L’injustice criante subie par les acteurs du BTP… Par Mamadou Lamine Diatta

« Quand le bâtiment va, tout va » Martin Nadaud, homme politique français.

Chronique de MLD-Au moment où le pays ne cesse de bruire au rythme de cet accessoire que reste l’actualité People Ndèye Khady Ndiaye, ancienne patronne d’Adji Sarr à Sweet Beauté, de braves acteurs du secteur stratégique du bâtiment travaux-publics (BTP) sont en proie à d’inextricables difficultés existentielles et peinent à rentrer dans leurs fonds. C’est tragique mais ainsi va le Sénégal, ce pays complexe qui marche souvent sur la tête d’autant que nous n’avons jamais eu le sens des priorités.

Clairement !

Lors de son traditionnel message du 03 avril, le Chef de l’Etat avait informé du  paiement de 62,08 milliards de francs CFA en 2024 en annonçant également un montant de 66,7 milliards de Fr Cfa prévu dans la loi des finances de l’exercice en cours. Mais que représentent ces 128 milliards Fr Cfa sur un montant global estimé à 453 milliards Fr Cfa en termes d’arriérés dus par l’Etat aux entreprises du BTP ?

Autant dire qu’à ce jour, à peine15% de cette dette intérieure ont été apurés. On peut alors comprendre quelque part pourquoi plusieurs segments névralgiques de la vie sociale sont actuellement paralysés au Sénégal. L’argent circule  au compte-gouttes car il faut savoir que dans ce pays, le BTP concentre entre 80 et 90 % de la commande publique et forcément lorsqu’il est quasiment à l’arrêt comme c’est le cas actuellement, c’est un pan important voire vital de l’économie qui est à genoux.

Au sens large du terme, le BTP concerne, intègre et impacte directement des domaines stratégiques comme les routes, les trains, les ouvrages d’art, l’énergie, les autoroutes de l’eau, les pylônes, les centrales solaires, la climatisation, la plomberie, la menuiserie- métallique, la décoration -architecture. Sans oublier tous ces « petits métiers » comme ceux des peintres et autres tâcherons.

Autrement dit, la célèbre inspiration de Martin Nadaud homme politique français n’a jamais été une vaine tirade ou une vue de l’esprit. Il disait avec une pointe de sagesse :  « Quand le bâtiment va, tout va ». Nous sommes d’ailleurs tentés de compléter : « Oui à condition que les acteurs du bâtiment soient payés régulièrement » afin de maintenir la flamme intacte pour consolider le cycle vertueux de création des richesses et de valeurs.

L’importance du secteur de la construction  dans l’économie nationale est donc incontestable car lorsque l’industrie du bâtiment est prospère et dynamique, cela a rapidement des répercussions positives avec un effet de ruissellement sur l’ensemble de la chaîne économique. Un secteur du bâtiment florissant signifie généralement la bonne santé de  l’économie dans son ensemble relativement à la confiance des entreprises et des consommateurs.

Cependant, après des recoupements auprès des acteurs, il semble que le nouveau pouvoir ne gère que les conséquences désastreuses de pratiques controversées du régime déchu qui octroyait l’essentiel des marchés aux Chinois, aux Turcs, aux Marocains etc. Résultat, il n’ya que les banques et les impôts qui s’enrichissent ; le reste très peu…

Cette situation a mis les entreprises sénégalaises en difficulté.

On ne saurait diaboliser ces braves Sénégalais à l’expertise reconnue partout en Afrique sous le prétexte fallacieux de la « qualité douteuse » de leurs ouvrages. C’est d’ailleurs le lieu de rendre un vibrant hommage à Léopold Sédar Senghor. Le Premier Président de la République du Sénégal avait eu la lumineuse idée de créer l’Ecole Polytechnique de Thiès d’où sont issus les meilleurs ingénieurs du pays

On ne saurait avoir le toupet de douter de la qualité des ingénieurs de la Compagnie sahélienne d’entreprises (CSE du regretté Aliou Sow) du consortium d’entreprises (CDE) ou encore de Getran de Mar Thiam. Tous ces mastodontes du BTP sénégalais ont réussi le tour de force de s’imposer ici d’abord avant de réussir au  Mali, en Gambie, au Congo, au Tchad et ailleurs en Afrique.

Eiffage a construit des ouvrages futuristes en  Sierra-Leone au Gabon, au Mali… Idem pour Pierre Atepa  Goudiaby qui a récemment gagné le marché énorme de la conception du grand  Projet Libreville II à savoir l’érection de la nouvelle capitale administrative du Gabon. Sans oublier Sablux qui a fini de convaincre entre le Burkina, la Côte d’Ivoire, la  Guinée- et bientôt le Bénin…

L’essor de l’économie  repose en grande partie sur le BTP et un Leader comme Maître Abdoulaye Wade l’avait bien compris avec la mise en œuvre de sa fameuse approche Keynésienne basée sur le lancement  des grands travaux. Son successeur Macky Sall était également un adepte des grands travaux. Le hic, c’est que les entreprises sénégalaises se plaignent d’avoir été peu impliquées.

Il faudrait corriger cela pour s’inspirer de ce  Maroc qui nous a rattrapés récemment dans le  Btp grâce à la vision stratégique du  Roi Mohamed VI qui a eu la sagesse de créer  des champions nationaux.

MLD

Dieyna SENE
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