Agriculture : Les agences alimentaires de l’ONU intensifient leurs efforts visant à lutter contre les inégalités entre les sexes en milieu rural

Trois agences des Nations Unies ont  lancé hier une nouvelle initiative mondiale soutenue par l’Union européenne, pour lutter contre les causes premières des inégalités entre les sexes en milieu rural et renforcer les efforts visant à éradiquer la faim, mais aussi ceux visant à améliorer la nutrition et à promouvoir une agriculture durable.

Ainsi l’UE financera, à hauteur de 5 millions d’euros, un programme d’une durée de 5 ans et mené par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM).

L’initiative conjointe sur les stratégies transformationnelles basées sur le genre a été lancée lors de l’événement de haut niveau «Développer les approches transformationnelles centrées sur le genre pour réaliser l’ODD2 visant à mettre un terme à la faim, à parvenir à la sécurité alimentaire, à améliorer la nutrition et à promouvoir l’agriculture durable», organisé par la FAO, le FIDA, le PAM et l’UE, au siège de la FAO à Rome.

Un communiqué de la FAO parvenu à notre rédaction informe que le programme a pour objectif de faciliter des changements transformateurs en vue d’autonomiser les femmes, les hommes, les garçons et les filles dans les ménages, communautés et institutions en zone rurale et bien au-delà.

Il s’agit notamment d’aller au-delà du traitement des symptômes conduisant à l’inégalité des sexes et à la discrimination, à l’image par exemple de l’accès limité aux ressources et aux bénéfices afin de lutter contre les normes et comportements sexistes discriminatoires et les rapports de force inégaux.

L’Union européenne et les trois agences de l’ONU partagent l’opinion qu’il est essentiel de parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition.

«En faisant la promotion de changements transformateurs au niveau du rôle des hommes et des femmes, nous pouvons montrer la voie et parvenir à l’égalité des sexes au sein des communautés, des ménages ruraux, des organisations rurales, chez les fournisseurs de service, chez les autres acteurs des chaînes de valeur et notamment au niveau du processus politique», a déclaré M. Daniel Gustafson, Directeur général adjoint de la FAO chargé des Programmes.

«Cette mission conjointe permettra d’améliorer les synergies et l’efficacité des projets, donnant ainsi aux agences l’occasion de partager leur expérience en matière de stratégies transformationnelles innovantes en ce qui concerne le genre. Une étape qui sera essentielle afin de stimuler les économies et d’éradiquer la pauvreté et la faim», a indiqué Mme Sara Mbago-Bhunu, Directrice de la Division Afrique de l’Est et australe du FIDA.

«L’UE a déjà commencé à encourager des changements au niveau du rôle des hommes et des femmes dans le secteur rural lors d’un événement conjoint de haut niveau qui s’est déroulé à Rome en 2016. Depuis lors, l’UE œuvre à promouvoir des changements au niveau du rôle des hommes et des femmes  et fait son possible en vue de se débarrasser de normes structurelles rigides qui discriminent les femmes et les filles. L’UE a toujours considéré les agences alimentaires basées à Rome comme les partenaires idéaux pour mettre en œuvre ce programme», a souligné l’Ambassadeur européen, M. Jan Tombinski.

L’égalité des sexes essentielle pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition

L’écart entre hommes et femmes pèse sur la société. Dans un rapport publié en 2011, la FAO estime que la réduction de cet écart dans l’agriculture pourrait avoir pour effet d’augmenter de 30 pour cent les rendements des exploitations dirigées par des femmes, générant ainsi des gains importants en termes de sécurité alimentaire, de croissance économique et de sécurité sociale.

De nombreuses études ont également montré que lorsque les femmes sont en mesure de gagner leurs propres revenus, elles réinvestissent, en majorité, leurs recettes dans leurs familles – au niveau de l’alimentation, des soins de santé, des études et des activités agricoles – ce qui est fondamental pour le développement agricole.

Les considérations liées au sexe sont essentielles lorsqu’il s’agit d’interventions humanitaires car les crises ont un impact différent sur la vie des femmes, des hommes, des filles ou encore des garçons. Les impacts des conflits, des catastrophes naturelles ou encore des mauvaises récoltes ne sont pas neutres sur le plan du genre. Une récente analyse du PAM, menée dans 188 pays, révèle que de tels chocs réduisent de manière plus importante l’espérance de vie des femmes que celles des hommes.

En plus de réduire les pires répercussions d’une crise humanitaire, œuvrer à transformer les vies des femmes et des filles peut aussi aider à lutter contre les inégalités qui les excluent et les discriminent de manière efficace. Par exemple, fournir une aide alimentaire avec des transferts d’argent offre aux femmes l’opportunité d’accéder aux ressources, ce qui équivaut à leur donner un plus grand pouvoir de décision dans les finances de leur ménage.

Promouvoir la collaboration entre agences pour parvenir à l’égalité des sexes

L’inégalité entre les sexes en milieu rural est un problème complexe qui revêt plusieurs facettes et aucune organisation ne peut lutter seule contre cela. Les trois agences alimentaires basées à Rome sont bien placées pour développer des méthodologies agricoles innovantes, des programmes de développement humanitaire et pour encourager le développement des capacités afin de promouvoir des stratégies transformationnelles basées sur le genre.

Une telle approche requiert de travailler avec des décideurs politiques issus de tous les secteurs et au même moment d’autonomiser les femmes, que ce soit à l’échelle individuelle ou collective. Cela signifie de prendre les hommes pour alliés; d’enlever les barrières structurelles, politiques, économiques, culturelles et sociales qui favorisent les inégalités et limitent l’accès des femmes aux ressources et aux biens, ainsi que leurs droits, et de promouvoir la participation des femmes dans le processus de prise de décision à tous les niveaux de la société.

 

Pape Ismaïla CAMARA
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