De violentes vagues se sont abattues hier lundi dans plusieurs quartiers de Bargny Guedji. Elles ont causé d’énormes dégâts matériels. Dans sa furie, la mer a emporté des vivres, des pirogues. Mais, elle a aussi détruit plusieurs maisons et inondé plusieurs habitations. Une situation qui a engendré d’importantes pertes matérielles de familles qui vivaient déjà dans la précarité.
C’est le cas pour celle de Yacine Ciss, une mère de famille. Retrouvée dans la cour de ce qui reste de sa maison familiale, elle est revenue difficilement sur le film des faits qui l’ont privé de sa chambre et de celle de ses enfants. «J’étais dans la cuisine en train de préparer le petit déjeuner de mes enfants lorsque qu’un bruit assourdissant m’a fait sursauter. J’ai couru vers ma chambre. Malheureusement, tout était déjà parti. Il ne nous reste rien. Tous nos meubles, le sac de riz et mes provisions ont été emportés par les vagues», se désole-t-elle.
Sur les lieux où étaient bâties sa chambre et celle de ses enfants, il ne reste que des débris de briques. Les hautes vagues ont tout emporté sur leur passage. Dans cette concession de huit bâtiments, la quasi-totalité des constructions a été emportée, laissant derrière des femmes et des enfants qui n’ont plus de toit. «On n’a plus de maison. Tout est partie. Et ce qui est plus grave dans être affaire, c’est que les hommes ne sont plus là pour nous soutenir. Mon mari est parti en Europe l’année dernière. Il a pris la pirogue avec ses autres frères. Il ne reste que leurs femmes et leurs enfants. Déjà que c’était dur. Maintenant, on doit, en plus, trouver où dormir. Pour le moment, on n’a pas de solution. On va dormir chez ma mère pour le moment», a-t-elle indiqué.
Un autre quartier a aussi été touché par cette houle. C’est le quartier Ndiayène de Bargny. Ici, les dégâts matériels sont très importants. Des pirogues, des filets de pêche, des habitations n’ont pas pu résister à la furie de la mer.
Kiné Ndiaye, une sinistrée, a expliqué la situation. «Contrairement aux autres quartiers de Bargny Guedji, nous on n’a pas fermé l’œil de la nuit. Les vagues ont commencé à attaquer nos maisons vers 1 heure du matin. Il y avait de l’eau partout. Ma chambre était inondée. On a tout fait pour évacuer l’eau. Mais les choses se sont aggravées le matin, avec les fortes pluies. La houle a tout emporté. Regardez par vous-même. Ici, il ne reste plus rien. C’est la même situation à Ndagne Sambe, Ndiandji, Ndiayene. Ces quartiers qui se trouvent près de la mer ont été ravagés par cette houle», a-t-elle confié, avant de déplorer l’inertie des autorités.
«Ce n’est pas la première fois. Depuis plusieurs années, ces quartiers sont impactés par l’avancée de la mer. Mais, à chaque fois qu’il se passe ce genre de choses, elles viennent faire le tour des quartiers, amènent du riz, de l’huile, du sucre et disparaissent. Des familles sont disloquées, des ménages se brisent. Mais, aucune solution n’a été trouvée», regrette-t-elle.
«Maintenant, nous voulons juste lancer un appel à l’endroit du président de la République. Nous voulons les terrains qui ont été mis à notre disposition. Il y avait un programme de relogement pour les impactés de l’avancée de la mer. Depuis des décennies, nous courrons derrières nos terres qui ont été finalement mises à la disposition de la centrale à charbon. Nous réclamons justice. Car, nous sommes trop fatigués de subir les dégâts causés par la houle», a dit la dame.
Son sort, dit-elle n’est pas plus enviable que celui de ses semblables. «Je suis dans la même situation que les autres femmes du quartier. Avec l’aide de nos familles respectives et des chefs de quartiers, on a pu réunir quelques provisions pour aujourd’hui. Demain, DIEU est là. Et Il sera Miséricordieux. Car, presque tous les hommes sont partis en émigration. Il ne reste que les femmes et les enfants. On va essayer de trouver une solution, voir comment nous reloger, en attendant que la mer se calme pour essayer de récupérer des bagages et tenter de reconstruire ce qui a été épargné par la houle. On n’a pas le choix», déclare-t-elle avec un brin d’amertume au fond de ses yeux rougis par la fatigue et une longue nuit sans sommeil.
Vox populi