Barthélemy convoqué le 1ier Décembre : Une chance pour l’opposition de battre campagne et de faire une démonstration de force

Le maire de Sacré Cœur-Mermoz pourrait bien déférer à la convocation de la Cour d’Appel de Dakar le 1er décembre prochain. Malgré les déclarations de refus de retourner au tribunal, c’est quasiment certain qu’il va revenir sur sa décision. Ce renvoi constitue une occasion en or pour mobiliser les populations à la veille de la campagne électorale Le Mandat

Le procès du maire de la commune de Sacré Cœur- Mermoz est-il devenu une épée de Damoclès contre le régime de Macky Sall qui est accusé de politiser le dossier. Son renvoi au 1ier décembre sera une occasion pour l’opposition de faire une démonstration de force dans la quête d’une meilleure promotion de son candidat à la mairie de Dakar, qui il faut le dire a déjà vu ses chances accrues par les péripéties qui ont accompagné sa convocation du 10 novembre courant.

En effet, cette politisation est difficile à nier, vu la gestion du dossier. Pour le chroniqueur judiciaire de Walf TV Pape Ndiaye sur le plateau de la télé du Front de Terre, « il est impossible de soustraire l’aspect politique car il a tellement duré et l’Etat semble vouloir l’utiliser pour mettre la pression sur Barthélemy» a –t-il soutenu.

Après la mort de Ndiaga Diouf, le maire de la commune de Sacré Cœur- Mermoz reconnu coupable pour coups et blessures ayant entraîné mort d’homme, avait purgé une peine de 6 mois et devait payer une amende de 25 millions. N’étant pas satisfait, il interjette appel. Depuis lors, le dossier était rangé aux oubliettes jusqu’au jour où le maire membre de la coalition BBY se radicalise. C’est qu’au moment où il a exigé que le Parti Socialiste devrait trouver un candidat issu de ses rangs qui le représentera à l’élection présidentielle de 2019, que le dossier a été déterré. Coïncidence ou timing calculé, il a fallu que Barthélemy pose un acte en participant à une manifestation de l’opposition qu’il reçoit une première notification pour déférer à une convocation sur l’affaire du meurtre de Ndiaga Diouf.

En effet, cette affaire qui date du 22 décembre 2011 et dont le premier jugement a été tenu le mois de février 2017 a été relégué au second plan contrairement au feuilleton politico-judiciaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar par laquelle Khalifa Sall a été condamné définitivement en un temps record. Et comme dit l’adage, chat échaudé craint l’eau froide, la convocation de Barthélemy Dias à la veille des élections locales alors qu’il est candidat favori à la mairie de Dakar, est jugé suspicieux puisqu’elle réveille de mauvais souvenirs. Car dans le passé, c’est par la même méthode que le régime a pu éliminer des adversaires politiques (Khalifa Sall et Karim Wade) en se servant de la justice comme une arme.

 

1ier décembre :   la chance de battre  campagne avant l’heure

Le renvoi du procès au premier décembre pourrait être une aubaine pour l’opposition dite radicale qui pourrait trouver là une occasion inouïe de se lancer définitivement dans la campagne en battant le rappel des troupes. Autant le pouvoir a fait de ce procès une épée de Damoclès suspendue sur la tête de l’opposant, autant l’opposition en fera de même contre un pouvoir dont le vent semble tourner en sa défaveur.

Donc comprendre la ruse politique de Ousmane Sonko qui a déclaré que «j’avais dit à Barth de ne plus déférer à la convocation mais ce droit lui incombe» est déjà révélateur. Donc dans chaque camp, c’est l’heure à l’étude d’attaque et de contre-attaque. Le pouvoir va-t-il entrer dans le piège de l’opposition?

Le procès de Barth scelle le pacte d’union de l’opposition

Aujourd’hui, Macky est contraint de changer de fusil d’épaule et de stratégie politique car, il a en face de lui une opposition incarnée par des jeunes mais pas inexpérimentés. Sur la communication, grâce à la convocation de Barthélemy ce 10 novembre dernier, le régime a donné une occasion au maire de Sacré Cœur -Mermoz et son mentor Khalifa Sall de sceller les retrouvailles alors qu’ils avaient des accointances nées du processus de désignation du candidat de Taxawu Dakar au sein de la coalition Yewwi Askan Wi où il fallait choisir entre Soham Wardini et Barthélemy. Outre ces retrouvailles entre ces deux socialistes « dissidents », Malick Gackou est sorti de l’ornière faisant taire les rumeurs selon lesquelles il flirtait avec le pouvoir ou avait l’intention de faire cavalier seul.

La convocation de Barthélémy Dias a permis à tous les leaders de YAW de se retrouver et de confirmer le pacte d’alliance. D’ailleurs, ceci s’est matérialisé par une stratégie de guerre qui a leur a été payante. Ousmane Sonko le leader de l’opposition, Malick Gackou tête de file du Grand Parti étaient au front pour accompagner Barthélemy Dias tout en sachant que le devoir de l’Etat est d’assurer leur protection.

Et de l’autre côté, Déthié Fall, Khalifa Sall et Habib Sy faisaient face aux médias. D’ailleurs les prolonga­tions vont se jouer avec Dr Babacar Diop, leader du parti FDS/Les Guelewars, qui est sorti le lendemain pour tirer sur Yankhoba Diattara à Thiès et reprendre le train en marche de la coalition YAW.

Grâce au charisme de ses leaders, l’opposition a réussi le pari de la mobilisation alors que depuis le 23 juin, (date de la dernière manifestation) elle n’avait plus tenu une manifestation politique à Dakar. Ce 1ier décembre, il y aura un remake pour accompagner Barth au tribunal. Certes le ministre de la justice Malick Sall a tâté le pouls en soutenant que le jugement peut se faire par contumace.

«Le tribunal a la possibilité de statuer en l’absence de la personne et de rendre sa décision. Et quand il rend une décision, le tribunal a les moyens de l’exécuter. Mais si j’avais un conseil à lui donner, ce serait de lui signifier que le mieux est d’assister soi-même. Cela permet à ton avocat de pouvoir vous défendre. Quand vous ne venez pas, votre avocat ne pourra pas vous défendre. Mais je pense qu’il parlait juste mais qu’à l’audience du 1ier décembre il viendra comparaître» soutient le Garde des Sceaux qui s’est exprimé au micro de nos confrères de IGFM.

Par cette sortie, le pouvoir semble évidemment douter de la sincérité de la déclaration de Barth qui n’est que politique car le régime est conscient que l’opposition ne ratera pas une si belle occasion pour le rappel des troupes et assurer le show qui risque de creuser l’écart face à des adversaires dont Abdoulaye Diouf Sarr candidat de la majorité présidentielle a reçu un coup de clap à sa défaveur.

Toutefois, il faut s’attendre à ce que le maire de Sacré Coeur- Mermoz maintienne le suspense jusqu’à la dernière heure pour changer d’avis sous prétexte du conseil de son entourage.

Autant que ce procès était un moyen de pression pour le régime, autant il est devenu une arme pour l’opposition qui y voit son compte. Grâce à cette convocation, elle bat le rappel des troupes une manière de mobiliser la foule, d’arrondir les angles et de permettre à son candidat à la mairie de Ville de Dakar d’occuper l’espace médiatique reléguant au second plan les actions du gouvernement.

Le Mandat

Mamadou Nancy Fall
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