Ce sont des élections territoriales. La victoire n’était pas de gagner des centaines de collectivités, mais de contrôler les plus importantes en termes d’enjeu. Les tendances donnent l’opposition, désormais la plus signifiante, Yewwi askan wi, grand vainqueur.
D’abord à Dakar, le match a tourné en sa faveur. Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Malick Gackou et autres imposent à Macky Sall un rapport de forces qui ne se limitera pas seulement à ces collectivités locales.
C’est là que cette élection, plusieurs fois reportée a tout d’un retour à l’atmosphère et aux résultats de celle de 22 mars 2009. Ce jour-là, Abdoulaye Wade en avait vu de toutes les couleurs en perdant la Ville de Dakar et près de 14 communes sur les 19. Les écarts hallucinants de cette présente élection ne sont pas loin de la raclée de 2009 qui était le premier tour de la Présidentielle de 2012.
Cette bérézina de Bby présagerait-elle un tel scénario pour 2024 ? L’ancien Président Wade n’avait pas décodé pour avoir tenté un 3ème mandat.
Alors, ce même débat qui n’est pas encore (définitivement) clos va-t-il se poursuivre à la lumière de ces résultats ? Ne serait-il pas d’ailleurs une sanction contre cette incertitude ambiante entretenue autour d’un éventuel 3ème mandat ? Cette défaite de Benno bokk yaakaar peut encore être une «répression» contre des hommes et des pratiques.
PM : Destins en question
Très tôt peut-être pour rouvrir le débat autour du futur Premier ministre, mais la question se posera dans les prochains jours. Il y a la défaite de Abdoulaye Diouf Sarr qui est cruelle d’ailleurs.
Double perte : la base d’abord, Yoff, qui avait pourtant sauvé Benno bokk yaakaar et l’Apr en 2014, tombe dans les bras d’un jeune, Seydi Issa Laye Samb, un proche de Khalifa Sall. S’il y a un vrai drame dans cette élection, c’est véritable celui-là. Voilà un fait politique qui change tout. Sa légitimité était confortée par son exploit de 2014.
Sa gestion du covid-19 jugée acceptable lui a donné des ailes et il pouvait atterrir à la Primature. Le ministre de la Santé était même finalement logé dans ce lot de Premier-ministrables que Macky Sall avait dans la tête. C’est une défaite individuelle, mais aussi collective.
Et sous ce rapport, Amadou Ba également, qui a battu campagne à ses côtés, n’en sortirait pas indemne. Même s’il pourrait se dire : «Si c’était moi…»
De même, l’autre Amadou n’a pas été un «Hott» indésirable à Yeumbeul Sud, face au maire sortant, Bara Gaye. Si les résultats se confirment, ce serait un point faible pour le ministre de l’Economie. A moins que le Président mise encore sur ses compétences.
Le blues des Législatives pour Macky
Le Président Sall aura encore du mal à se requinquer en l’espace de 6 mois. En effet, si la logique de sanction se poursuit aux prochaines Législatives, ce serait une double cohabitation entre le Législatif et l’Exécutif.
Ce que l’opposition a pendant longtemps tenté sans y parvenir à cause de ses divergences. Macky Sall n’a pas d’autre choix que de faire avec une recomposition politique qui n’est pas d’ailleurs évidente.
A Thiès, Yewwi sur les rails
Apparemment, à Thiès, Yewwi askan wi serait sur les rails. Le maire sortant a félicité Babacar Diop, candidat de Yaw, même si celui de Benno bokk yaakaar, Yankhoba Diattara ne l’avait pas encore fait jusque tard dans la soirée. Ce serait en tous cas une punition infligée à Idrissa Seck qui a surpris son monde en rejoignant, le 1er novembre 2020, la mouvance présidentielle. Le désamour avec les Thiéssois était perceptible, mais pas au point d’être hué comme on l’a vu hier au moment où il effectuait son vote.
Bes Bi Le Jour