25 Mai Journée De L’Afrique Tirons Les leçons de nos aînés pour libérer l’Afrique du néo-colonialisme par Diagne Fodé Roland

Le 25 mai 1963 naissait à Addis-Abeba, capitale du seul État africain qui a vaincu le colonisateur, l’Organisation de l’Union Africaine (OUA).

 

L’Afrique comptait alors 32 États devenus 54 aujourd’hui en attendant que la République Sahraouie accède à l’indépendance.

Se souvient-on que deux projets s’affrontèrent le 24 mai 1963 :

– Celui porté par Kwame Nkrumah, Sékou Touré, Modibo Keita, etc, qui préconisait la mise en place « d’un Comité des ministres des affaires étrangères, des fonctionnaires et des experts, (qui) devrait être habilitée à établir : (

1) Une commission pour élaborer une constitution pour un Gouvernement de l’Union des États africains.

(2) Une commission pour élaborer un plan à l’échelle du continent pour un programme économique et industriel unifié pour l’Afrique; ce qui devrait inclure des propositions pour la mise en place : d’un marché commun pour l’Afrique; une monnaie africaine; une zone monétaire africaine; une banque centrale africaine; un système de communication continentale; une commission chargée d’élaborer une politique étrangère commune et la diplomatie; une commission chargée d’élaborer des plans pour un système commun de défense; une commission devant faire des propositions pour une citoyenneté africaine commune ».

 

– Celui porté par L.S. Senghor et Houphouët Boigny, etc d’une unité par «  cercles concentriques » qui maintenaient « l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme ». Cette approche par « cercles concentriques » permettant de créer des «groupements  sous régionaux de coopération économique ».

 

Le compromis qui fut trouvé consacrait la naissance de l’OUA sur la base de l’unité « pas à pas » qui a permis de fait aux anciennes puissances coloniales de manœuvrer avec leurs néo-colonies en Afrique pour retarder au maximum l’avènement de l’Unité africaine. Cela perdure jusque de nos jours.

 

C’est ce ratage d’alors qui fait qu’aujourd’hui 64 ans après, le sentiment renforcé de l’appartenance nationale à chaque État post-colonial est devenu une réalité et s’impose comme la base du nécessaire futur État fédéral panafricain. C’est ce compromis qui a ouvert la voie à :

 

– la quasi élimination les uns après les autres des patriotes panafricains progressistes qui furent les véritables leaders qui ont contraint par les luttes populaires les colonisateurs à concéder l’indépendance formelle;

 

– la dépendance et l’inclusion de l’Afrique dans la mondialisation libérale impérialiste à laquelle se sont soumis les gouvernements néocoloniaux sous la forme de la zone monétaire coloniale CFA, de la ZLEA (zone de libre échange économique), des diktats libéraux du FMI, de la Banque Mondiale, de l’OMC, des accords léonins type APE, etc.

 

Thomas Sankara qui fut le seul dans la période 80/87 à exiger l’union politique contre la dette oppressive fut abandonné et assassiné par la françafrique.

 

Ainsi l’OUA, puis l’UA ont été dominées par les Etats néocoloniaux souvent regroupés dans des unions régionales comme l’UEMOA ou l’UMAC de la monnaie coloniale CFA, la CEDEAO. Les victoires indépendantistes des colonies du Portugal fasciste, du Zimbabwe, de la Namibie et de l’Afrique du Sud n’ont rien changé à cette réalité funeste.

 

La dévaluation autoritaire de franc CFA, les dégâts sociaux des plans libéraux d’ajustement structurel, le cycle infernal de la dette et des ses intérêts usuriers, la spoliation des richesses naturelles, le kidnapping du chef de l’État ivoirien en 2010 suivi de la destruction de la Libye en 2011 et l’infestation du Sahel des djiho-terroristes, la duplicité des impérialistes françafricain, eurafricain et usafricain dans leur prétendue « lutte contre le terrorisme », la tragédie de l’émigration piroguière meurtrière ont accéléré la prise de conscience et la révolte souverainiste panafricaine, notamment de la jeunesse.

 

Les résistances alter et antimondialiste contre la mondialisation du libéralisme imposée par le slogan impérialiste « there is no alternativ » aux travailleurs et aux peuples ont donné naissance aux expériences antilibérales et anti-impérialistes sud-américaines des pays de l’Alba.

 

Les BRICS + apparaissent de plus en plus comme un contrepoids prônant le souverainisme et le multilatéralisme contre l’hégémonie séculaire unilatérale prédatrice des impérialismes Otano-US-UE sur les plans économiques, politiques et culturels.

 

Les soulèvements populaires, notamment de la jeunesse, se multiplient en Afrique de l’ouest après ceux dévoyés de la Tunisie et de l’Egypte et avant dans les années 90 vers la démocratie multipartite sans développement économique et social qui s’est fourvoyée dans des régimes corrompus faisant que le chemin le plus court pour devenir milliardaire est d’être ministre et dans des alternances électorales qui ont changé les pouvoirs tout en maintenant la servitude néocoloniale.

 

Tous ces facteurs combinés débouchent aujourd’hui sur de nouvelles expériences souverainistes dans les pays de l’AES (Mali, Burkina, Niger) et au Sénégal. D’autres pays vont suivre la voie ouverte pour chasser les bases militaires françafricaine, eurafricaine et usafricaine, sortir du franc colonial CFA, abolir les accords économiques et commerciaux prédateurs dits de « coopération » et reconquérir la souveraineté culturelle. Chaque pays suivra sa propre voie selon sa propre histoire pour aller vers l’alternative souverainiste puis panafricaine.

 

Les institutions panafricaines néocoloniales africaines continentale et régionales sont fortement secouées et traversées par des contradictions engendrées par leur remise en cause par les peuples portés par le vent souverainiste qui souffle sur l’Afrique. C’est le cas de ce « club des chefs d’États néo coloniaux qu’est la CEDEAO et de l’UEMOA, etc.

 

Le panafricanisme souverainiste va dans le sens de redéfinir de nouvelles institutions régionales et ensuite continentales vers l’État fédéral africain souverain.

 

La marche sera longue et semée d’embûches que les impérialistes et leurs valets néocoloniaux vont dresser le long de cette seconde phase de libération nationale et panafricaine. Voilà pourquoi, il nous faut tirer les leçons qui ont fait échouer nos prédécesseurs véritables « pères » dans leur confrontation avec les faux « pères » néocoloniaux des indépendances lors de la première phase de libération nationale et panafricaine.

 

Cette fois les peuples africains se sont à nouveau réveillés pour ne plus s’endormir. Les classes laborieuses d’Afrique en s’engageant dans ce combat de longue haleine sont les sentinelles et le moteur de la victoire et de l’unité africaine à conquérir par « l’union libre des peuples libres » d’Afrique selon la juste formule des Communistes Tiémoko Garan Kouyaté et Lamine Arfan Senghor.

 

L’histoire est en train de donner raison à la voie défendue par Kwame Nkrumah, Sékou Touré, Modibo Keita, Amilcar Cabral, Patrice Lumumba, Franz Fanon, Mehdi Ben Barka, Thomas Sankara, Um Nyobé, Osende Afana, Roland Félix Moumié, Ernest Ouandié, plus près de nous nos regrettés camarades Birane Gaye et Assane Samb de Ferñent, Mohamed Tabouré de Sanfin du Mali, etc.

 

Diagne Fodé Roland

Dieyna SENE
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