MALGRÉ LE VOTE DE LA LOI CONTRE L’EXCISION : Les jeunes filles subissent toujours la foudre des couteaux

Après d’intenses combats au niveau national et international pour mettre fin à l’excision au Sénégal, avec le vote de la loi l’interdisant, la pratique persiste toujours. Aujourd’hui, ce sont aux jeunes d’entrer dans la danse à travers des interventions de communication pour un changement social.

Au Sénégal, malgré le vote de la loi N°99-05 en 1999, pénalisant la pratique de l’excision et les nombreuses dénonciations dont elle a fait l’objet, les couteaux des exciseuses qui étaient enterrés ont refait surface. Permettant à l’excision qui est une pratique aussi vieille que le monde de poursuivre son bonhomme de chemin. Dans ce pays le taux reste toujours très élevé, avec plus de 13,9 % des jeunes filles excisées, selon le rapport de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). Ce document montre également que les chiffres présentent de fortes disparités selon les zones de résidence, les origines ethniques ou encore le niveau de scolarisation, même si la tranche d’âge des femmes de 15-49 ans est la plus touchée avec 24%. Parmi les filles de moins de 15 ans, 14 % sont excisées au Sénégal et que la grande majorité était excisée avant l’âge de cinq (5) ans. Cette situation chaotique a poussé les jeunes du Réseau pour la promotion de l’excision à monter à leurs grands chevaux pour faire face à ce fléau. Mais, ceci passera inéluctablement par une formation des jeunes pour le changement social. C’est dans cette logique qu’un atelier de deux jours (11-12 juin 2018) se tient au Conseil national de la jeunesse du Sénégal (Cnjs) pour former les jeunes leaders du Réseau venant des différentes régions sur les techniques de communication pour l’abandon de l’excision. Cette rencontre leur permettra d’identifier leurs stratégies pouvant contribuer à mettre fin à l’excision en une génération à travers un changement positif. « Nous nous sommes formés en réseau à travers différents mouvements pour qu’en ensemble, on puisse lutter et mener des actions de plaidoyers pour que les décideurs puissent savoir que cette pratique peu être abolie au Sénégal », a déclaré Hyacinthe Coly, président du Réseau des jeunes pour la promotion de l’abandon de l’excision au Sénégal.
« Dans les régions telles que Matam, Kolda, Sédhiou, Kédougou et Tambacounda le taux de prévalence de la mutilation génitale avoisine les 50% », a déclaré pour sa part Lydie Sanka, coordonnatrice du programme violence basée sur le genre et mutilations génitales féminines au sein de l’Unfpa/Sénégal. Selon elle, les dernières données de 2016, ont montré que la pratique existe toujours dans ce pays, même s’il y a une forte disparité entre les régions.

Saër DIAL

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