Rencontre entre Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikh Ibrahima Fall : Et la lumière jaillit du 20ème jour du mois de ramadan

Le 20ème jour du mois de ramadan, marque un évènement historique dans la voie mouride. Il s’agit de la rencontre entre Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikh Ibrahima Fall au vingtième jour du mois lunaire de Ramadan de l’an 1301 de l’Hégire (1883) à Mbacké Cajor. Revenons sur son pacte d’allégeance et son portrait. Le pacte d’allégeance (Bay’a)

Cette institution est un fondement de la voie Soufi car elle établit le lien Maître -Disciple à l’instar de l’allégeance faite par les sahabas avec le prophète (PSL), et après avec le Khalife Abou Beckr puis Omar puis Osman puis Ali.

Cheikh Ahmadou Bamba expliqua que la voie du Mourid Allah a été tracée par les sahabas lors de la Hijra de la Mecque vers Médine.Les premiers à faire l’acte d’allégeance furent le Cheikh Adama Gueye, le Cheikh Ibra Sarr, le Cheikh Massamba Diop, le Cheikh Abderrahmane Lô, le Cheikh Mbacké Bousso, le Cheikh Ibra Faty, puis d’autres élèves.Les disciples de Cheikh Ahmadou Bamba se distinguaient par leur allégeance totale à leur guide et étaient indifférents à tout ce qui n’émanait pas du Cheikh tout en gardant les formes et les convenances pour ne pas éveiller des susceptibilités.

Cependant avec l’arrivée d’un nouveau disciple Cheikh Ibra Fall[2], des velléités de la part de certains membres de la famille du Cheikh Ahmadou Bamba furent enregistrés car par fidélité aux coutumes et usages les fonctions d’autorité sont réservées aux membres les plus âgés de la famille. La tradition orale rapporte que le Cheikh Ibra Fall fut le 40ème disciple du Cheikh.

La rencontre du disciple et du maître a été rapportée par le Cheikh Mohammed Béchir Mbacké dans Minan al Baqi al Qadim.

Cheikh Ibra Fall dit au Cheikh Ahmadou Bamba : « rien ne m’a fait quitter mes demeures si ce n’est l’espoir de rencontrer un Cheikh authentique capable de faire accéder son disciple à la jonction avec Allah (Wosul). Je ne cherche que la lumière spirituelle qui dissipe les ténèbres de l’ignorance. J’ai parcouru le pays depuis des années à sa recherche. Si je ne trouve pas un tel maître vivant, je me contenterais de me recueillir devant sa tombe pour puiser de sa baraka et recueillir sa lumière en espérant que la sincérité de ma démarche et la pureté de mon intention me permettront d’obtenir l’ouverture spirituelle qui me fera accéder à la Communion avec Allah ».

Cheikh Ahmadou Bamba répondit : « Ô Ibrahima, pour ma part si je n’avais trouvé que le spectacle de ce firmament que tu vois que le prophète (psl) contemplait, ma sincérité et mon amour pour sa personne (paix et salut sur lui) m’assureront la réalisation de mes vœux. Ô Ibrahima, celui à qui Allah accorde la foi véritable et l’amour du prophète, sur lui la paix et le salut, a déjà été décrété bienheureux. Je ne peux accepter ton allégeance que pour élever ton âme vers le Seigneur par ta conformité aux ordres et ton abstention des interdits. N’espère de moi que cela et ne songe pas à la tranquillité, au bien-être et au conformisme. Il y a un travail immense et une mission gigantesque avec son lot d’épreuves. Je ne te promets ni cases ni épouses ».

Cheikh Ibra Fall dit : « Je fais mon allégeance en me consacrant à ta mission en vue de la satisfaction d’Allah. Il n’y a que l’au-delà qui m’intéresse ». La personnalité du nouveau disciple était singulière, et son attitude révérencielle envers son Cheikh suscitait les polémiques, mais il finit par imposer à tous les disciples cette attitude révérencielle car il éveilla les consciences sur les aspects théophaniques de la majesté et de la beauté (Jalel et Jamel) manifestés par le Cheikh Ahmadou Bamba qui aimait son singulier disciple et lui confiait les tâches les plus difficiles.

Mame Cheikh Ibrahima Fall

Né dans la province du Ndiambour en 1858 à Ndiaby Fall, fils de Modou Rokhaya Fall grand érudit de l’islam au Sénégal et de Sokhna Seynabou Ndiaye, Mame Cheikh Ibrahima Fall de son vrai nom Ibrahima Fall descend en ligne directe de la famille aristocratique du damel Dethialaw, Atmane Fall, de la noblesse Géer du Cayor.

Mame Cheikh Ibrahima Fall ou Lamp Fall que les mourides appellent encore, très affectueusement Cheikh Ibra est Baboul Mouridin (la porte du mouridisme). Lui seul a su et a pu montrer la vraie valeur de Borom Touba Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul quand personne n’a eu la moindre idée de qui il était. Il est décédé en 1930 dans la région de Diourbel et fut emmené à Touba auprès de son maître Cheikh Ahmadou Bamba.

Il professe la foi de son marabout, à savoir la soumission à Dieu, à Mahomet et aux marabouts. L’autre credo d’Ibrahima Fall était le travail productif qu’il avait élevé au rang d’action pieuse, d’où son mot d’ordre : « Le travail fait partie de la Religion » (wolof: Dieuf Dieul, ligey tchi jaamou yalla la bok

Il étudia à l’école coranique de son père Amadou Fall et acheva sa formation auprès d’autres maîtres théologie, fiqh et tafsir, et la grammaire ou la rhétorique.

Sa rencontre avec le cheikh Ahmadou Bamba marqua un tournant important dans son aventure spirituelle et dans sa quête d’absolu. Étant issu d’une famille de la noblesse wolof il était un soutien financier important pour les mourides et pour la voie du mouridisme auquel il dédia sa vie et sa fortune.

Sa contribution à l’expansion du mouridisme fut telle qu’on a pu dire que si Ahmadou Bamba était l’âme et le concepteur inspirant de la Voie, Fall était assurément le bras séculier, la cheville ouvrière.

Source Majalis et Wikipédia

Michel DIEYE

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