On en sait un peu plus sur l’affaire du jeune mort dans des conditions troubles à Pikine. Un des témoins de l’arrestation du jeune Mouhammed Taya Diop a livré sa version des faits. Ami du défunt, depuis leur enfance, Alioune Gueye raconte ce dont il dit être témoin.
«C’était après la rupture du jeûne. Nous avions fini de distribuer du café Touba et du pain dans la rue. Nous avons réuni nos ustensiles et sommes rentré chez moi, car il m’avait demandé l’argent du café pour le lendemain. Nous étions alors en train de discuter, entre amis, (Mouhamed, un autre jeune qui est en prison depuis mardi, et moi) lorsque brusquement un groupe d’hommes en civil est entré dans la maison. Ils ne se sont pas présentés. Ils ont commencé à nous fouiller tout en nous insultant. Nous avons alors riposté», raconte Aliou.
Selon lui, il s’en est suivi une altercation qui a duré plus d’une heure. «Ils nous ont bousculé dans la chambre et l’un deux à utiliser une pomme à gaz pour nous neutraliser. Ils ont ensuite fermé la porte alors qu’on était toujours à l’intérieur. Ils pesaient de tout leur poids sur la porte pour nous empêcher de sortir. J’ai fracassé la porte. On est sorti pour pouvoir retrouver notre souffle. Ils sont revenus à la charge pour capturer Ahmed (Taya) et Modou, l’autre jeune. Et ils sont partis avec eux», a-t-il expliqué.
«Nous n’étions que trois. Ahmed est mort, mais l’autre jeune est actuellement en prison. Je le dis et le répète, ils sont venus ici sans nous notifier les motifs de leur présence chez moi. Ils nous ont insulté et nous ont gazé. Durant plus d’une heure, on s’est bagarré avec eux», se remémore le jeune Alioune.
A l’en croire, ce n’est pas la première fois que des individus essaient ces genres d’opération dans le quartier. «Il y a quelques mois, un policier de Pikine du nom de Sène est venu ici. J’étais devant la porte de notre maison. Il est passé devant moi sans me saluer pour entrer dans la maison. Mon oncle était assis dans la cours. Je l’ai interpellé pour savoir les motifs de sa présence. Il m’a juste répondu qu’il cherchait un ami, mais qu’apparemment il s’était trompé. Il est ensuite reparti. Alors je crois que ce qui s’est passé le mardi ici, c’était planifié».
Concernant certaines allégations selon laquelle la police était sur les lieux après un signalement anonyme, il s’est expliqué. «Je veux être clair. Ils n’ont rien trouvé sur nous. Ils disent partout qu’ils étaient là, car ils nous soupçonnaient de trafic de chanvre indien. Des médias de la place relaient cette information. Mais, ils n’ont pas de preuves. Mouhamed est un jeune travailleur. C’était un soutien de famille. S’il était avéré que c’est un trafiquant de drogue, aussi, il ne mériterait pas de mourir dans ces conditions. Son corps était meurtri. Il était méconnaissable. Il est mort et ne peut pas se défendre alors ils l’accusent pour expliquer leur acte barbare. Il est resté dans le coma des jours. Il est mort une semaine après les faits. Mais son corps continuait à saigner même au cimetière. C’est déplorable ce qui s’est passé», se plaint-elle
S Vox Populi