Sénégal, beaucoup de bruit autour du Pétrole et du gaz Par Babacar Papis Samba

Deuxième partie:

Devons-nous être aussi pessimistes pour oser parler d’une alerte sérieuse pour le pétrole et le gaz au Sénégal? Il y a certes des spécialistes qui commencent à douter de la rentabilité de ces hydrocarbures, et pour eux le coût d’exploitation du pétrole sénégalais semble très élevé à cause de la profondeur des puits, les conditions d’extraction qui ne sont pas des meilleures, et le débat en cours dans le monde qui porte sur la transition énergétique.

 

Encore que jusque-là les échéances de production n’ont pas été respectées, comme c’est le cas avec le gisement gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA) ou le géant britannique British Petroleum (BP) qui a préféré rompre le contrat qui le liait aux autorités de ce pays.

 

Le Sénégal avait déjà mis en place un nouveau Code minier et gazier qui rendait caduque le fameux Code de 1998 qui a été décrié par plusieurs spécialistes du pétrole. D’autres dispositions ont également été prises, comme la création de l’Institut national du pétrole et du gaz ( INPG) qui sert à la formation des jeunes sénégalais dans le secteur des hydrocarbures, et  la loi sur le contenu local qui accorde la primeur aux Sénégalais dans le recrutement du personne qui officie dans le secteur.

 

Des seminaires ont aussi été organisées à l’endroit de certains décideurs politiques et leaders d’opinion pour la mise à niveau sur le pétrole et le gaz, à travers les initiatives conjuguées de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extratives ( l’ITIE)  et le Conseil économique, social et environnemental (CESE).

 

Il est aussi à saluer l’idée de la participation du chef de l’opposition dans la Commission d’orientation stratégique (COSGAZ) qui doit regrouper des personnalités de diverses origines.

 

Il est également reconnu, pratiquement par tous, que la manne financière qui est tirée du pétrole et du gaz n’est pas une panacée pour le développement du pays. Le ministre des finances et du budget, Moustapha Ba a trouvé utile d’affirmer, que le pétrole et le gaz sont une opportunité, mais pas la solution à tous les problèmes du Sénégal. Il vient ainsi confirmer le Président Macky Sall qui avait soutenu, dans son entretien avec African Business de Londres : « Nous devons éviter de tomber dans la paresse et dans l’idée que les ressources pétrolières vont nous donner une perspective autre que celle de bien travailler. »

 

Donc seule une véritable politique qui sera axée sur la diversification des filières qui sont porteuses de valeur ajoutée, pourra permettre au pays de voir le bout du tunnel. Et c’est ainsi que les recettes du pétrole et du gaz pourront participer à la solidification des acquis que le pays a déjà enregistrés dans plusieurs secteurs, au renflouement du budget national, et à la création d’emplois qui sont directement liés au pétrole, aux activités connexes ou à l’accompagnement du processus d’industrialisation qui est déjà en enclenché dans le pays.

 

Les réserves de gaz découvertes au Sénégal sont évaluées aux environs  de 1000 milliards de m3. Ce qui place le Sénégal a la 5ème place en Afrique et à la 27ème place sur le plan mondial, selon Petrosen/ Exploration/ Production. On peut alors dire que le Sénégal est assez fourni en gaz, contrairement au pétrole qui semble pour le moment moins important et donne moins de garantie.

 

Malgré les doutes et les incertitudes dans le secteur, on a toujours des raisons pour espérer, surtout quand certains spécialistes qui ont une expérience dans le secteur, ont affirmé que les contrats pétroliers et gaziers sont bien ficellés, et ils font partie des meilleurs au monde. Il restera alors à assurer la rationalisation et la bonne répartition des fruits de cette richesse miraculeuse.

 

Il est vrai que l’imminence de l’exploitation du pétrole et du gaz attise déjà les appétits, et autant du côté du pouvoir que de l’opposition, cette question est sur toutes les lèvres, et elle expose le pays à toutes les convoitises. Le pétrole et le gaz deviennent alors des enjeux de pouvoir qui poussent les gouvernants actuels à vouloir coûte que coûte consever le pouvoir, et pour les opposants à le conquérir tout de suite.

 

C’est ainsi que le pétrole et le gaz se placent au coeur de toutes les contradictions politiques, et c’est là justement où se trouve l’intérêt d’un consensus fort, afin de mettre sur la table toutes les questions qui sont en rapport avec l’exploitation et la gestion de ces hydrocarbures.

 

Ainsi les Sénégalais- société civile, société politique et toutes les corporations socio-professionnelles- seront les bienvenus, pour approfondir la réflexion sur tous les aspects qui entrent en ligne de compte dans l’exécution de ce projet pétrolier et gazier.

 

Maintenant si le pétrole et le gaz qui peuvent permettre au pays, de faire son entrée dans le cercle restreint des pays dits pétro-responsables et dans la diplomatie d’élite ou d’influence, ce sera tant mieux pour le Sénégal.

 

Babacar Papis Samba- Auteur et Adepte de la pensée complexe.

Dieyna SENE
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