Réintroduction du poste de premier ministre : Macky Sall entre errements et amateurisme- Seybani Sougou

« Le plus grand drame de Macky Sall, c’est qu’il est un médiocre qui s’ignore »

En 2019, de nombreux analystes, juristes, observateurs, et membres d’organisations de la société civile se sont « insurgés » contre la suppression du poste de premier ministre.

L’argument loufoque brandi par les partisans du régime à l’époque (dont le juriste tailleur Ismaëla Madior Fall) pour justifier la suppression du poste de Premier Ministre était soi-disant la volonté d’accélérer « la cadence en mode fasttrack, de réaliser des économies, d’assurer une meilleure efficacité de l’action gouvernementale et de permettre au président d’être responsable directement devant les Sénégalais ».

2 ans après, la montagne a accouché d’une souris et le monde s’effondre autour de Macky Sall qui fait un virage spectaculaire à 180 degrés. La réintroduction du poste de 1er ministre, est la preuve si besoin en était, de l’inconséquence, de l’incompétence, du tâtonnement et de l’amateurisme de Macky Sall.

Macky Sall ne gouverne pas le Sénégal : il s’inscrit depuis 2012, dans un pilotage à vue qui traduit une forme d’immaturité et d’inconscience rare chez un dirigeant (cet incompétent assimile la Constitution sénégalaise à un jouet et un torchon qu’il peut manipuler à sa guise).

Ses errements sont néfastes pour le Sénégal, car les incidences juridiques de la réintroduction du poste de premier ministre sont énormes. La 1ére conséquence une nouvelle réécriture de la Constitution (de nombreux articles sont impactés) :

Tous les articles abrogés qui faisaient référence aux prérogatives du Premier ministre ou liées à sa fonction, suite à la promulgation le 14 mai 2019, de la loi constitutionnelle portant suppression du poste de premier ministre devront être réintroduits dans la Constitution : articles 49, 50, 51, 53, 54, 55, 56, 57, 63, 76, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 101, 103…etc

Par ailleurs, à titre d’exemple, l’ARMP (autorité de régulation des marchés publics) qui avait été rattachée à la présidence de la République suite à la suppression du poste de premier ministre devra (avec la réintroduction du poste de PM) être rattachée à la primature. En effet, le rapport de présentation du décret n°2020-968 du 20 avril 2020 modifiant le décret n°2019-910 du 15 mai 2019 portant répartition des services de l’État a acté formellement le rattachement de l’ARMP à la présidence de la république.

Conclusion :

Avec la réintroduction du poste de Premier Ministre, ce dernier doit retrouver ses prérogatives d’antan. Tous les articles de la Constitution abrogés concernant le premier ministre seront réintroduits et un décret de répartition des services devra prendre en compte la nouvelle donne.

Nous sommes à 2 ans et quelque des présidentielles de 2024, et l’hypothèse selon laquelle la réintroduction du poste de 1er ministre serait liée à un projet politique inavoué est à prendre très au sérieux, car Macky SALL qui nous a habitué à toutes sortes de forfaitures, verse constamment dans le mensonge, la ruse et la dissimulation. Il convient de faire preuve d’une extrême vigilance quant au projet de texte : chaque article sera scruté. Que ce soit clair : tout éventuel projet pour baliser la voie à un « dauphin », sera combattu avec férocité.

Seybani Sougou – E-mail : sougouparis@yahoo.fr

 

Nota bene : j’approuve, sans réserve, la décision de certains acteurs de ne pas signer la charte de non-violence :

Pour 5 raisons :

  • Primo, tout citoyen sait parfaitement que la violence n’est pas admise dans une société civilisée et dans un état de droit (nul besoin de signer une charte de non-violence pour le savoir ; par exemple, on ne fera pas signer aux maris violents une charte de non-violence car ils sont censés savoir qu’il est interdit de battre une femme),
  • Secundo, le code pénal existe et la loi sénégalaise prévoit que les auteurs de violence soient sanctionnés sur le plan pénal et civil,
  • Tierto, le 1er responsable de la violence politique au Sénégal, c’est Macky Sall qui viole constamment la Constitution, instrumentalise la justice, arrête arbitrairement des sénégalais, les prive du droit de vote, et confisque la volonté populaire ( il vole les élections par des fraudes massives),
  • Quartro, ce sont les forces publiques armées par l’état, et soutenues par Macky Sall qui ont assassiné lâchement 14 citoyens sénégalais lors des événements tragiques du mois de mars 2021,
  • Enfin la signature d’une charte de non-violence n’a jamais empêché un peuple de se soulever. Le jour où le peuple sénégalais décidera de se soulever, il le fera, charte de non-violence ou pas. Comme ailleurs, dans la sous-région.

En vérité, la seule manière de se prémunir contre la violence et de préserver la paix, c’est le respect par Macky Sall de la Constitution sénégalaise, et des principes de la démocratie et de l’état de droit, et la loyauté dans le jeu politique.

A défaut, il ne sera jamais en sécurité. Macky Sall n’est ni un homme d’état, ni un républicain, ni un homme de paix. Il ne mérite aucune confiance.

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