C’est devenu un rendez-vous majeur. Un événement capital dans les relations russo-africaines. Après la première édition tenue à Sotchi les 23 et 24 octobre 2019, le deuxième sommet Russie-Afrique s’est tenu le 27 juillet à Saint-Pétersbourg. Cette rencontre consacrée à l’affermissement des relations entre l’Afrique et la Russie sera un tournant décisif pour la diplomatie russe dont l’image est écornée par les sanctions occidentales. Tenu les 27 et 28 juillet 2023, cette nouvelle rencontre, qui se tient dans un contexte particulier avec le conflit russo-ukrainien, vise à promouvoir et à renforcer le partenariat avec l’Afrique dans plusieurs domaines économique, politique, sécuritaire, scientifique, culturel, entre autres
Economiste et Directeur général du Bureau de prospective économique du Sénégal, Moubarack Lo souligne que ce sommet Russie-Afrique fait partie aujourd’hui de la longue liste des sommets que l’Union africaine (Ua)tient avec d’autres puissances économiques mondiales. Cette deuxième rencontre, pour l’économiste, est une bonne chose parce qu’elle permet aux pays africains de diversifier leur partenariat, notamment au niveau économique. Et dans ce domaine, la Russie est un pays qui compte, non seulement par sa puissance technologique, mais aussi agricole avec le blé
«Les enjeux sont nombreux pour l’Afrique qui peut bénéficier d’un partenariat pour un transfert de technologie dans plusieurs domaines. Actuellement, la Russie travaille beaucoup plus avec l’Afrique dans le domaine des échanges alimentaires, notamment le blé. Et aujourd’hui, l’Afrique compte beaucoup sur la Russie pour satisfaire sa demande en blé. Maintenant, il faut diversifier cette coopération et dépasser ces quelques produits échangés. On doit aller vers un partenariat à double sens parce qu’il y a beaucoup de produits africains qui pourraient intéresser la Russie. Les dirigeants africains doivent comprendre que l’économie n’a pas d’état d’âme, donc le partenariat économique doit être ouvert et irrigué», fait savoir Moubarack Lo.
Vers de nouvelles pistes pour les investissements directs
Le Directeur général du Bureau de prospective économique du Sénégal prévient, par ailleurs, que la Russie n’est pas dans sa meilleure période pour pouvoir faire des annonces fortes et crédibles. Pour lui, c’est facile de faire des promesses, des annonces, mais elles doivent être crédibles et respectées. Face à l’espoir des pays africains, Moubarack Lo indique que la Russie va prendre des engagements et le premier pour l’Afrique doit être sur la fourniture de blé.
«Dernièrement, la Russie avait parlé de restriction et de blocus, mais elle va, sans doute, rassurer les pays africains pour leur dire qu’ils ne sont pas concernés et qu’elle va déployer des facilités pour leur permettre de s’approvisionner en blé. Elle va aussi ouvrir de nouvelles pistes dans le cadre des investissements directs», explique Moubarack Lo
Pour le politologue et spécialiste des relations internationales et directeur de la recherche et des publications duThinkTank Wathi, Babacar Ndiaye, le sommet va débattre de plusieurs questions politique, économique, sécuritaire et diplomatique, entre autres.
«Aujourd’hui, la Russie est dans une logique de grande offensive en Afrique. Et les dernières visites du ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, en Afrique prouvent que la diplomatie russe est très dynamique sur le continent. Mais, le volet économique sera une question essentielle lors de ce sommet. Le problème du blé avec le blocus russe des couloirs d’approvisionnement sera forcément abordé parce que c’est une préoccupation africaine pour sa sécurité alimentaire. Victime des sanctions occidentales, la Russie utilise l’arme blocus du couloir pour les livraisons des céréales. Donc, l’Afrique, en tant que grand consommateur de blé, va discuter des conditions de mise en place du blé en destination des pays africains», indique-t-il.
Extraits de l’Obs