La campagne électorale prévue du 27 octobre au 15 novembre 2024 s’annonce particulièrement tendue. La tête de liste nationale de PASTEF, Ousmane Sonko, entretient des relations houleuses avec les principaux leaders de l’opposition, notamment Amadou Ba de la coalition Jamm Ak Njarin, ainsi que les leaders de Takku-Wallu et Samm Sa Kaddu. Avec Amadou Ba, actuel leader de Jamm Ak Njarin et ancien Premier ministre, l’animosité remonte à plusieurs années. Les deux hommes, ayant travaillé ensemble au sein de l’administration fiscale et à l’École nationale d’administration (ENA), se connaissent bien.
Sonko n’a jamais manqué de critiquer Amadou Ba, l’accusant d’être un « politicien milliardaire » et mettant en doute l’origine de sa fortune. Lors d’une récente déclaration à la primature, Sonko a directement impliqué Ba dans la gestion défaillante des finances publiques sous l’ancien régime, l’accusant d’avoir contribué à tromper les institutions de Bretton Woods sur l’état réel de la dette et du déficit budgétaire du Sénégal.
Jusqu’à présent, Amadou Ba n’a pas vigoureusement répondu aux attaques du leader de PASTEF, ce qui le fragilise aux yeux de l’opinion. Mais les législatives anticipées du 17 novembre marqueront une nouvelle étape : Ba, libéré de la tutelle de Macky Sall, pourra répondre avec plus de fermeté aux critiques et tenter d’affaiblir Sonko, désormais en position délicate en tant que chef de gouvernement. Ces élections représentent un baromètre essentiel pour Amadou Ba, qui espère regagner du terrain en s’imposant face au régime actuel.
Macky Sall et Sonko : La Confrontation Finale
Par ailleurs, les élections législatives serviront de théâtre à un affrontement attendu entre Macky Sall et Ousmane Sonko. Leur rivalité, qui a marqué la scène politique sénégalaise ces dernières années, pourrait atteindre son paroxysme. Macky Sall, bien que battu lors de la présidentielle de 2024, reste actif et participera directement à ces législatives dans l’objectif de priver Sonko d’une majorité parlementaire.
L’histoire entre les deux hommes est marquée par des scandales retentissants, notamment l’affaire des 94 milliards, où Sonko avait accusé le directeur des domaines, Mamour Diallo, d’être impliqué dans un détournement, sous la protection de Macky Sall. Ce différend, ainsi que la radiation de Sonko de la fonction publique en 2016, ont contribué à renforcer son aura auprès de l’opinion publique.
Désormais au pouvoir, Sonko n’a pas épargné les figures de l’ancien régime, initiant des enquêtes et procédures judiciaires contre plusieurs partisans de Macky Sall. Ce dernier, en décidant de participer aux législatives, envoie un message clair : il ne compte pas abandonner le combat politique ni laisser ses alliés être sacrifiés. Cette confrontation pourrait définir l’avenir politique du Sénégal, chaque camp cherchant à montrer sa suprématie et à consolider son influence.
Duel Sonko-Dias : Le grand combat pour Dakar
Les législatives seront aussi un test décisif pour Ousmane Sonko dans sa bataille avec Barthélémy Dias, maire de Dakar et ancien allié au sein de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW). Leur rupture a transformé leur relation, autrefois amicale, en une rivalité politique intense.
Le désaccord majeur entre les deux hommes est survenu après que Dias a soutenu le dialogue initié par Macky Sall en janvier 2023, une démarche perçue par Sonko comme une trahison. Depuis, le climat entre eux s’est détérioré, chacun accusant l’autre de manipuler l’opinion à des fins électorales. La bataille pour le contrôle de Dakar, bastion politique stratégique, sera l’un des enjeux majeurs de ces législatives.
Barthélémy Dias espère profiter de ce scrutin pour renforcer sa position en tant que leader potentiel de Taxawu Sénégal et successeur naturel de Khalifa Sall. Quant à Sonko, il ambitionne de prouver qu’il reste le maître incontesté de la capitale, malgré les tensions internes. Leur affrontement électoral du 17 novembre marquera sans doute un tournant dans leur parcours politique respectif.
Avec L’As
