Risques liés à l’hivernage : Attention, danger de mort !

Au Sénégal, hivernage rime avec danger. Si bien que personne ne se sent plus en sécurité. Entre risques d’effondrement, d’électrocution et de recrudescence des accidents de la route, le danger est partout. Quelles en sont les causes ? Et comment s’en prémunir ?  Le Vrai Journal

Il suffit que l’hivernage s’installe pour que les effondrements de bâtiments se multiplient, en particulier à Dakar. Il y a tout juste une dizaine de jours, une dalle s’est effondrée à Keur Mbaye Fall tuant une personne sur le coup. Puis, la semaine dernière la dalle d’un immeuble abritant une école coranique a cédé, tuant une fillette sur le coup alors que l’une des personnes accourues pour lui porter secours succombera plus tard à ses blessures.

Pour éviter ce type d’accidents, le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique a, dans un communiqué, demandé aux usagers de prendre un certain nombre de mesures. Les raisons de ces effondrements sont en effet nombreuses, mais la principale serait « la stagnation des eaux de pluies en terrasse du fait de défauts d’évacuations », affirmait ce communiqué du ministère de tutelle.

Ainsi, pour parer à d’éventuels accidents, la plupart du temps tragiques, le ministère de tutelle recommande aux usagers des bâtiments de prendre toutes les dispositions. Parmi celles-ci, il cite le fait de « nettoyer régulièrement les toitures, terrasses et les installations d’évacuation d’eau de pluie (gouttières, gargouilles) pour éviter les accumulations d’eau dont le poids excessif peut finir par faire tomber une dalle », a-t-il précisé.

En effet, une hauteur d’eau stagnante en terrasse de seulement 10 cm, représente un poids de 100 kg pour chaque mètre carré, soit une tonne pour 10 mètres carrés. A ce risque qu’il faut donc savoir endiguer, s’ajoute celui lié à des bâtiments en construction qui constituent un danger permanent durant la saison des pluies. Et pour ce type de bâtiment, il faut absolument « aménager des évacuations provisoires des eaux de pluie sur les terrasses et au pied des murs si l’ouvrage n’est pas encore mis à l’abri de l’eau. Un trou dans le mur peut suffire », mentionne le communiqué.

Au laisser-aller quant au respect des normes de construction, s’ajoute l’insouciance des populations qui continuent de vivre dans des habitations délabrées, voire menaçant ruine, et donc susceptibles d’écroulement. L’état des demeures dans certains quartiers de la ville de Dakar comme la Médina, en est une preuve. Et pas plus tard que la semaine dernière, le toit d’un immeuble y est tombé, tuant deux personnes.

La vétusté des logements, ajoutée aux averses qui s’y abattent chaque année, fait que les populations habitant ces lieux sont constamment exposées à l’insécurité. Le hic est que le développement fulgurant de l’immobilier dans la capitale a vu la naissance de nombreux nouveaux quartiers, inexistant il y a de cela vingt ans, et qui ne respectent pas souvent les normes de l’urbanisation

L’eau et le courant ne font pas bon ménage

S’il est vrai que l’anarchie dans la construction des maisons constitue toujours un danger pendant l’hivernage à Dakar, on note aussi de nombreux cas d’électrocutons en cette période. Et ce, en raison de la mauvaise installation des poteaux électriques ou de l’ignorance des victimes qui ne mesurent pas souvent les risques d’électrocution en période hivernale. Le dernier cas d’électrocution a été enregistré la semaine dernière à Kounoune où un vieux qui nettoyait des eaux stagnantes devant sa maison a été emporté par une charge électrique. Il a activé une motopompe alors qu’il avait les pieds trempés dans l’eau stagnante.

Pourtant, les risques d’électrocution sont bien réels et même prévisibles dans certains quartiers à cause de certaines installations avec des fils électriques suspendus par-dessus les habitations et parfois disposées à même le sol.

Un autre accident similaire à celui de Kounoune est intervenu à Guédiawaye dans la commune de Fith Mith où un jeune boutiquier du nom de Massamba a perdu la vie après avoir reçu une forte décharge de courant.

Pour tout dire, les cas d’électrocutions et de court-circuit sont très accentués pendant l’hivernage. Aussi, chaque personne devrait-elle avoir les notions de premiers secours pour se prémunir contre les dangers, étant donné que l’intervention des services de secours accuse souvent beaucoup de retard

Recrudescence des accidents de la route

De plus en plus, les accidents de la route sont monnaie courante pendant la saison des pluies. Là aussi, les raisons sont multiples. D’abord, l’état des infrastructures routières n’est pas généralement aux normes. Ce qui peut justifier la survenue de plusieurs cas d’accidents durant cette période. Pour rappel, rien qu’en une semaine, 10 personnes ont trouvé la mort sur l’axe Pékesse – Ngaye dans divers accidents de la circulation.

Chaque jour, des accidents sont enregistrés. Soit c’est un camion qui finit sa course hors de la chaussée, soit c’est un taxi qui dérape, un « sept places » ou même un car Ndiaga Ndiaye, soit c’est un bus dont le conducteur perd le contrôle et termine sa course dans les buissons. L’état des pneus, des freins ou encore l’absence de visibilité sont le plus souvent à l’origine de ces accidents. Des fois, ce sont carrément deux voitures qui entrent en collision. Au Sénégal, les véhicules se transforment facilement en cercueils roulants, surtout en période hivernale et font des ravages.

Pour y remédier, l’Etat en particulier devrait revoir le comportement des chauffeurs et rendre encore plus strictes les conditions d’obtention du permis de conduire et, pourquoi pas, aller vers l’instauration du permis à points. Les travaux d’entretien routiers doivent aussi être améliorés pour renforcer la sécurité sur les routes et éviter tant de pertes en vies humaines.

Entre 2015 et 2019, les accidents routiers ont occasionné en moyenne 644 décès chaque année, selon une estimation de l’ONG Patners West Africa (PWA). Ces chiffres sont alarmants et les cas d’accidents routiers sont le plus souvent enregistrés pendant les fêtes religieuses ou en période hivernale

Le Vrai Journal

Oumou Khaïry NDIAYE
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