Nouveau rapport de la FAO : les pays en développement stimulent le commerce mondial des denrées alimentaires

Un nouveau  rapport évalue les tendances de la production et des marchés des principaux produits de base pendant la pandémie. Le commerce mondial des produits alimentaires s’est révélé remarquablement résilient au cours de la pandémie. Selon ce rapport publié hier par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les pays en développement ont même réussi à augmenter leurs recettes d’exportation.

Selon un encart consacré aux tendances récentes des factures d’importation de denrées alimentaires et des recettes d’exportation figurant dans la publication semestrielle Perspectives de l’alimentation, les données disponibles pour le premier semestre suggèrent une résilience forte, à défaut d’être complète, des marchés alimentaires mondiaux face aux chocs liés au COVID-19.

«La facture mondiale des importations alimentaires pour l’ensemble de l’année 2020 pourrait même dépasser celle de 2019», affirme Josef Schmidhuber, qui a coécrit le chapitre avec Bing Qiao.

«On note cependant un délaissement notable des denrées alimentaires à valeur élevée au profit des aliments de base».

Selon le communiqué reçu, l’analyse indique que les pays en développement ont montré un «dynamisme» notable en soutenant les flux commerciaux de produits alimentaires à l’échelle internationale. Les recettes d’exportation de ces pays ont augmenté de 4,6 pour cent au cours du premier semestre de 2020 par rapport à la même période de l’année précédente, tandis que celles des pays développés ont diminué.

Ceci s’explique en partie par le fait que les baisses les plus importantes sont observées pour les boissons, la viande et le poisson, dont la demande est plus réactive à la baisse des revenus des ménages provoquée par la contraction de l’économie mondiale.

Au cours de la même période, les importations mondiales de boissons ont connu une baisse de plus de 12 pour cent et celles des produits de la pêche de plus 10 pour cent. La valeur du commerce des huiles animales et végétales et des graines oléagineuses a, quant à elle, connu une augmentation de presque 10 pour cent. Le rapport présente un ensemble de graphiques, de données et d’analyses des tendances en fonction des groupes d’aliments et des régions.

Tendances des marchés de produits de base

Le rapport indique que les marchés des céréales sont bien approvisionnés en 2020-2021 et souligne une influence du resserrement des marchés sur le prix du blé et une forte demande internationale pour les céréales secondaires et pour le riz. La FAO a actualisé, la semaine dernière, ses prévisions concernant l’offre et la demande de céréales. La production mondiale de graines oléagineuses et de produits dérivés devrait atteindre un niveau record en 2020-2021, tandis que la demande croissante laisse présager un resserrement des marchés.

La production mondiale de sucre recommence à augmenter en 2020, mais à un rythme plus lent que la demande, qui sera tributaire de l’application éventuelle de nouvelles mesures de confinement liées au COVID-19.

La production mondiale de viande devrait diminuer en 2020, et ce pour la deuxième année consécutive, en raison du ralentissement prévu des échanges et de la demande. La production mondiale de lait devrait également augmenter en 2020, profitant des moussons favorables et de la résilience des réseaux de coopératives villageoises (qui continuent à collecter le lait malgré les difficultés logistiques rencontrées en Inde), et soutenue par la stabilisation de l’aide publique au sein de l’Union européenne et aux États-Unis d’Amérique.

Comme indiqué plus haut, le secteur de la pêche a souffert d’une baisse importante des échanges commerciaux. La production devrait diminuer en 2020 suite aux répercussions de la pandémie sur la demande, la logistique, les prix, la main d’œuvre et la planification des activités. La pêche de capture devrait probablement connaître un léger déclin et la production aquacole devrait diminuer pour la première fois depuis de nombreuses années. Le rapport révèle que les conséquences de la pandémie sur le marché du poisson, notamment la baisse de la demande en poisson frais (qui découle de la répugnance à aller au marché et au restaurant) a provoqué de «profonds bouleversements» qui devraient persister sur le long terme et favoriser l’innovation en matière de produits, des filières plus courtes et de nouveaux circuits de distribution.

Fruits tropicaux

La pandémie du COVID-19 a ébranlé la filière des fruits tropicaux, en particulier les produits les plus périssables dont la manutention exige une main d’œuvre importante et qui nécessitent un transport rapide (souvent par voie aérienne) avec des coûts relativement élevés. Le commerce mondial de l’ananas, de la mangue et de la papaye a diminué, parfois à un rythme à deux chiffres. Les marges bénéficiaires de la production de fruits tropicaux subissent la pression liée aux perturbations causées par la pandémie et aux chaînes de valeur hautement compétitives, ainsi qu’à l’accroissement de la puissance commerciale des acteurs situés en aval, aux foyers de maladies des végétaux et aux conditions météorologiques défavorables.

Sabine Altendorf, auteur de ce chapitre, affirme qu’il sera essentiel d’élaborer des politiques visant à fournir une aide financière aux producteurs afin que ceux-ci puissent continuer à fonctionner tout en protégeant la santé et la sécurité des travailleurs et en réduisant au maximum les perturbations du transport national et international. À l’inverse, les filières de la banane et de l’avocat ont montré une certaine résilience, puisqu’on a constaté une hausse des exportations des deux fruits.

Ces filières ont cependant subi des contraintes importantes, en particulier pour les petits producteurs qui ont été confrontés à l’augmentation du prix des engrais et des pesticides et ont souffert de l’annulation de commandes. Pour ce qui est de la banane, la demande a bénéficié non seulement du fait que ce fruit est perçu comme étant sûr d’un point de vue sanitaire et de consommation pratique, mais également de l’offre record de l’Équateur et de la reprise de la production au Costa Rica.

Les importations d’avocats ont également augmenté à l’échelle mondiale. L’offre saisonnière plus faible du Mexique et l’effondrement des achats aux États-Unis d’Amérique sont largement éclipsés par la forte demande de l’Union européenne et la hausse importante de l’offre de la Colombie, du Kenya et du Pérou

Mamadou Nancy Fall
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