Une histoire sordie, l’homme sénégalais en sursis Par Jeanne Sané

En mars 2021 un homme a été mis en examen pour viol. Il est soupçonné de viol et menace de mort avec 2 armes à feu. Accusations faites par une masseuse de 20 ans.

Comme toute personne respectant « l’Etat de droit » la majorité des Sénégalais lui ont donné le bénéfice du doute malgré un récit douteux de toutes les parties, motivé peut-être par la peur, par la surprise, par le choc, par la honte ou juste par une volonté de tromper.

Qui sait ?

Nous avons donné le bénéfice du doute à la jeune fille malgré toutes les révélations scandaleuses faites par cette dernière entre 2021 et 2023 et malgré tous les témoignages qui portaient à croire que c’était une fausse accusation de viol.

En tant que femmes sénégalaises conscientes que la femme doit se prévaloir de tous les droits et libertés proclamés par les conventions, beaucoup de femmes sénégalaises ne se sont pas prononcées car voulaient lui laisser ce fameux bénéfice du doute en se disant qu’elle avait peut-être plus de preuves qu’on ne pouvait imaginer.

Malgré tous les témoignages contre son accusation et même un certificat médical qui depuis le début n’était pas à son avantage, malgré un certificat médical qui pouvait être un motif de clôture d’une procédure judiciaire, nous avons pris notre mal en patience.

Entre temps 14 personnes ont perdu la vie paix à leur âme, des citoyens ont perdu leurs commerces, d’autres ont eu des blessures graves, des journalistes se sont retrouvés en prison ainsi que des centaines de jeunes, le métier de masseuse diabolisé, des masseuses se sont retrouvées au chômage, des salons de massage en faillite à cause d’une calomnie presque généralisée collective et sans pitié de presque toute la société oubliant qu’il n’y a pas de sots métiers et qu’il ne faut jamais généraliser dans la vie.

 

Des familles divisées, des amitiés brisées, une économie et un tourisme sénégalais qui sont affaiblis impliquant ainsi des millions d’emplois.

Et depuis ce jour le quotidien et la tranquillité des Sénégalais ont été pris en otage par cette histoire qui comme un ouragan fit disparaitre toute l’élégance, la pudeur, la classe et le respect qui existaient dans le monde politique sénégalais et dans le quotidien de certains Sénégalais.

Pour laisser place à la manipulation, la suspicion, le pêché d’avoir presque TOUS autant que nous sommes, romancé dans nos têtes une histoire sans aucune certitude.

Pire encore, naquit dans le paysage médiatique et sur les réseaux sociaux une guerre de communication sans pitié.

Un Dossier Lourd qui a créé des experts médiatiques, des professions honteuses et même des stars.

Notre inquiétude pour les vraies victimes de viol dans ce pays doubla d’un seul coup nous ne laissant aucun choix.

La boite de pandore venait d’être ouverte par cette accusation.

Le destin des Sénégalais est désormais soumis à une instabilité perpétuelle pendant plus de 2 ans et leur vie commença à osciller.

Avec la peine, la douleur des injures, la fatigue physique des uns et mentale des autres, la partisannerie passionnelle, la corruption de certains pauvres affamés puis gavés pour rejoindre une guerre de communication sans état d’âme, le malheur et la mort.

Une ouverture de cette boite qui a bousculé l’historique solidarité des classes, qui a bousculé l’ascenseur social sénégalais comme pour dire aux plus aisés, aux hommes ambitieux et à la classe « supérieure » que vous devez restreindre votre liberté de mouvement envers les classes les moins aisés sinon la même chose pourrait vous arriver.

Et voilà notre fameux Soutoura foudroyé.

Oubliant ainsi que dans ce beau pays qu’est le Sénégal, des femmes ont été réellement des cendrillons, car certains hommes d’une classe sociale « supérieure » ont épousé dans ce pays des femmes d’une classe sociale « moins aisée » et les ont fréquentées dans leur milieu dit hostile ou pas fréquentable avant de les prendre comme épouses.

Nos réalités étant totalement différentes de l’occident où certains problèmes sociaux ont été réglés, demander aux hommes sénégalais ambitieux de limiter leur mouvement pourrait marginaliser des hommes et des femmes d’une certaine classe sociale dans ce pays.

 

Cette situation a également conduit à la division des classes sociales dans un pays où TOUS étaient UN malgré toutes les différences, malgré toutes les divergences possibles et ceci dans la pudeur et la discrétion.

L’histoire d’une masseuse venait de voler à certains hommes sénégalais qui sont génétiquement polygames ou disons aux hommes d’avant mars 2021, qui se déambulaient dans la discrétion et la pudeur totale dans tous les milieux de notre modeste société en toute liberté, leur Liberté.

Une masseuse qui par ses déballages publics assez contradictoires venait aussi de voler aux femmes sénégalaises la pudeur de la sexualité et par la même occasion banalisant ainsi à chaque sortie médiatique digne d’une star de cinéma un acte odieux qui s’appelle Viol.

Le mythe joua sur les apparences pendant plus de 2 longues années car ce groupe d’individus et tous ceux qui sont mêlés de près ou de loin à cette histoire sordide ont libéré inconsciemment des maux invisibles, inaudibles, imprévisibles comme « les défauts d’une femme cachés sous sa beauté » spectaculaire.

Le respect mutuel, le respect de la vie privée et le respect de la vie intime des Sénégalais sont morts.

Cette histoire a ouvert une porte depuis mars 2021 qui nous a fait assister à un concours de déballage vulgaire, malsain, un concours de calomnie publique par moment récompensé et même parfois relayé par certaines personnalités publiques.

Des accusés qui crient au complot politique, des accusateurs qui crient à la protection de la femme, au respect de la justice et protégent la supposée victime comme un lingot d’or oubliant qu’elles étaient 2 femmes à protéger par impartialité (celle qui accuse et la propriétaire du salon qui était aussi une accusée).

Et une masse silencieuse emprisonnée lentement et sûrement par le pouvoir d’une part et l’opposition d’autre part.

Une masse silencieuse tympanisée, dérangée dans son quotidien.

Une masse silencieuse qui n’a rien demandé mais à qui ont exigea involontairement ou pas, inconsciemment ou pas de prendre parti.

Complot politique, opportunité politique ou juste accusation réelle d’un citoyen contre un autre citoyen ; une triste présumée histoire de viol se transforma en guerre politique sadique digne de ce film mafia appelé la Camorra. Car chantage, corruption, fausses vidéo, faux usage de faux, propos injurieux, harcèlement, acharnement, appels à la résistance, méfiance envers la justice qui lentement et progressivement n’a rien fait non plus pour briser cette méfiance.

Rien n’a été laissé au hasard.

 

La méfiance s’amplifiant à tort ou à raison (chacun fera son intime jugement).

La désobéissance s’installa, des procès d’intentions et un procès moral.

Un film sans logique assez dégoûtant.

Au milieu de ses deux camps une jeunesse innocente mais consciente :

les jeunes forces de l’ordre d’un côté, les jeunes civils de l’autre côté, d’autres jeunes motivés par l’alimentaire qui sortent moyennant de l’argent, des jeunes qui ne sortent pas mais qui apportent leur contribution par les nouvelles technologies ou d’autres qui utilisent ces nouveaux moyens comme arme, des parents stressés qui ne savent plus où donner la tête et une masse silencieuse qui n’ose pas se prononcer certains par honte de se déclarer appartenir à un camp ou un autre et d’autres par peur d’être victimes d’une arrestation arbitraire ou par peur pour leur profession (leur gagne-pain).

Une histoire sordide qui techniquement aurait pu prendre fin pour nous laisser fermer la boite de pandore dans la vérité et rien que la vérité.

Afin de nous permettre de faire notre deuil national tranquillement ce 1er juin 2023 puisque l’accusé avait été lavé des deux accusations : viol et menace de mort avec deux armes à feu.

Mais non !

Pour je ne sais quelle raison alors qu’il n’est pas jugé pour avoir eu de relations consentantes ou pas avec cette fille ni pour avoir donné un pourboire ou pas, la justice sénégalaise décida de condamner l’accusé principal de corruption de jeunesse :

2 ans de prison ferme et 20 millions de FCFA à remettre à la présumée victime.

Corruption de jeunesse dit-on « Quiconque aura attenté aux mœurs en excitant, favorisant ou facilitant habituellement la débauche ou la corruption de la jeunesse de l’un ou l’autre sexe au-dessous de l’âge de vingt et un ans, ou, même occasionnellement, des mineurs de seize ans. »

Une sentence qui a laissé la boite ouverte.

16 morts supplémentaires paix à leur âme, de la peine, de la tristesse, du désespoir, une grosse déception, de la douleur supplémentaire et beaucoup plus de dégâts matériels.

Une faculté de droit saccagée, un geste déplorable mais un message très fort pour le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire signe d’une confiance rompue.

Pire qu’en mars 2021, les conséquences de cette sentence sont incommensurables et notre inquiétude plus que jamais présente.

Rebelote la justice semble inconsciemment confirmer la division sociale comme pour dire à tous les hommes stables socialement, vous ne pouvez non seulement plus aller dans certains endroits car ça peut être dangereux pour vous mais pire encore vous devez aussi faire attention aux jeunes filles âgées de moins de 21 ans, vous ne pourrez plus leur laisser un pourboire, vous n’avez plus le droit si vous avez des ambitions d’avoir une relation amoureuse ou d’être tout simplement généreux avec une femme de moins de 21 ans à moins que vous n’ayez 21 ans ou que vous soyez avec une femme d’un milieu social inferieur au vôtre.

Hommes sénégalais du pouvoir ou de l’opposition, apolitiques ou non vous êtes tous en sursis.

La justice semble confirmer aux femmes d’une certaine classe sociale, que cendrillon n’existe pas, car désormais les pauvres resteront avec les pauvres et les riches avec les riches.

Une justice qui par ses actes a redéfini la Teranga sénégalaise, la solidarité inconsciente d’un peuple et la nonchalance de certains sénégalais.

Pendant ce temps de vraies victimes, des jeunes filles et femmes sénégalaises et même des garçons attendent péniblement que justice leur soit rendue.

Une sentence de division des politiciens, de division des classes sociales, de division du peuple.

Cette sordide histoire me rappelle le point de vue de TSun TZU dans l’art de la guerre ; Il disait que : « Lorsqu’un ennemi s’enfuit, il faut lui laisser une porte de sortie, sinon il se bat avec la « rage du désespoir » et risque d’infliger des pertes sévères, surtout s’il se sait perdu. »

Deux Groupes sont en train de se battre avec la rage du désespoir :

L’un menacé de poursuites judiciaires et de rendre des comptes après son mandat et l’autre menacé d’être inéligible avec une violation de sa vie intime doublée d’une calomnie.

Et nous les otages de ce combat.

Nitt nak ken doko topp Bamou seusss.

 

Sacré jeune fille victime des failles d’une société ou juste cupide ? Je ne sais pas.

Mais je sais que dans tous les cas, quand une personne porte plainte en tant que victime de viol et que la justice nous laisse croire qu’aucun viol n’a eu lieu, à mon avis de simple citoyen de 4 choses l’une :

  1. Soit vous avez des problèmes de mémoire involontaires et votre place est dans une maison spécialisée pour vous soigner voire dans un asile de fou.
  2. Soit vous souffrez de mythomanie doublée de mensonge délibéré et votre place est aussi dans une maison spécialisée pour vous soigner voire dans un asile de fou.

 

  1. Soit vous êtes une arnaqueuse professionnelle qui a réussi à arnaquer et bluffer beaucoup de Sénégalais et même de hautes personnalités publiques, juste pour vivre dans le confort et avoir de la visibilité en formulant une accusation fallacieuse de viol.

Dans ce cas vous vous êtes exposée à des poursuites civiles et pénales pour « avoir fait perdre son temps à la police et aux Sénégalais » et  pour « détournement du cours de la justice ayant entrainé une révolte et la mort de 30 personnes au total ».

  1. Soit vous avez été manipulée par un groupe de personnes comme vous l’avez si bien dit dans un enregistrement que vous aviez vous-même confirmé comme étant une blague et dans ce cas c’est eux qui doivent être jugés pour corruption de jeunesse – homicide volontaire et non l’accusé. Et la fille pour d’autres chefs d’accusations telle que la diffamation, la calomnie et autres.

 

Quelqu’un m’a dit un jour que la base de tout ceci est l’histoire d’un chef de groupe en fin de règne qui voulait rester chef de son groupe tout simplement.

Mais une grande partie des membres du groupe rejeta sa décision.

Alors il décida que nul ne sera chef et commença par éliminer ceux qui aspiraient à le remplacer et à taper sur certains membres. Ainsi, tous les autres membres du groupe sont devenus par la même occasion comme des dommages collatéraux.

En résumé de cette histoire très banale que ce Monsieur m’a raconté, selon ma compréhension c’est tout simplement du :

Je t’aime ; moi non plus. Guani Dou Fii Amey !!!

C’est triste et dommage

Et je terminerai par cette phrase de André Gide qui dit que :

« Dans un monde où chacun se grime, c’est le visage nu qui paraît fardé » car Voici le Sénégal actuel, le Sénégal de 2023.

Permettez-moi aussi d’adresser mes très sincères condoléances et l’expression de ma sympathie à tous les Sénégalais sans exception.

Et prie pour que la paix revienne et que les Sénégalais retrouvent leur quiétude légendaire (l’espoir qui resta dans la boite de pandore est la paix).

Et n’oublions pas que notre meilleure arme est notre carte d’électeur.

Par Jeanne Sané

Paris-France

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