La Chronique de MLD -C’est quoi l’instrument de mesure pour savoir que tel ou tel camp politique a gagné ou perdu la bataille de l’opinion ?
Une interrogation loin d’être saugrenue d’autant que de 2021 à nos jours le Sénégal reste pris en otage par la bipolarisation politicienne Sonko/ Macky Sall …même après le départ du quatrième Président de la République, l’homme de Marrakech qui demeure l’absent le plus présent dans le débat public. C’est cela la triste réalité sous nos tropiques.
Dans les démocraties occidentales, on parle très peu des anciens Chefs d’États tant le principe sacro- saint de continuité de l’Etat reste naturel pour s’appliquer avec une fluidité impressionnante. Ici et comme d’habitude, nous faisons rarement les choses comme les autres.
Nos sénégalaiseries sont telles que l’APR (ou ce qui en reste ) a certes perdu le pouvoir depuis le 24 mars 2024 mais ce camp politique qui a géré le pays pendant 12 bonnes années reste dans une logique de survie au sens propre comme au sens figuré. Normal et c’est tellement humain car un naufragé essaie vaille que vaille de s’accrocher à tout ce qui ressemble à une quelconque bouée de sauvetage. C’est d’ailleurs ce qui explique ces conférences de presse tous azimuts et ce travail de sape inouï mené au quotidien sur les plateaux- télés, les plates-formes numériques et autres espaces de partage de la parole publique.
Avec quel résultat ? Donnons notre langue au chat.
Pour leur part, les Leaders de Pastef au pouvoir depuis une année jour pour jour, éprouvent un mal fou à enfiler avec aisance leur nouvelle tunique de gestionnaires d’un pays pauvre endetté à la jeunesse désœuvrée et avide d’électrochoc notamment dans le cadre d’un Leadership transformationnel dépouillé de tout calcul. Les dirigeants du pays, Sonko en premier, ont encore du mal à comprendre les enjeux d’une communication maîtrisée.
Tenez, dans le dossier sensible de la reddition des comptes par exemple, ils auraient dû s’effacer depuis le début du processus en laissant le lead aux magistrats sénégalais réputés d’ailleurs pour leur professionnalisme et leurs capacités à faire preuve de discernement dans les moments les plus délicats que notre jeune nation a déjà traversés.
Pour preuve, l’on peut convoquer l’attitude chevaleresque du regretté Mamadou Badio Camara entré dans l’Histoire pour avoir forcé la main à l’ancien Chef de l’État d’organiser la présidentielle en mars 2024 et non en juin ou décembre de la même année.Il reste donc évident que l’actuel pouvoir devrait davantage acquérir et renforcer une certaine culture de l’Etat pour mieux se concentrer sur les urgences domestiques liées à la relance de cette machine économique pourvoyeuse de valeurs et de richesses afin de soulager des populations gagnées par une lassitude qui en dit long sur l’ampleur des difficultés existentielles.
Oui, la classe politique (toutes obédiences confondues) est plus que jamais convaincue que dans ce pays, finalement tout tourne autour d’une bataille d’opinion qu’il faudrait gagner à tout prix, hic et nunc. Une erreur monumentale d’autant qu’il s’agit plutôt d’une analyse simpliste relevant d’une paresse intellectuelle incroyable.
Avec une telle incurie dans la réflexion stratégique, on comprend pourquoi l’espace médiatique est squatté H24 par des saltimbanques sortis de nulle part qui croient ferrer l’opinion juste en roulant les mécaniques avec quelques arguties et des effets de manche qui cachent mal une rhétorique violente ayant fini d’amuser une opinion qui prend de tels profils pour des guignols en mal de popularité.
Les Sénégalais sont plus perspicaces et plus intelligents que ça au point de savoir éviter le piège de tomber en pamoison devant les arguments de tel ou tel autre chef politique.
Ce pays est en campagne électorale permanente ; un lourd héritage endossé de la période Senghor à nos jours et qui est juste exacerbé et amplifié par l’effet grossissant des réseaux sociaux.
Comme d’habitude, tout le monde se moque de l’économie au moment où le pays vient d’être propulsé en mondovision au rang de géant gazier. Mais c’est comme si cette information n’intéresse personne. Or, grâce à l’expertise du Major BP, le Sénégal et la République islamique de Mauritanie sont entrés de plain- pied dans le cercle restreint des exportateurs mondiaux de gaz.
Dans le contexte actuel, ce n’est pas rien mais nos esprits sont tellement atrophiés par les batailles de gladiateurs que le fait extraordinaire et rafraîchissant de voir ces deux pays frontaliers se positionner désormais comme nations exportatrices d’énergie sur le marché international passe pour une nouvelle banale dans un pays où Nabou Dash, Mollah Morgan et Mame Ndiaye savon sont plus suivis que Gayane Faye ( Gaindé Sat), Felwine Sarr ou encore Maram Kairé.
Dans cette vie d’ici- bas, tout est lié à l’état d’esprit.
C’est ce qui fait de nous des profils gagnants ou des loosers.
À prendre ou à laisser !