Dans les paisibles villages nichés aux abords des palmeraies du sud de la Casamance, dans le Balancounda (département de Goudomp), une inquiétude grandissante s’installe parmi les femmes qui s’adonnent à la fabrication traditionnelle de balais. Malgré leur labeur acharné, elles se retrouvent confrontées à un dilemme de taille : l’écoulement difficile de leur production.
À travers chaque concession, des piles de balais sont visibles, témoignant de l’abondance de l’offre. Cependant, cette abondance ne se traduit pas par une demande correspondante.
Les propriétaires de ces stocks expriment leur frustration face à la mévente persistante qui entrave leur gagne-pain. À l’origine de ce déséquilibre économique, les femmes pointent du doigt une mesure gouvernementale récente : l’arrêt du trafic maritime reliant Ziguinchor à Dakar, la capitale sénégalaise.
Cette décision a eu pour effet de décourager leurs principaux clients, les « bana-bana », ces marchands venant du nord, particulièrement de Dakar, pour acheter leurs balais. Selon les témoignages recueillis, ces « bana-bana » constituaient une part significative de la clientèle locale, assurant ainsi un débouché régulier pour la production de balais.
Cependant, depuis la suspension du trafic maritime, ces acheteurs se font de plus en plus rares, plongeant les femmes fabricantes de balais dans une situation précaire. Face à cette conjoncture difficile, les femmes des villages producteurs de balais lancent un appel pressant aux autorités.
Elles exigent la reprise immédiate des activités du bateau sur l’axe Ziguinchor-Dakar. Pour elles, cette mesure est cruciale pour relancer l’économie locale et garantir la survie de leur artisanat traditionnel. L’avenir des villages de la Casamance, étroitement lié à la prospérité de cette activité ancestrale, semble suspendu à la réouverture de cette voie maritime vitale.
En attendant, les balais continuent de s’accumuler dans les concessions, témoins silencieux d’une économie en attente de renaissance.
Source Tribune