Après Macky Sall : Quel héritage pour le Sénégal ?

Depuis l’accession du Président Macky Sall, on assiste de plus en plus à des dérives inquiétantes de la part de certains de ses partisans, qui jouent avec le feu sans mesurer les conséquences dramatiques qui peuvent résulter de leur inconscience.

Pire, le chef de l’État qui est garant de l’unité nationale ne fait rien pour les rappeler à l’ordre.  À voir ce qui est en train de se passer actuellement au Sénégal où des individus caractérisés par une certaine indigence d’esprit se mettent à vouloir mettre en péril notre commun vouloir de vivre ensemble, en agitant des antagonismes qui peuvent mettre le feu dans ce pays, on ne peut s’empêcher de penser à ces propos du doyen Mamadou Dia :

«Notre société politique et civile connaît une profonde crise des valeurs. Elle a besoin que des voix s’élèvent, celles des patriarches modernes, pour procéder aux mises en garde nécessaires et rappeler ses fondements afin que le grain ne meure, afin que le village ne brûle et ne soit bientôt que cendres sur lesquelles les générations de dépaysés n’auront plus qu’à pleurer».

En tout cas, il est temps que des voix s’élèvent avant que l’irréparable ne se produise. Et ce qu’il convient de reconnaître est que c’est sous la gouvernance du Président Macky Sall que l’on a assisté à des dérives extraordinaires où des gens au nom de leur croyance ou au nom de leur appartenance ethnique s’attaquent à d’autres personnes par rapport à leur croyance et à leur appartenance politique.

Et ce qui est le plus regrettable dans cette situation est le fait que l’on n’a jamais vu ou entendu le président de la République prendre des décisions pour sanctionner sévèrement de tels dérapages.

Pourtant, dans son serment, il a juré «devant Dieu et devant la Nation de remplir fidèlement la charge de Président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois…».

Laquelle Constitution en son article (…) stipule : «Tout acte de discrimination raciale, ethnique ou religieuse, de même que toute propagande régionaliste pouvant porter atteinte à la sécurité intérieure de l’État ou à l’intégrité du territoire de la République sont punis par la loi».

On a entendu une dame insulter toute une communauté sans que le gardien de la Constitution ne pipe mot. Au contraire, elle a même été envoyée à l’étranger. Un autre, député de notre auguste Assemblée, s’est permis d’appeler au génocide en «machetant» tous ceux qui seraient contre le 3ème mandat du Président Sall.

Là aussi, silence radio du côté du gardien de la Constitution. Et aujourd’hui, c’est un promoteur de la violence, thuriféraire du président qui vient en rajouter une couche en tenant des énormités que la décence publique interdit de reproduire. Autant de déclarations malheureuses qui peuvent saper notre cohésion nationale.

Car, si dans nombre de pays africains, on s’étripe pour des différences ethniques ou religieuses, le Sénégal est un pays où l’appartenance ethnique ou religieuse n’a jamais posé problème.

Pour exemple, le Président Senghor qui a eu à diriger le Sénégal durant deux décennies était chrétien et il a eu à bénéficier du soutien des marabouts au détriment de Lamine Guèye, un musulman pure souche. Donc, il faut que nous continuions à faire de nos différences, une source de complémentarité et non d’antagonisme.

C’est pourquoi, tous les Sénégalais doivent faire bloc et exiger que tous ceux qui veulent semer les graines de la division dans notre cher Sénégal soient sévèrement châtiés. Et si le Sénégal est considéré comme un pays d’exception, c’est parce que nos différences ont toujours été des sources de complémentarité et non d’antagonisme.

Donc, cultivons la paix et la tolérance et évitons que des politiciens en perte de vitesse veuillent pour des ambitions inavouées remettre en cause notre belle cohabitation harmonieuse pour assouvir leur dessein. Le Sénégal est un et indivisible, a t-on coutume de dire.

Donc, le Président Sall est appelé, d’une manière ou d’une autre, à savoir partir sans tache, car il ne faudrait pas qu’il nous légue un pays en lambeaux, étant donné qu’il est le premier rempart pour l’unité de la Nation

Tribune

Mamadou Nancy Fall
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