Depuis Bruxelles, le Maroc et l’Union Européenne ont statué, par voie de communiqué, sur le sort de leur coopération dans le domaine de la pêche ce jeudi 13 juillet. Revue de détails.
A quelques jours de l’expiration de son protocole, l’accord de pêche Maroc-Union européenne a fait l’objet d’une réunion à Bruxelles entre les autorités marocaines et leurs homologues européens dans le cadre d’une commission mixte sur la pêche.
Après une évaluation globale de la mise en œuvre du protocole de pêche entré en vigueur le 18 juillet 2019 pour une durée de 4 ans, les deux parties ont convenu de “poursuivre leur coopération comme le prévoit l’accord de Partenariat dans le domaine de la pêche durable, qui demeure en vigueur, de manière à approfondir leur partenariat bilatéral”, indique le communiqué conjoint publié à l’issue de la 5ème session de ladite commission.
Ce partenariat, rappelle la même source, porte essentiellement sur “les campagnes scientifiques, la coopération technique, la lutte contre la pêche illégale, l’intégration économique des opérateurs, les dispositifs de sécurité en mer et d’amélioration des conditions de travail et de protection des marins”.
Il en va de même pour la coopération scientifique, qui va se poursuivre, sur la base des recommandations contenues dans le rapport établi par le comité scientifique conjoint. Objectif commun : assurer la durabilité de la ressource halieutique dans la région.
Au-delà de l’expiration du protocole de pêche, qui arrive à son terme le 17 juillet courant, “les projets pour le développement du secteur de la pêche au Maroc pourront se poursuivre comme prévu par celui-ci”, en raison de l’impact socio-économique positif sur le secteur, la pêche artisanale, et l’aquaculture durable. Ces projets, qui profitent aux jeunes entrepreneurs et aux coopératives de pêcheurs, ont permis de créer de l’emploi et d’insérer les femmes et les jeunes dans la vie active.
Satisfecit de Rabat et Bruxelles
Les deux parties, liées par un accord d’association, signé en 1996 et entré en vigueur le 1er mars 2000, ont qualifié leur coopération d’exemplaire, puisqu’elle a permis, en toutes circonstances, “des opérations des navires artisanaux et industriels, une gouvernance transparente et rigoureuse du protocole, ainsi qu’un suivi scientifique continu de l’état de la ressource halieutique”. Le communiqué souligne également “une mise en œuvre satisfaisante de l’accord de pêche et de son protocole dans ses différentes dimensions”
Côté marocain, la diplomatie chérifienne a fait état d’une coopération « positive et mutuellement bénéfique » durant ces 4 années, lors d’un point de presse à l’issue de la 3e Réunion ministérielle du Processus des États africains atlantiques, mercredi le 12 juillet. “Préserver cette ressource naturelle importante et pour le Maroc et pour les Marocains, et assurer sa durabilité”, telle a été la priorité de l’Exécutif marocain, lors de son évaluation de cet accord de pêche, en concertation avec ses partenaires européens.
La partie européenne, pour sa part, a indiqué clairement et sans équivoque qu’elle accorde à son partenariat avec Rabat en matière de pêche « la plus haute importance ». Et de rappeler « l’intérêt essentiel » qu’elle attache à sa poursuite « dans un esprit de confiance, de solidarité et d’intérêt mutuel ».
La dimension politique au cœur du partenariat Maroc-UE
L’imminence de la date d’expiration du protocole de pêche, sans qu’aucune négociation ne soit engagée pour son renouvellement, a fait l’objet de nombreuses spéculations ces derniers mois, notamment sur le sort du partenariat euro-marocain dans le domaine de la pêche, et ceci pour une raison : le verdict de la justice européenne, le 29 septembre 2021, portant sur l’annulation des décisions du Conseil européen au sujet des accords agricole et de pêche avec le Maroc, a donné raison à une plainte déposée par le Polisario. Les 27 ont depuis interjeté appel contre la décision du Tribunal Européen. Cependant, Bruxelles et Rabat ont convenu de poursuivre leur partenariat commercial.
Alors que le verdict ne serait attendu qu’en 2024, la prorogation de l’accord de pêche entre le Maroc et l’UE a été rendue difficile, comme l’explique le Commissaire européen à l’Environnement, Virginijus Sinkevicius, s’exprimant à ce sujet lors du sommet des ministres de l’Environnement des 27 à Valladolid. “Nous voulons le renouvellement dès que possible, mais nous avons d’abord besoin d’éclaircissements de la part du tribunal”, affirme le responsable européen.
Dans les faits, le protocole de pêche permet à 128 navires européens, dont 92 navires espagnols, en échange d’un montant de 208 millions d’euros pour les 4 ans, d’accéder aux zones de pêche des eaux atlantiques marocaines, y compris au large du Sahara. Étant le principal bénéficiaire de ce régime, l’Espagne, qui tire 20 % de sa production totale des poissons des eaux marocaines, s’est retrouvée face à une situation incertaine, qui a suscité de vives inquiétudes dans le pays, puisque des milliers de pêcheurs et leurs familles vivent de cette activité.
Ecofin