La Var De Tribune : Quand Macky qualifiait le mode d’élection des députés d’anti-démocratique

«Ce n’est pas compliqué, en politique, il suffit d’avoir une bonne conscience, et pour ça, il faut avoir une mauvaise mémoire». En tenant ces propos, Coluche le célèbre humoriste français, ne croyait pas si bien dire. Tellement ils peuvent abhorrer une chose et l’adorer, comme si ce n’était pas la même personne. Tribune vous rappelle les propos de Macky Sall quand il dénonçait le mode d’élection des députés, le qualifiant d’anti-démocratique, mais dans lequel il se complaît aujourd’hui.

Voilà le profil que l’opposant Macky Sall donnait d’un président :

«Un président réellement démocrate, qui respecte les prérogatives de l’Assemblée nationale, qui respecte les prérogatives de la justice, qui ne s’interfère pas – puisque, aujourd’hui, avec ce régime politique, nous allons à des élections législatives, et que l’opposition gagne la majorité, c’est elle qui forme le gouvernement et non le président de la République, et c’est elle qui va, à partir de ce moment, définir la politique. Parce qu’elle sera entièrement responsable du choix des ministres, de la politique à mettre en œuvre. Donc, nous n’avons pas un problème de régime, il nous faut au contraire travailler pour la promotion de l’État de droit.

C’est ça qui est important, un État de droit et non pas un régime de type présidentiel ou de type législatif. Parce que dans chaque modèle vous avez des avantages et des inconvénients, et il s’y ajoute qu’au Sénégal, le choix des députés quand même ne permet pas d’avoir un équilibre, puisque les députés sont élus sur deux modes de scrutin.

Un scrutin dit majoritaire à un tour, sur 90 députés qui sont élus, c’est le «raw gaddu» ; vous avez une voix de plus, vous prenez tous les députés de Dakar par exemple. Ils sont 7, vous, vous avez 30 voix, moi j’en ai 29, vous prenez les 7, ce n’est pas très démocratique.

Ensuite, vous avez 60 sur la liste proportionnelle, mais le choix de ces députés incombe au chef de parti en général. Donc, le député qui est là, il n’est pas choisi par une circonscription, il n’est pas choisi par des électeurs, mais il doit son élection aux choix de son parti et simplement par le nombre global de voix.

Donc, dans de telles conditions, on ne peut pas dire que l’Assemblée nationale va être le centre d’impulsion de la politique. Je pense que l’Assemblée à un rôle essentiel à jouer : c’est le rôle de légiférer, c’est le rôle d’autoriser au gouvernement le budget annuellement, de le contrôler. Le contrôle parlementaire, c’est extrêmement important». Seulement, la question qui s’impose est de savoir, depuis plus de dix ans qu’il est à la tête du Sénégal, qu’a fait l’opposant devenu président pour rendre le mode d’élection plus démocratique ? Le choix des députés permet-il aujourd’hui un équilibre ? Incarne-t-il le profil qu’il donnait d’un président ?

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Tribune

Mamadou Nancy Fall
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