Rumeurs autour de l’hospitalisation de Ali Bongo : comment pouvoir et opposition au Gabon réagissent

Victime d’un évanouissement suivi d’une hospitalisation, alors qu’il se trouvait en Arabie saoudite, Ali Bongo devrait s’éloigner des affaires du Gabon durant plusieurs semaines. Ce retrait soudain de la scène politique, quelques jours avant le second tour des élections législatives, intervient toutefois dans un contexte très tendu dont les adversaires du président gabonais entendent profiter. Décryptage.de la Lettre du Continent

Rumeurs.

Accident vasculaire cérébral (AVC), coma avancé, décès… les informations les plus contradictoires ont circulé sur les réseaux sociaux gabonais et ailleurs dès l’annonce, par l’agence de presse officielle saoudienne, de l’hospitalisation du chef de l’Etat. Selon nos informations, ce dernier a été victime d’un oedème cérébral, dès son arrivée à Riyad, le 24 octobre, dans l’après-midi. Il s’est effondré dans la soirée et a été aussitôt admis en urgence au King Faisal Hospital, qui accueille une antenne de neurologie de la Johns Hopkins University, avant d’être placé en sommeil artificiel léger pour permettre à l’œdème de se résorber.

Les médecins, y compris son médecin français qui a fait le déplacement, attendent un réveil définitif du chef de l’Etat pour se prononcer. Il est toutefois d’ores et déjà acquis qu’Ali Bongo devra observer une période de repos de plusieurs semaines, probablement hors du Gabon.

Continuité.

A Libreville, cette « défaillance » a été compensée dès le 25 octobre par la mise en place d’une « troïka » chargée d’assurer la continuité de l’Etat. DG des services spéciaux de la Garde républicaine (GR), unité d’élite de l’armée nationale, le colonel Frédéric Bongo, demi-frère d’Ali Bongo, veille sur la sécurité du pays, les renseignements mais aussi sur les intérêts du « clan » familial au pouvoir depuis 1967.

C’est à l’actuel directeur de cabinet présidentiel, Brice Laccruche Alihanga, que revient de gérer les affaires politiques et financières en concertation avec le premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet. Une recomposition du paysage politique, avec la nomination d’un gouvernement resserré au lendemain des élections législatives ,était prévue. Ces chantiers attendront.

Frédéric Bongo entretien des rapports tendus avec Brice Laccruche Alihanga, mais ce dernier bénéficie du parapluie protecteur de la première dame, Sylvia Bongo, laquelle a quitté Londres en catastrophe pour rejoindre Riyad en avion privé avec l’un de ses fils

Troisième personnalité à occuper le devant la scène en l’absence du locataire du Palais du bord de mer : Marie-Madeleine Mborantsuo. Comme en août 2009 lors du décès d’Omar Bongo, la présidente de la Cour constitutionnelle peut à tout moment invoquer l’article 13 de la constitution

relatif à la vacance temporaire du pouvoir, et confier à certains responsables des prérogatives exceptionnelles.

Opposition regonflée

La nature ayant horreur du vide et les pouvoirs fragilisés étant une aubaine pour leurs contempteurs,

les adversaires d’Ali Bongo n’ont pas tardé à se manifester. Pour l’heure, c’est le porte-parole de la présidence, Ike Ngouoni, qui concentre toutes les critiques après une intervention laconique, le 26 octobre, évoquant une « fatigue ».

Bien que Jean Ping, toujours assigné à résidence, et Zacharie Myboto, opposants radicaux au chef de l’Etat ne se soient pas encore ouvertement exprimés, un communiqué de l’Union nationale (UN) a exigé la « transparence » autour de cet événement. Un exercice délicat pour le pouvoir en place, peu rompu à la communication de crise, mais qui s’emploie à occuper le terrain pour éviter aux esprits de s’échauffer. Les ennuis de santé d’Ali Bongo sont survenus alors que le Parti démocratique gabonais (PDG) a envoyé une majorité écrasante de députés (98 sur 143) à la nouvelle Assemblée nationale.

Source La Lettre du Continent

Pape Ismaïla CAMARA
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