La rupture dans la conduite des affaires publiques, oui, mais comment ? Par Tamba Danfakha

Le mot rupture est à la mode, tout comme des termes comme changement systémique, mais, le coach formateur en efficacité, que je suis, n’est pas du tout certain que ces termes sont utilisés à bon escient.

 

Or, mal dire ses idées conduit à mal se comprendre et à mal agir.

Le mot rupture provient du verbe rompre qui signifie couper brutalement tout lien entre les choses.

 

Le mot changement qui provient du verbe changer signifie, lui, couper, progressivement, en douceur, tout lien.

 

Ideologiquement et politiquement, l’idée de couper les liens est défendue par les gens de gauche, les gens de droite estimant que l’humain doit plutôt s’adapter à l’ordre des choses qui relève du divin.

 

La gauche, elle-même, se divise entre deux camps : les réformateurs qui parlent de changement et les révolutionnaires qui parlent de rupture.

 

Les réformateurs accèdent au pouvoir de façon pacifique et les révolutionnaires de façon violente.

 

L’implosion du monde révolutionnaire, dont le moteur était l’union des Républiques socialistes soviétiques ou URSS, à jeté sur le mot révolution un discrédit qu’il semble difficile de gommer par un simple tour de magie.

 

La chute des pays communistes en 1987, puis la soumission du dernier d’entre eux, la Chine en l’occurrence, à l’économie de marché a fait croire, un moment, que la droite politique, gardien du statut quo oppressif décrié par les révolutionnaires, avait triomphé.

 

Le penseur japonais Francis Fuckuyama en a, d’ailleurs, fait l’apologie dans son retentissant ouvrage : la fin de l’histoire et le dernier homme.

 

Face à l’effondrement des pays phares de l’idéologie de la rupture et le recul des partis réformateurs dans les démocraties électoralistes, l’idée du changement et de rupture était devenue suspecte, voire utopique.

 

Cette croyance, chez les élites et le grand public, que le changement ou la rupture sont impossibles justifie notre tendance à vouloir prouver, systématiquement, que le Président Bassirou Diomaye Faye et ses camarades, fraîchement, arrivés au pouvoir, sont incapables d’accomplir les ruptures qu’ils promettent.

 

Cette défiance, quasi naturelle, face à tout discours de rupture ou de changement persistera du fait du triomphe permanent de l’injustice dans le monde.

 

En outre, le scepticisme est justifié, au Sénégal, par le fait que les nouvelles autorités n’ont pas conquis le pouvoir par la force et, osons l’espérer, ne conduiront pas les affaires publiques par la force.

 

Dès lors, les nouvelles autorités devraient opter, dès maintenant, pour le changement ou la réforme et renoncer à toute idée de rupture hasardeuse.

 

Ce ne serait pas un reniement, mais, plutôt, une soumission au principe de réalité : le prix à payer pour opérer des ruptures sera trop élevé, sans garantie que les gains compenseraient les sacrifices accomplis.

 

Pour faire simple, le système électoral, qui est plébiscité par tous les acteurs politiques, offre une plage temporelle insuffisante pour permettre à un régime de prouver aux électeurs la nécessité du prix à payer pour rompre avec des habitudes séculaires.

 

Me vient, alors, en mémoire la démarche du Président Abdoulaye Wade, ce faux libéral, mais vrai réformateur : deux pas en avant et un pas en arrière !

 

En un mot, les sénégalais ont besoin de réformes, de cohésion nationale et d’un pays apaisé, de réformateurs et non de révolutionnaires.

 

C’est de cette façon que nous serons capables, surtout, de lutter efficacement contre le chômage des jeunes dans notre pays, le seul combat qui devrait être notre priorité à tous, à toutes.

 

Tamba Danfakha

Président Coalition Priorité Emploi

Dieyna SENE
Up Next

Related Posts