Le fameux plan de transformation systémique tant attendu depuis plus de 6 mois a été enfin présenté à l’opinion publique à Diamnadio. C’est globalement un plan cohérent fondé sur une analyse critique du Pse dans sa mise en œuvre qui a été réalisé par des experts sénégalais de la Direction de la planification et du cabinet Performances de Victor Ndiaye qui ont déjà travaillé sur la formulation de la stratégie de développement du secteur privé en 2022 ,dans le cadre du PSE réajusté en 2019.
Au terme de sa présentation et des débats, il est apparu que ce nouveau référentiel qui insiste beaucoup plus sur la souveraineté et la lutte contre les inégalités sociales et territoriales a tenu compte des acquis ,des insuffisances et des leçons du PSE déjà évalué à mi-parcours par les services étatiques, pour le reformer en le reformulant 4 axes à la place des 3 axes du PSE .
Il n’y a donc pas eu de rupture radicale et révolutionnaire mais des rectifications et de bonnes retouches qui ne sont pas très éloignées des idées contenues dans le PAP2A du PSE post Covid de 2019 avec une plus grande insistance sur la souveraineté économique dans le cadre de la CEDEAO qui a son projet de monnaie commune appelée ECO, sur l’industrialisation et sur le renforcement du secteur privé national .
Ces points étaient aussi contenus dans le programme électoral du candidat Macky en 2019 axé surtout sur les accès universels et le PAP3A du PSE qui devait démarrer en 2024.
Peut-on parler de changement radical, de rupture progressive par étapes de 5ans ou de changement dans la continuité ?
A chacun de faire une analyse comparative pour répondre à cette question. Apres 6 mois d’exercice du pouvoir , le PM Sonko a parlé de Rupture Graduelle avec des étapes de 5 ou 10 ans . Mais on peut relever beaucoup de similitudes avec la reformulation des 3 axes du PSE en y ajoutant l’intégration africaine et un cadrage économique fondé sur le réalisme et la continuité de l’Etat.
J’ai toutefois noté dans ce nouveau référentiel une plus grande insistance sur : –
- La mise en œuvre du Plan National d’Aménagement du Territoire , à travers les pôles de développement en rapport avec les Agropoles et les zones économiques qui sont tous déjà prévus dans le PAP3A du PSE mais avec plus d’insistance sur la lutte contre les inégalités sociales et territoriales.
- Le tourisme durable et surtout l’écotourisme à la place du tourisme classique et du micro – tourisme.
- L’intégration africaine intégrée dans un des quatre axes et le financement des investissements à travers le secteur privé national et étranger.
- Et la nouvelle citoyenneté participative connectéeà l’économie sociale et solidaire qu’il faudrait mettre au service du développement décentralisé participatif.
Toutefois, le financement du développement par le secteur privé national aux cotés de l’Etat est problématique à court terme, car nos operateurs privés réclament beaucoup plus la préférence nationale dans les marchés publics.
En outre il nous faut dépasser le taux de croissance de 7 à 8% prévu par le nouveau référentiel et être plus ambitieux en visant plutôt une croissance qualitative plus inclusive et endogène qui soit au moins égale à 10%, surtout après les découvertes de pétrole et de gaz.
Mais le grand défi dans nos pays, ce n’est pas d’écrire de bons plans comme ce fut le cas du PSE qui a permis de faire d’importantes et utiles réalisations en milieu urbain et rural qui ont augmenté sensiblement le poids de la dette ,tout en ayant des failles en matière de bonne gouvernance et d’inclusion socio-économique.
Il urge de sortir du modèle développement extraverti hérité de la colonisation ,en évitant les pièges ultralibéraux des Investissements Directs Etrangers promus par le FMI et la BM pouvant conduire à la privatisation des terres , d’assurer une bonne appropriation des politiques publiques par les forces vives nationales et de veiller à un bon suivi-évaluation participatif. Il faudra donc un Etat refondé avec une administration modernisée et une nouvelle citoyenneté sénégalaise qui soit véritablement républicaine, avec un Etat stratège exemplaire à orientation panafricaniste , à travers une gouvernance véritablement décentralisée, sobre, vertueuse, participative et efficace.
Djiby Gueye Juriste et environnementaliste,
Expert en gouvernance, gestion environnementale et développement durable solidaire et participatif
. djibigueye 2005@yahoo.fr.