En 2021, les populations du Cayor avaient poussé un soupir de soulagement suite au lancement des travaux de réhabilitation de la route Mékhé-Thilmakha, alors dans un état déplorable. Cependant, aujourd’hui, le rêve d’une infrastructure routière de qualité semble brisé. Depuis trois ans, les chantiers sont à l’arrêt, poussant les habitants des différentes communes traversées à manifester pour exiger la reprise des travaux.
Cette route, d’une importance économique et sociale capitale, notamment lors de grands événements religieux comme le Magal de Touba, est aujourd’hui dans un état de dégradation avancée.
Après de multiples manifestations appelant à sa reconstruction, l’État du Sénégal avait enfin lancé les travaux en 2021. Cependant, après le décapage de la partie restante du bitume, les opérations ont progressivement ralenti, jusqu’à s’arrêter complètement. Pire, l’entreprise en charge, Sotracom, a évacué ses engins et démonté sa base depuis la fin de l’année 2023.
C’est face à cette situation que les populations du Cayor, réunies au sein du collectif pour la relance des travaux, ont organisé avant-hier une caravane de protestation. Cette manifestation, partie de Thilmakha, a traversé les communes de Niakhène, Pékesse et Mérina Dakhar pour se terminer à Mékhé. Le collectif exige la reprise et l’achèvement des travaux de bitumage de la route. Un mémorandum, adressé au président de la République, a été remis à l’administration locale.
« L’arrêt incompréhensible et mystérieux des travaux de cette route, laissée dans un état lamentable, a plongé les populations du Cayor dans des conditions de vie désastreuses sur le plan humain, social et économique », déplore le texte du mémorandum.
Selon ce document, la dégradation de la route entraîne de nombreux accidents, certains mortels, et limite l’accès des populations aux services médicaux, tout en restreignant leur mobilité et en détériorant leur environnement.
Moustapha Sylla, maire de Niakhène et membre du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT), a souligné que l’enclavement du Cayor, caractérisé par un manque de réseau routier bitumé, est aggravé par l’état catastrophique de la route Mékhé-Thilmakha. Cette situation freine le développement du transport, les échanges commerciaux, et les initiatives économiques locales. Il appelle donc le président de la République à prendre des mesures urgentes pour achever ces travaux, qui apporteraient un immense soulagement aux populations.
Le collectif demande également des mesures transitoires, notamment le nettoyage des gravats et le déplacement des barrières laissées par Sotracom sur le chantier, afin d’assurer la sécurité des usagers de la route, en particulier les pèlerins se rendant au Grand Magal de Touba.
Daouda Thiandoum, chargé de communication du collectif, a rappelé les tragédies qui ont marqué cette route, notamment l’accident de 2009-2010 à hauteur de Ndiouky, qui avait coûté la vie à 16 personnes, dont deux enfants. Il mentionne également les trois morts à Thilmakha et les nombreux avortements subis par des femmes en route vers les structures de santé à cause de l’état de la route. Selon lui, cette situation constitue une véritable bombe à retardement qu’il faut désamorcer par la reprise immédiate des travaux.
Magatte Wade, maire de Mékhé, insiste sur l’urgence d’achever ces travaux pour rétablir la fluidité du trafic, faciliter la mobilité interurbaine, et soutenir les échanges commerciaux, en particulier avec la ville sainte de Touba.
Il souligne que, bien que des audits suite à l’alternance politique soient nécessaires, la lenteur des procédures de contrôle risque de compromettre la qualité des travaux et d’engendrer des coûts supplémentaires. Il met également en garde contre les risques de dégradation de la route de Baba Garage, confiée à CSE, en raison des pluies, ce qui nécessiterait de nouveaux financements. Quant à la route Mékhé-Thilmakha, en chantier depuis près de trois ans, elle accuse un retard considérable, entraînant des accidents mortels.
Selon lui, l’unité affichée par les populations lors de cette caravane pacifique témoigne de l’urgence de reprendre les travaux de ces deux axes routiers. Leur achèvement permettra non seulement de réduire les accidents mortels, mais aussi de soulager les femmes enceintes évacuées des postes de santé du Cayor vers le centre de Ngaye Mékhé, et de relancer les activités économiques vers Touba. En cette veille de Magal, il déconseille vivement aux pèlerins d’emprunter l’axe Ngaye Mékhé-Thilmakha-Touba, en raison de son état dangereux.
Source L’As