économique va saisir la gendarmerie d’une plainte contre X. Au cours de l’enquête, les pandores auront dans leur viseur le chauffeur Ch. Diaw, comme suspect n°1. Ciblé, puis auditionné au fond, il va craquer et passer aux aveux, assumant son statut de cerveau de ce braquage.
Il va ensuite balancer ses acolytes et leurs coordonnées. Poursuivant, les hommes en bleu vont mettre aux arrêts les complices du chauffeur. La bande sera placée en garde à vue pour association de malfaiteurs et vol commis la nuit avec usage de véhicule. Déférés, puis inculpés, ils sont placés sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Thiès.
Jugés mardi par la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Thiès, les accusés ont unanimement avoué les faits.
«C’est moi qui ai organisé ce braquage. C’est la première fois que je commets ce genre d’actes. Mon but était d’empocher un pactole pour mettre en place mon propre business, parce que le salaire qu’il me paye ne me suffit pas et que si je continuais d’être son employé, je risquerais de mourir pauvre. Après le braquage, mes amis et moi avons procédé au partage du butin. J’ai reçu 2 350 000 FCfa et j’ai acheté un véhicule», a déclaré Ch. Diaw.
A sa suite, S. Baldé a affirmé que c’est lui qui s’était emparé du sac qui contenait l’argent au moment du braquage. Il s’explique : «Avant de retrouver mes amis pour le partage, j’avais retiré du sac un bloc d’un million que j’ai dissimulé dans ma poche. Après le partage, je me suis retrouvé avec 3 millions de FCfa. J’ai acheté un véhicule avec ladite somme», fait-il savoir.
Pour sa part, I. Kane dira qu’il s’était chargé de neutraliser la victime et permettre à S. Sow de prendre le sac d’argent. Il avouera avoir perçu la somme de 2 millions de FCfa avec laquelle, il s’est payé un véhicule.
Quant à M. Sow, qui conduisait le véhicule avec lequel ils ont commis le braquage, il dira avoir perçu 2 millions de FCfa et a aussi acheté un véhicule. Pour le procureur de la République, les faits sont avérés et les prévenus ont réitéré leurs aveux devant les enquêteurs et les ont réaffirmés devant la barre.
Concluant son réquisitoire, le maître des poursuites a requis 10 ans de réclusion criminelle contre le cerveau, Ch. Diaw, et 5 ans de réclusion criminelle contre ses acolytes. L’affaire est mise en délibéré pour être vidée le 16 mai 2023
L’Obs