Algérie : Le lanceur d’alerte Noureddine Tounsi mis en examen pour espionnage, PPLAAF exige sa libération

Une figure de la lutte contre la corruption est placée en détention provisoire. Les autorités algériennes devraient immédiatement libérer le lanceur d’alerte Noureddine Tounsi, arrêté le 21 septembre 2020 à Oran puis mis en examen et placé en détention provisoire le lendemain, a déclaré aujourd’hui la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF).

« PPLAAF est une ONG indépendante, qui aide juridiquement celles et ceux qui veulent révéler des activités illégales ou contraires à l’intérêt général africain, pour y mettre un terme », a déclaré Henri Thulliez, directeur de PPLAAF. « Après que les autorités algériennes ont accusé Reporters sans frontières de « déstabiliser » le pays, elles accusent PPLAAF et un courageux lanceur d’alerte d’espionnage. Tout est bon pour réduire au silence les vigies de la démocratie. C’est très regrettable »

Noureddine Tounsi est le lanceur d’alerte à l’origine de révélations sur des faits de corruption au sein de l’Entreprise Portuaire d’Oran (EPO). Les révélations de M. Tounsi datent de 2017 et avaient été largement relayées par la presse locale. Après avoir alerté en vain sa hiérarchie, il avait décidé de les rendre public.

M. Tounsi a été mis en examen le 23 septembre 2020 par un juge d’instruction. Il serait notamment soupçonné d’intelligence avec des agents d’une puissance étrangère et divulgation de secret d’entreprise.

« Après la condamnation du journaliste Khaled Drareni pour « incitation à attroupement non armé et atteinte à l’unité nationale » et « à l’intégrité du territoire national », voilà que les autorités algériennes se distinguent en cherchant à emprisonner un lanceur d’alerte pour « espionnage » », a déclaré William Bourdon, président de PPLAAF.

Son employeur avait déposé plusieurs plaintes contre lui, notamment pour injure, diffamation et divulgation de secrets d’entreprise, ce qui s’apparentait à des représailles. Le 1er juin 2018, il avait déjà été arrêté avec le journaliste Said Boudour, puis libéré le 4 juin 2018 et placé sous le statut de témoin. Depuis, malgré les nombreuses procédures judiciaires déclenchées contre lui, il continuait à s’exprimer publiquement sur les affaires de corruption en Algérie.

Cette fois, Noureddine Tounsi aurait notamment été accusé d’espionnage au prétexte qu’il aurait partagé des informations avec PPLAAF. Son avocat a demandé la liberté provisoire le 27 septembre.

PPLAAF est en relation avec Noureddine Tounsi depuis la fin de l’année 2017. A cette époque, la presse locale avait déjà publié l’ensemble de ses révélations. Depuis, PPLAAF s’est contentée de l’appuyer dans sa défense judiciaire, alors qu’il était visé par un nombre impressionnant de procédures concomitantes.

Pape Ismaïla CAMARA
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