Article publié dans le journal le monde (avec Afp) le 20 août 2009 «Il est si facile de falsifier de l’ADN»

Contrefaire de l’ADN dans le but de voler l’identité génétique d’une personne et tromper les enquêteurs sur une scène de crime est à la portée de n’importe quel étudiant en biologie

Des scientifiques israéliens ont découvert qu’il est aisé de contrefaire de l’ADN humain dans un but frauduleux de substitution d’identité génétique, notamment dans le cadre de relevés de scènes de crime.

Dans le numéro de juin de la revue scientifique trimestrielle FSI Genetics, le chercheur Dan Frumkin et ses collègues publient les résultats d’une étude au cours de laquelle ils ont produit des échantillons de sang à partir d’ADN falsifié. Ils ont ensuite fait tester ce sang par les laboratoires de pointe de la police scientifique, qui n’ont rien décelé d’anormal.

Selon ces chercheurs cités par The Sun, il n’est pas difficile, avec un matériel élémentaire et des connaissances équivalentes à celles d’un étudiant de première année en faculté de biologie, de fabriquer artificiellement des échantillons d’ADN qui peuvent être incorporés dans la salive et le sang humain. On peut ainsi disséminer directement de l’ADN faux sur le lieu d’un crime. «Aujourd’hui, les méthodes d’identification ne permettent pas de distinguer entre des prélèvements de sang, de salive ou des surfaces en contact avec de l’ADN artificiel», écrit M. Frumkin

Le FBI n’y a vu que du feu «Pour fabriquer de grandes quantités d’ADN artificiel, il suffit d’envoyer une tasse de café sale ou un mégot de cigarette à un laboratoire, et pour une somme relativement modique, l’échantillon d’ADN collecté peut être identifié, puis reproduit et réexpédié dans une éprouvette», explique à l’AFP Elon Ganor, PDG et co-fondateur avec M. Frumkin de Nucleix, une start-up israélienne spécialisée dans l’analyse d’ADN.

Il suffit alors d’implanter ces échantillons d’ADN, ainsi produits selon la technique dite de «l’amplification globale du génome», sur le lieu de n’importe quel crime. En conséquence, assure M. Frumkin dans Haaretz, «ce n’est qu’une question de temps avant que les criminels ne commencent à produire de l’ADN contrefait». Les chercheurs de Nucleix sont aussi capables de modifier l’ADN du sang par centrifugeuse en séparant les cellules rouges des blanches qui contiennent l’ADN d’un individu.

L’ADN artificiel est alors ajouté aux cellules rouges, ce qui lui confère un nouveau profil. Un procédé des plus efficaces puisque un laboratoire aux Etats-Unis, qui coopère avec les médecins légistes du FBI (police fédérale américaine), n’a pas réussi à identifier la contrefaçon, raconte M. Ganor.

La preuve presque parfaite Pour contrecarrer cette possibilité de fraude, Nucleix a développé une méthode scientifique d’authentification de l’ADN qui distingue entre faux et vrais échantillons d’ADN ou même d’identifier de l’ADN «contaminé» par mélange de plusieurs ADN, et qui permettrait de lutter contre le vol d’identité génétique.

Le recours à l’analyse ADN constitue actuellement un des outils les plus performants, sinon le plus efficace, pour les enquêtes criminelles. «Dans beaucoup de procès, l’ADN permet de confondre ou d’acquitter un accusé au-delà de tout doute raisonnable», souligne Adam Friedmann, un spécialiste israélien de l’analyse ADN, du centre universitaire Ruppin.

«Le profil ADN est une excellente technique en constante amélioration qui permet une identification sûre à pratiquement 100 %», insiste M. Friedmann. Selon lui, grâce à cette méthode, il est désormais de moins en moins nécessaire d’apporter d’autres types de preuves pour établir la responsabilité criminelle d’un suspect. »

S Quotidien Yor Yor

Saphiétou Mbengue
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