Agence Ecofin – Trois journalistes tchadiens sont accusés d’avoir collaboré avec le groupe paramilitaire Wagner. Ils ont été arrêtés et sont placés sous mandat de dépôt en attendant leur audience.
Au Tchad, le parquet du Tribunal de Grande Instance (TGI) de N’Djamena a annoncé, lundi 10 mars, l’ouverture d’une information judiciaire contre trois journalistes accusés d’avoir collaboré avec le groupe paramilitaire Wagner. Les concernés sont Olivier Monodji Mbaindiguim, directeur de publication du journal Le Pays et correspondant de Radio France Internationale (RFI), Ndilyam Guekidata, un autre rédacteur du même média, et Mahamat Saleh Al Hisseine, journaliste de la chaîne publique Télé Tchad.
Selon le procureur de la République, Oumar Mahamat Kedelaye, l’affaire fait suite à une « dénonciation » appuyée par « plusieurs documents ». « Ils sont suspectés d’avoir travaillé avec le groupe paramilitaire Wagner », a confirmé le magistrat à l’AFP.
Dans une autre déclaration au média local Alwihda Infos, il a précisé la gravité des charges retenues contre les inculpés. « Il a été constaté que les faits qui leur sont reprochés sont constitutifs d’infractions : intelligence de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique du Tchad, à ses intérêts économiques, de complot contre l’État et de complicité. Eu égard à la gravité des faits, une information judiciaire a été ouverte pour situer la responsabilité de tout un chacun ».
Mahamat Saleh Al Hisseine est notamment accusé d’avoir traduit des documents russes relatifs au Sahel, tandis que Monodji serait mis en cause pour un article lié à l’inauguration de la Maison russe à N’Djamena en septembre 2024. Pour Amos Allatha, avocat d’Olivier Monodji, les accusations restent pourtant floues. « On ne lui [Olivier Monodji, Ndlr] a présenté que des coupures de presse dont il a reconnu la publication dans son site du journal ‘’Le Pays’’ […], mais on ne nous a pas dit ce que M. Olivier a fait concrètement », déplore-t-il.
Les prévenus encourent jusqu’à 30 ans de prison, selon l’un des avocats d’Olivier Monodji.
Du côté des organisations professionnelles, l’inquiétude est grande. « Empêcher un journaliste d’exercer son métier nuit non seulement à son droit individuel, mais aussi au droit collectif du public à être informé », a déclaré dans un communiqué le Patronat de la presse tchadienne.
Les accusés sont placés sous mandat de dépôt, depuis lundi après-midi, à la maison d’arrêt de Klessoum, en attendant une nouvelle audition prévue le jeudi 13 mars.