Réforme du secteur de l’énergie : Le Sudeten appelle l’État à la prudence

Les travailleurs du secteur de l’électricité ont lancé un appel à l’État, l’invitant à ne pas se précipiter dans la mise en œuvre de la réforme du secteur de l’électricité. C’était à l’occasion du conseil syndical organisé, le week-end dernier, au Cap des Biches, à Rufisque, par le Syndicat unique des travailleurs de l’énergie (Sudeten) et le Syndicat autonome des travailleurs de l’électricité (Satel), matérialisant la fusion de ces deux syndicats. Le Soleil

Le Syndicat unique des travailleurs de l’énergie (Sudeten) et le Syndicat autonome des travailleurs de l’électricité (Satel) ont organisé, ce weekend, au Cap des Biches, à Rufisque, un conseil syndical marquant leur fusion. Les travailleurs ont saisi cette occasion pour évoquer la réforme de la Senelec, notamment la filialisation.

À ce sujet, Alhassane Bâ et ses camarades ont exprimé leurs inquiétudes, invitant l’État à la prudence dans ce processus afin de pouvoir avoir une plus grande lisibilité dans les textes relatifs au Code de l’électricité. Ils ont également émis des réserves sur les garanties apportées à la souveraineté énergétique du pays dans cette réforme en cours.

« Depuis des années, on nous parle de filialisation de la Senelec […] Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas claires concernant le nouveau Code de l’électricité », explique M. Bâ, Secrétaire général de la Sudeten. À son avis, le nouveau Code de l’électricité devait, au préalable, garantir le service public avant de faire la promotion du secteur privé. « Mais, ce que nous avons vu, c’est qu’il n’y a pas de compétition saine », regrette-t-il.

En effet, les travailleurs s’inquiètent de la prééminence progressive des producteurs privés dans le secteur de l’électricité au détriment de la Senelec. Ce qui, disentils, risque, à la longue, de porter un coup à la souveraineté énergétique et affecter les consommateurs domestiques et industriels.

Et pour le Secrétaire général du Sudeten, c’est un paradoxe, car au moment où l’État est en train de se retirer de la production, ailleurs on travaille sur la renationalisation du secteur. « Même les pays qui avaient libéralisé leur secteur de l’énergie sont en train de le renationaliser », dit-il, citant la France et d’autres pays africains. Le responsable syndical plaide donc pour la « sauvegarde » de « l’intégrité » de la Senelec afin de pouvoir faire face « aux désidérata des privés ».

L’État invité à rester dans la production

Pour prémunir les consommateurs des conséquences de la libéralisation intégrale, ces travailleurs invitent l’État à garder une présence dans la production. Ils en veulent pour preuve les délestages constatés ces derniers mois et qui, à leur avis, étaient dus à une mauvaise qualité du combustible.

« Certaines centrales privées n’ont pas accepté d’utiliser ce combustible dont la teneur en soufre était élevée. Cela, dans le but de préserver leurs installations », révèle Alhassane Bâ. Il ajoute : « Si c’était avec les centrales de Senelec, nous serions obligés de l’utiliser et de donner aux Sénégalais de l’électricité. Pour dire que les privés ne sont préoccupés que par leur propre profit ».

En définitive, M. Bâ invite l’État à revoir sa copie. Pour lui, l’exploitation prochaine du pétrole et du gaz est une raison supplémentaire pour que l’État reste dans la production d’électricité. Le syndicat dit comprendre que, pour des besoins d’investissements, l’État puisse faire appel aux privés, mais estime qu’il doit, au moins, assurer 50 % de la production pour garantir la souveraineté énergétique du pays.

Le Soleil

Dieyna SENE
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