Tourisme et hôtellerie : « A Saly, à Saint-Louis, au Sénégal oriental…partout le taux d’occupation a baissé de plus de 80%… » Mamadou Racine Sy

Quand le patron des hôteliers décortique le secteur touristique sénégalais et énumére les mesures d’urgence pour revigorer ce pan de notre économie, sa parole a valeur d’analyse d’expert. Voici un extrait de son entretien avec nos confrères du journal sénégalais  »L’Obs ».

Le chef de l’Etat a annoncé une exonération de 10% pour la Casamance, nous saluons cette mesure, la Casamance en avait besoin, parce qu’elle a lourdement pâti d’une situation que tout le monde connaît.

Les réceptifs sont pour la plupart fermés ou exsangues, et une mise aux normes s’impose pour les hôtels déjà existants, il faut également un plan de financement adapté au secteur.

L’hôtellerie requiert des financements à long terme, des crédits spécialisés et c’est là que nous avons appelé de nos vœux la mise en place du crédit hôtelier pour qu’on puisse avoir des ressources sur le long terme et à des taux bonifiés pour relancer le secteur.

On ne peut pas courir avec un pied, c’est la destination Sénégal dans son ensemble qui a un problème, donc si on fait une exonération de 10 ans pour la Casamance, il est important que dans le même projet de loi, on prévoie entre 3 et 5 ans pour toutes les autres zones touristiques.

Le taux d’occupation est de moins de 95% dans le Sénégal oriental, moins 80% à Saly Portudal, à Saint-Louis, dans les Iles du Saloum… partout le taux d’occupation a baissé de plus de 80%, donc les gens ne peuvent plus faire face à leurs besoins, payer les fournisseurs, respecter les engagements bancaires, les licenciements d’ordre économique ont commencé, donc il y a un problème.

C’est le secteur qui est en crise, il faut nécessairement que certaines mesures d’accompagnement soient de portée générale. Encore une fois, nous saluons très fortement les mesures pour la Casamance, mais nous demandons que cela soit étendu aux autres zones touristiques du Sénégal.

Nous saluons aussi l’extension de la baisse de la Tva à tous les autres secteurs (restauration, hébergement, transport…), mais nous disons aussi que l’exonération fiscale n’a de sens que si dans le même temps, on nous dispense du quitus fiscal.

Parce que nous ne pouvons pas participer à des appels d’offres sérieux si on suspend sans nous donner le quitus, ce sont des détails à régler.

Nous avons été reçus récemment par le ministre des Finances, qui nous a écoutés attentivement et nous pensons que nous trouverons avec lui les aménagements nécessaires pour que cet aspect soit pris en compte.

Le tourisme, c’est de l’exportation sur place, il faut donc investir pour gagner de l’argent demain, et je pense qu’il n’est pas difficile de mettre en place un montant important par année, une vingtaine de milliards FCfa par exemple, pour soutenir le tourisme pendant 3 ans ou 5 ans, et si on le fait durant les quinze prochaines années, le secteur, comme vecteur de croissance, sera le premier secteur d’activités économiques au Sénégal.

Il faut que le gouvernement s’y penche et décide d’allouer des ressources significatives au secteur pour permettre sa relance. Sinon, on risque simplement de faire une piqûre à un malade qui va rechuter, et la rechute conduira à une mort certaine».

Oumou Khaïry NDIAYE
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