La CEDEAO finit la turbulente année 2021 avec un sommet critique *Par Paul Ejime

La CEDEAO, le bloc régional ouest-africain, tient un sommet régulier dimanche à Abuja, pour mettre fin à une année chaotique caractérisée par deux coups d’État militaires réussis et au moins un échec ; défis sécuritaires sans fin et suspension de deux de ses membres.

Les élections présidentielles relativement pacifiques au Cabo Verde et en Gambie ont été les quelques points positifs d’une année où des bandits, des terroristes et des groupes d’insurgés djihadistes, dont ISIS et Boko Haram, ont tué des milliers de personnes dans la région troublée, en particulier au Sahel et au Nigeria.

Les transitions politiques négociées par la CEDEAO vacillent au Mali et en Guinée, qui font l’objet de suspensions et de sanctions ciblées contre leurs dirigeants après des coups d’État militaires qui ont renversé les gouvernements de leurs présidents élus. Le Mali a connu deux coups d’État en un an, tandis que le Niger a signalé un putsch raté en mars avant l’investiture du président nouvellement élu Mohamed Bazoum.

Au cœur de l’instabilité politique perpétuelle de la région se trouvent des élections imparfaites, la mauvaise gouvernance, la corruption et la fixation des dirigeants par « troisième mandat ».

Comme solution, les chefs d’Etat et de gouvernement, qui se réunissent dimanche dans la capitale nigériane, ont mandaté la Commission de la CEDEAO pour superviser la révision du Protocole additionnel de 2001 sur la démocratie et la bonne gouvernance.

L’intention est d’insérer une limite de mandat présidentiel dans l’instrument afin de mettre fin à la controverse sur le troisième mandat.

Cependant, des sources diplomatiques affirment qu’au moins trois États membres bloquent les initiatives visant à accélérer ce projet.

Mais si l’Autorité des chefs d’État de la CEDEAO, actuellement présidée par le Ghana, est sincère et déterminée à trouver une solution durable à l’instabilité politique dans la région, les dirigeants régionaux doivent s’élever au-dessus des ambitions personnelles et respecter la volonté des citoyens qui les ont élus.

L’opposition au troisième mandat n’est pas nouvelle dans la région. Il a été soulevé lors d’un sommet en 2014, mais a été abattu par certains dirigeants en raison de leurs intérêts personnels. De plus, pas plus tard qu’en septembre 2020, le président du Nigeria MuhammaduBuhari avait, lors d’un sommet de la CEDEAO à Niamey, au Niger, appelé ses collègues à éviter la tentation de prolonger le mandat, mais cet appel est à nouveau tombé dans l’oreille d’un sourd.

Plusieurs pays ont des dispositions relatives au second mandat dans leurs constitutions nationales. Par exemple, en vertu de la constitution du Cap-Vert, aucun candidat n’est autorisé à trois mandats consécutifs. Deux mandats sont autorisés avec une disposition pour un troisième mandat seulement après un intervalle de cinq ans.

Les analystes ont averti que la région risquait un nouveau glissement démocratique tant que les politiciens continueraient de mener des « coups d’État politiques ou constitutionnels ».

Un autre sujet à l’ordre du jour du sommet de dimanche est la réforme institutionnelle retardée de la CEDEAO.

Le Conseil des ministres a déjà recommandé la réduction de la structure inutile actuelle de 15 commissaires à seulement sept.

Mais le caractère et les qualités de leadership des personnes pour occuper les sept postes de commissaire détermineront si l’organisation reste pertinente ou continue de subir le manque de confiance et de confiance palpable parmi les quelque 400 millions de citoyens de la communauté.

Dans une déclaration après leurs récentes consultations à Dakar, au Sénégal, les organisations régionales de la société civile (OSC) ont noté les « crises politiques et démocratiques qui sont les conséquences des changements constitutionnels et de l’organisation des élections sur une base qui ne garantit pas la transparence et l’équité », ainsi que la « réduction croissante de l’espace civique et démocratique, les obstacles à la liberté d’association et de manifestation et la persécution des acteurs socio-politiques dans certains pays » dans l’espace CEDEAO.

Ils ont regretté la « non-réalisation de la Vision 2020 de la CEDEAO de passer d’une « CEDEAO des Etats » à une « CEDEAO des Peuples », et ont souligné la « dégradation continue de l’image de la CEDEAO dans la conscience et la confiance des citoyens de la communauté ».

Dans l’état actuel des choses, la CEDEAO n’a pas besoin de cours magistraux sur la nécessité de restaurer sa gloire passée ou d’une gestion efficace et efficiente de ressources financières rares.

La pandémie de Covid-19 a déjà aggravé les difficultés économiques de la région avec seulement huit des 15 États membres signalés comme étant réguliers dans les contributions de leur prélèvement communautaire, la principale source de revenus de l’Organisation.

*Paul Ejime est expert en affaires mondiales et consultant indépendant auprès d’organisations internationales sur les communications stratégiques, les médias, la paix et la sécurité et les élections.

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