Les années passent et la situation n’évolue pas, les femmes restent minoritaires dans la lutte contre le terrorisme. C’est ce qui ressort du rapport « Promouvoir le rôle des femmes dans la sécurité et le contre-terrorisme » que publie la branche bruxelloise de l’association Women in International Security (WIIS). Il formule des propositions concrètes pour rééquilibrer la parité femmes-hommes dans le contre-terrorisme.
Ce rapport tire un constat sans appel avec plusieurs exemples issus d’Etats africains : la part de policières reste minoritaire au sein des forces de l’ordre, avec seulement 18,3% de femmes à ces fonctions en Ouganda. Au sein de l’appareil judiciaire, la part de magistrates est faible et oscille entre 15% à 30% au Sénégal.
Or les groupes terroristes, eux, ont recours à des stratégies genrées : de 2014 à 2018, au Nigeria, Boko Haram a mené une vaste campagne d’attentats-suicides menée par des membres féminins de l’organisation. Leur efficacité a été expliquée par le manque d’agents de sécurité femmes pour les fouiller.
Ce rapport, produit avec le soutien de l’Union européenne, aborde un sujet peu étudié jusqu’à présent. Il combine recherches et consultations en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient et en Asie. Le déficit de diversité est flagrant à tous les postes clés du contre-terrorisme (forces de l’ordre, magistrats, armées, législateurs). Parmi les raisons de cette sous-représentassions : des obstacles réglementaires, économiques, socioculturels et organisationnels.
Pour combattre cette disparité, le rapport préconise, entre autres, de mettre en place des campagnes de sensibilisation et de recrutement spécifiques pour créer un vivier de candidates à ces postes clés, de créer des réseaux informels, de proposer des offres de formation internes et de mentorat ; d’allouer plus de ressources pour combler le manque de données sur la parité dans le contre-terrorisme et d’inciter les Etats à davantage de transparence dans la publication de ces statistiques. Un guide clé-en-main avec des outils pratiques et de nombreux exemples d’actions à déployer complètent ce rapport.
Pauline Massart, co-auteur,
membre de WIIS Bruxelles et associée
chez CEIS-Avisa Partners