Benno et les Législatives : L’obsession Sonko, l’absent le plus présent

La liste des titulaires de Yewwi dont il était tête de file a beau être éliminée de la course, Ousmane Sonko reste l’absent le plus présent aux législatives de ce 31 juillet. La majorité Benno n’a d’yeux que pour lui. Sa moindre sortie est guettée, épiée et entraîne ipso facto un concert

On va finir par croire qu’ils sont hantés par le fantôme d’Ousmane Sonko. Ils n’ont qu’un nom à la bouche : le sien. Il ne figure sur aucune liste des huit coalitions en lice aux législatives de ce 31 juillet. Et pourtant, il est leur seule et unique cible. L’objet de toutes leurs attaques.

Tel Don Quichotte, les responsables de Benno donnent l’impression de se battre contre des moulins à vent en lâchant leurs banderilles contre le leader de Pastef. Lequel a visiblement réussi à les attirer dans son piège en s’imposant, sinon comme le principal challenger de la majorité, du moins comme un personnage central de ces législatives.

Eliminé de la course aux législatives depuis l’invalidation de la liste des titulaires de Yewwi par la Direction générale des élections et sa confirmation par le Conseil constitutionnel, Ousmane Sonko parvient malgré tout à jouer les premiers rôles. Mieux, il cristallise à lui tout seul les attaques de Benno qui en a fait son principal adversaire. Et c’est naturellement tout bénef’ pour le leader de Pastef qui n’en espérait pas tant après le rejet de la liste dont il était le chef de file.

Benno pris dans le piège de Sonko ?

S’il en est ainsi, c’est qu’en vérité Sonko a su manœuvrer pour ne pas se laisser éclipser malgré son retoquage. De la grande mobilisation du 8 juin à la Place de la Nation (Ex-Obélisque) jusqu’à son geste d’humeur de ce week-end à l’endroit de la Rts à Thiès, en passant par sa trouvaille, le concert des casseroles et ses déclarations intempestives, en particulier sur la Casamance, il a su se mettre au cœur du débat. S’attirant ainsi, après chacune de ses sorties, le tir groupé des responsables de Benno qui, inconsciemment, en ont fait le personnage central de ces législatives.

On se rappelle d’ailleurs que le 8 juin, devant des milliers de Sénégalais qui avaient répondu massivement à l’appel de sa coalition pour protester contre le rejet de leur liste de titulaires, Sonko avait su donner le ton et annonça la couleur. «Quand un ordre est manifestement illégal, il faut désobéir», avait-t-il lancé à cette occasion «Cette manifestation est un avertissement à Macky Sall. Nous lançons aujourd’hui notre précampagne. Notre seul ennemi est Macky Sall ».

Ce faisant, il avait tracé les contours de sa campagne avec pour seule cible le Président Macky Sall, sachant pertinemment qu’il allait déclencher systématiquement la réaction en chaîne des responsables de la coalition présidentielle à chaque fois qu’il lâcherait une de ses banderilles dont il a le secret. Il en sera ainsi pour son premier concert de casseroles qui connut un succès éclatant, même si le deuxième se caractérisa en revanche par un flop magistral. Mais, il a su titiller le camp d’en face à propos de la Casamance.

Ce fut à l’occasion d’un déplacement des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw), le 05 juillet dernier à Ziguinchor, pour présenter leurs condoléances aux familles des victimes de la manifestation interdite du vendredi 17 juin 2022.

En marge de cette visite, le leader du Pastef Ousmane Sonko avait déclaré que le chef de l’Etat Macky Sall avait la fâcheuse propension de stigmatiser la Casamance et les Casamançais. Une déclaration qui avait naturellement suscité un gros tollé du côté des défenseurs et partisans du Président. Lequel, en se lançant dans la campagne des locales, offre aussi une belle fenêtre de tir à son principal opposant. En tournée économique ( ?) à l’intérieur du pays, il a inauguré jeudi dernier l’aéroport de Saint-Louis remis à neuf pour la somme de 23 milliards francs CFA. Avant de procéder, durant son séjour à Saint Louis, au lancement des travaux de l’hôpital de 400 lits et des travaux de la digue de protection.

Bref, une immixtion dans la campagne des législatives qui le met sous un parfait angle de tir pour Sonko dont la seule cible reste et demeure le Président Macky Sall. Et il suffit qu’il envoie la moindre pique pour que le camp d’en face se déchaîne. Voilà comment Sonko réussit à être l’absent le plus présent à ces législatives du 31 juillet.

Le Vrai Journal

Pape Ismaïla CAMARA
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