Migration- nouvelles données de l’ILOSTAT : portrait des travailleuses migrantes

La migration internationale des femmes, avec leur famille ou seules, est un phénomène de plus en plus important et complexe, mais elle reste insuffisamment documentée en raison du manque de données. Les nouvelles données de l’ILOSTAT offrent quelques aperçus sur le profil des femmes à la recherche d’un emploi et de meilleures opportunités à l’étranger.

Pays à revenu élevé, les femmes migrantes sont de plus en plus…

La proportion de femmes migrantes en âge de travailler ayant un niveau d’éducation avancé (tertiaire et supérieur) a augmenté entre 2009 et 2019 dans 25 des 40 pays pour lesquels des données sont disponibles. Cette tendance a été observée dans de nombreux pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) depuis les années 2000: elle est liée en partie aux progrès mondiaux en matière de niveau d’éducation des filles et des femmes, et en partie à la demande croissante de main-d’œuvre qualifiée dans les secteurs à prédominance féminine, tels que la santé et l’aide sociale. Dans plus de la moitié des pays à revenu élevé pour lesquels des données sont disponibles, les femmes migrantes hautement qualifiées en âge de travailler sont plus nombreuses que leurs homologues masculins.

…mais ils ont moins de chances d’être employés…

Si les femmes ont souvent un ratio emploi/population inférieur à celui des hommes en général, l’écart entre les sexes en matière d’emploi tend à être plus important chez les migrants. Dans l’ensemble, les femmes migrantes ont moins de chances d’avoir un emploi que les hommes migrants, les ratios moyens respectifs d’emploi par rapport à la population étant de 75 % et de 85 % pour les 124 pays pour lesquels des données sont disponibles. La différence entre les deux ratios est la plus importante dans les pays à revenu élevé et à revenu intermédiaire supérieur. Dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur, le pourcentage de femmes migrantes ayant un emploi tend à être plus proche de celui de leurs homologues masculins.

…plus susceptibles d’exercer une profession élémentaire.

Les femmes migrantes sont également désavantagées en termes de qualité des emplois qu’elles obtiennent. Dans une grande majorité de pays, elles sont plus susceptibles d’exercer des professions élémentaires que les hommes. Cette constatation est conforme aux études précédentes qui ont montré la forte prévalence des travailleuses migrantes dans les secteurs de services peu qualifiés, tels que les services domestiques, de nettoyage et les services connexes, en particulier dans les pays à revenu élevé.

…confrontées à un écart de rémunération important entre les sexes

Les revenus sont un autre aspect du marché du travail où les travailleuses migrantes s’en sortent moins bien que les autres. Elles sont confrontées à un écart de rémunération important entre les sexes dans de nombreux pays. Le salaire mensuel moyen des femmes migrantes est inférieur de plus de 20 % à celui des hommes migrants dans 37 des 60 pays pour lesquels des données sont disponibles. Bien que les femmes non migrantes gagnent également moins que les hommes en général, l’écart de rémunération entre les sexes est beaucoup plus important parmi les migrants dans la plupart des pays. Parmi les 60 pays analysés, c’est au Ghana, au Mali et en République-Unie de Tanzanie que l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes migrants est le plus important. Dans ces trois pays, les travailleuses migrantes gagnent environ 80 % de moins que leurs homologues masculins.

Dans l’ensemble, les travailleuses migrantes sont confrontées à un double défi, car elles se trouvent à l’intersection de deux groupes – les femmes et les migrants – qui sont souvent marginalisés et soumis à divers obstacles sur le marché du travail. Des crises telles que la pandémie COVID-19 ne peuvent qu’exacerber leur vulnérabilité. Des données précises ventilées par sexe et une analyse approfondie des migrations internationales de main-d’œuvre, tenant compte des effets de la pandémie actuelle lorsque cela est possible, sont plus nécessaires que jamais pour aider à concevoir des politiques efficaces qui répondent aux besoins spécifiques des travailleuses migrantes et leur permettent d’accéder à un travail décent, à l’égalité de rémunération et à un traitement équitable dans leur pays de destination.

Andonirina Rakotonarivo

Andonirina est analyste de données au sein de l’unité de coordination statistique et des sujets spéciaux du BIT département des statistiques. Elle supervise la collecte annuelle de données pour la base de données des statistiques sur la migration internationale de la main-d’œuvre (ILMS)

Mamadou Nancy Fall
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