La perte de majorité de Benno commande d’opérer des ruptures audacieuses Par Nioxor Tine

Même si les observateurs électoraux ont délivré un satisfecit aux autorités sénégalaises, à l’issue de leur supervision des opérations de vote, à l’occasion des législatives du 31 juillet 2022, notre pays semble s’acheminer, tout droit vers une crise postélectorale, encore plus inquiétante que celle pré-électorale.

Mais le fait marquant de ces élections, au-delà des calculs d’épiciers électoraux, demeure la perte de majorité de la coalition Benno Bokk Yakaar.

Le président, de par sa stratégie d’exclusion et d’éviction de candidatures crédibles en arrive à renforcer les pôles, qui lui sont le plus antagoniques, réduisant ainsi sa propre marge de manœuvre. Cela était arrivé lors des présidentielles de 2019, qui ont servi de rampe de lancement au PASTEF. Cette année également, son intolérance légendaire et ses pulsions tyranniques ont fait commettre au président Sall, des maladresses, ayant occasionné des effets dévastateurs, sur le plan électoral, au détriment du camp présidentiel.

Résultat des courses, après une campagne axée sur un bilan présidentiel enjolivé, fait de réalisations somptuaires, souvent non prioritaires et occultant l’évaluation du travail de la treizième législature, Benno Bokk Yakaar a perdu le vote populaire et subi des défaites, dont certaines écrasantes, dans la plupart des grandes villes, dont celles religieuses.

La situation est d’autant plus dramatique pour eux, que leur démarche politique prétentieuse est devenue obsolète, car reposant sur la ruse et l’intimidation, avec un arsenal politique essentiellement constitué de tripatouillages de textes de lois, de propagande mensongère, de persécution judiciaire, de répression policière, de débauchage d’adversaires politiques, de corruption électorale.

Pas étonnant, dès lors, qu’on cherche à falsifier les résultats, dans les contrées souvent rurales, où la coalition présidentielle a réalisé des scores senghoriens, car le vote affectif y joue un rôle capital, ayant permis un enrôlement massif d’électeurs. De plus, la faible implantation des coalitions d’opposition dans ces zones ne leur permet pas de siéger dans la plupart des bureaux de vote et laisse la voie libre aux fraudeurs de la majorité.

L’Opposition est également interpellée, car si le plan Déthié Fall est un coup de maître en matière de stratégie électorale, on se demande quelle est sa finalité sur le plan politique, du moment qu’à notre connaissance, aucun programme ne lie encore l’Inter-coalition, qui pourrait être appelée à former un gouvernement en tant que nouvelle majorité, en cas de cohabitation. Sans compter qu’une recomposition de la majorité présidentielle avec des forces de l’opposition ne peut être exclue, encore que la perte de majorité de Benno Bokk Yakaar voulue par le peuple souverain commande d’opérer des ruptures audacieuses.

Le verdict sorti des urnes, le 31 juillet 2022, se veut un message clair, voire un coup d’arrêt contre la lente descente aux enfers, que notre Démocratie a amorcée depuis l’accession au pouvoir du président Macky Sall.

Par ailleurs, depuis février-mars 2021, il y a eu plusieurs signaux (émeutes, contre-performances de Benno Bokk Yakaar aux locales de janvier dernier), qui se sont heurtés à un mur d’incompréhension et à l’autisme de cercles dirigeants de l’APR, qui ont préféré le statu quo, les manœuvres politiciennes (parrainage, invalidation de listes), le débauchage d’adversaires politiques par la corruption…

Pour cette fois, il s’agira de tirer les leçons du vote des Sénégalais, de faire preuve d’audace, en initiant des réformes pertinentes.

Ce faisant, une dernière chance est offerte au président de Benno Bokk Yakaar, dans le court laps de temps qui lui reste, de contribuer à ce que sa coalition politique renoue avec une pratique politique vertueuse, restant dans les limites de la bienséance et de l’élégance républicaine.

Il serait, dès lors, bien venu, dans le cadre d’une cohabitation apaisée, d’ouvrir de larges concertations nationales, en capitalisant sur l’héritage des Assises Nationales.

 

Nioxor  Tine

leelamine@nioxor.com

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