Alimentation : Pourquoi il est nécessaire de réduire les pertes et le gaspillage de nourriture?

D’après un communiqué de la FAO sur ce sujet, la réduction des pertes et gaspillages de nourriture est susceptible d’offrir de nombreux avantages: elle permet d’augmenter la quantité d’aliments disponibles pour les personnes les plus vulnérables, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, d’alléger la pression exercée sur les ressources en terres et en eau et d’accroître la productivité et la croissance économique.

À cette fin, le Directeur général de la FAO et les partenaires ont appelé à recourir à l’innovation, tant technologique qu’opérationnelle (par exemple au moyen de solutions technologiques au service de la gestion après récolte, de nouvelles méthodes de collaboration et de meilleurs modes de conditionnement), à assouplir les réglementations et les normes qui fixent les critères esthétiques concernant les fruits et légumes, à améliorer les habitudes de consommation.

A cela s’ajoute l’élaboration des politiques publiques visant à diminuer le gaspillage de nourriture (par exemple des directives en faveur de la redistribution d’excédents d’aliments sans danger pour la santé à des personnes dans le besoin par l’intermédiaire de banques alimentaires) et à établir des alliances, y compris au-delà du secteur alimentaire (par exemple avec les acteurs concernés par le climat).

La FAO se dit convaincue que les interventions qui consistent à sensibiliser le public à la réduction du gaspillage de nourriture, à investir dans les infrastructures des chaînes d’approvisionnement, à former les agriculteurs aux meilleures pratiques et à réformer les programmes de subventions alimentaires qui contribuent involontairement aux pertes et gaspillages de nourriture sont plus avantageuses que d’autres mesures.

Briser le cercle vicieux des pertes et gaspillages de nourriture permettrait de se rapprocher de la cible fixée en 2015 par l’Accord de Paris, qui consiste à limiter le réchauffement climatique à moins de 2 °C. Une réduction de 25 pour cent des pertes alimentaires, par exemple, compenserait les dommages environnementaux que provoquerait à l’avenir l’affectation de terres à l’agriculture. En outre, il ne serait pas nécessaire de détruire plus de forêts pour produire davantage de nourriture, sachant qu’une telle destruction aurait des effets dévastateurs sur le climat.

Les innovations technologiques peuvent aussi contribuer à limiter les effets indésirables sur l’environnement tout en permettant d’économiser de la nourriture. Au Kenya et en Tanzanie, par exemple, une technologie solaire qui sert à maintenir le lait au frais, mise en place dans le cadre d’un projet financé par la FAO et la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), l’Agence allemande de coopération internationale, a permis d’éviter les pertes de lait sans entraîner d’émissions supplémentaires de gaz à effet de serre. Grâce à cette technologie, la Tunisie économise trois millions de litres d’eau par an.

Qu’entend-on par «pertes et gaspillages de nourriture»?

On parle de pertes de nourriture lorsque des aliments sont abîmés ou renversés avant d’atteindre la dernière étape de production ou d’entrer dans le circuit de la vente au détail. Les produits laitiers, la viande et le poisson peuvent par exemple s’altérer s’ils sont stockés dans des entrepôts frigorifiques inadaptés ou s’ils sont transportés dans des structures réfrigérées qui ne conviennent pas.

Selon les estimations de la FAO, 14 pour cent des aliments sont ainsi perdus chaque année, ce qui correspond à un montant de 400 milliards d’USD.

S’agissant des émissions de gaz à effet de serre, la nourriture perdue représente environ 1,5 gigatonne d’équivalent CO2.

Les pertes sont plus élevées dans les pays en développement. Elles atteignent, par exemple, 14 pour cent en Afrique subsaharienne et 20,7 pour cent en Asie du Sud et en Asie centrale, contre 5,8 pour cent en moyenne dans des pays développés comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Elles concernent principalement les racines, tubercules et oléagineux (25 pour cent), les fruits et légumes (22 pour cent) et la viande et les produits d’origine animale (12 pour cent).

On parle de gaspillage de nourriture lorsque des aliments sont jetés par des consommateurs ou éliminés dans le cadre du commerce de détail parce qu’ils ne correspondent pas à des normes de qualité strictes ou, comme cela arrive souvent, en raison d’une méconnaissance de la signification des dates inscrites sur le produit. L’évaluation du gaspillage de nourriture est un exercice complexe. Cependant, nous savons que les aliments non consommés sont un gaspillage de ressources (main-d’œuvre, terres, eaux, sols et semences) et accroissent inutilement les émissions de gaz à effet de serre.

Momar Diack SECK
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